15 mai : « On peut être un bon religieux et suivre toujours la tradition », Seydou Malo

Les Pougouli, originaire de la région du Sud-Ouest et des Haut-Bassins est l’une des soixante ethnies du Burkina Faso. Estimés à environ 20 000 personnes, ils sont un peuple majoritairement animiste qui s’identifie bien par sa culture et ses croyances ancestrales. Cette communauté salue l’initiative de la journée du 15 mai au Burkina Faso. Rencontre avec Seydou Malo, représentant de la communauté Pougouli à Bobo-Dioulasso.

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  • Qui sont les Pougouli ?

Les Pougouli sont des ressortissants du Sud-Ouest et des Hauts Bassins. Ils sont présents dans la zone de Gaoua, de Tuy et de Diébougou.

  • Comment reconnait-on les Pougouli ?

On reconnaît les Pougouli à travers leurs noms de familles. Il s’agit des noms comme Malo, Nouma, Zingué, Soma, Walia. Il y a aussi leurs cousins. Généralement ces noms sont attribués lors d’une consultation et représentent des astres. Avec la modernité les noms sont donnés sans consultations.

  • Quelle est la place des traditions chez les Pougouli ?

Les traditions occupent une place très importante dans la communauté Pougouli au Burkina Faso. Nous sommes des traditionnalistes et nous rendons grâce aux ancêtres pour ce qu’ils font pour la terre du Burkina. Notre culture est focalisée sur le fétichisme. Dans notre culture rien ne peut se faire sans recours à nos fétiches sacrés. C’est la base et c’est ce qui nous démarque des autres.

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  • Quels sont les objets utilisés dans vos pratiques ?

Chez les Pougouli, il y a plusieurs objets que nous utilisons. Il s’agit du bâton qui est un fétiche de consultation, une queue pour réveiller les cadavres, des cauris qui servent de formol, la corne est utilisée comme antidote, le poil du porc-épic est un missile africain. Il y a également la peau de chèvre qui est un avenant du bâton. Elle est également utilisée sur les champs de bataille et aussi pour conserver les médicaments traditionnels qui ont des totems.

  • Quel est votre avis sur les pratiques de votre communauté ?

Nous avons des groupes fétiches qu’on adore chaque année et d’autres chaque 2 ans. Ce sont des pratiques que nous ne pouvons pas abandonner. Moi je suis né animiste et je suis toujours animiste. Comme nous vivons en ville, nous sommes obligés de nous affilier à une religion, sinon je suis animiste. Et c’est une très grande fierté pour moi d’être animiste et de pratiquer cette tradition. Je participe et je pratique chaque année aux rituels aux villages. Je pense qu’on peut être un bon religieux et pratiquer la tradition également.

  • Que pensez-vous de l’instauration de la journée du 15 mai qui est dorénavant consacrée à la tradition ?

L’instauration de la journée du 15 mai est une belle initiative pour nous les traditionnalistes et je salue cette vision du gouvernement. C’est l’occasion pour chaque communauté de montrer à tout le monde les pratiques, les rites et les traditions. Notre mission en tant que pratiquant est de montrer aux gens que la religion est très différente de la tradition et nous ne devons pas abandonner la tradition. On peut être un bon religieux mais toujours suivre la tradition.

  • Quelles sont les activités que vous comptez organiser ?

Chaque année nous faisons des rencontres, des festivals dans les villages Pougouli. L’objectif est de faire découvrir la communauté et ses traditions à d’autres communautés. Les Pougouli sont une entité culturelle pleine de valeur. Nos festivals sont organisés afin de lutter contre la disparition de notre peuple qui est peu connu car avec l’arrivée des religion, l’ethnie est en voie de disparition.

  • Quels sont vos rapports avec les autres ethnies ?

Nous avons de bons rapports avec les autres ethnies. On se marient avec toutes les ethnies sauf les peuls car la femme peule se déplace beaucoup. Nous sommes jusqu’à présent pour la plupart animistes mais environ 5% sont peut-être musulmans et chrétiens.

Interview réalisée par Mireille Sandrine Bado/MoussoNews

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