Ayaovi Djifa Akomatrsi, journaliste togolaise : une plume qui séduit…
Ses proches l’appelle affectueusement Lola. Journaliste togolaise, elle est d’une douceur adorable. Ancienne rédactrice en chef du bimensuel Focus Infos à Lomé, Lola avait une plume qui séduisait plus d’un lecteur. Elle évolue depuis quelques années dans le monde des organisations non gouvernementales des sous-régions ouest africaines.
NB: l’interview a été réalisée il y a une dizaine d’année
Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Ayaovi Djifa Akomatsri, connue sous la plume de Lola Akomatsri. Je garde secret mon âge mais disons que j’ai l’âge d’une femme accomplie… Je suis journaliste de profession depuis bientôt 7 ans ( en 2012). Je suis issue d’une famille de 13 enfants mais je suis le seul fruit de mon père et de ma mère. En clair, j’ai 12 « demi-frères et sœurs », même si je n’aime pas trop le terme.
Comment est-vous arrivée dans le journalisme ?
J’avais tout pour ne pas devenir journaliste ou communicatrice parce que j’étais timide, très « intello », me réfugiant dans mes livres et mes cahiers à chaque fois que je voulais fuir le monde extérieur. Au lycée j’ai suivi un parcours de scientifique. Mon bac D en poche j’ai voulu expérimenter quelque chose de nouveau pendant les vacances. Alors j’ai adhéré au fan club de la radio Nostalgie où j’ai été ensuite choisie pour animer une émission dénommée « Life Feelings ». ça été le choc ! J’ai été si à l’aise, si… moi-même… je me découvrais. Bref, c’était un instant magique. Je me suis découverte la vocation. Ensuite j’ai continué mes études en biologie à la Fac tout en suivant un stage professionnel à la radio.
Puis, il y a eu un désintérêt total pour la science de ma part je l’avoue. Alors j’ai décidé de me consacrer en plein temps au journalisme. Mais il faut dire qu’en tant qu’animatrice je ne faisais pas du journalisme. Alors j’ai débuté au bas de l’échelle avec des exercices de voix, je passais mon temps à écrire des papiers que je remettais pour des corrections au rédacteur en chef de l’époque, Gilles Bocco (que je remercie sincèrement pour m’avoir donné ma chance malgré mon jeune âge). Cela a pris du temps, mais lorsque j’ai présenté mon premier journal parlé, j’ai su que j’étais prête et qu’il fallait que je passe à la vitesse supérieure. Ensuite tout est allé très vite. Mais compte tenu des problèmes financiers de la radio Nostalgie qui deviendra dans la foulée Radio Légend FM, je suis partie.
C’était un risque qu’il fallait prendre. Mais les premiers mois ont été difficiles et j’ai commencé par douter de moi. J’ai été engagée en 2009 par un organe de presse écrite CROCODILE NEWS. C’était un défi pour moi parce qu’à part mon blog, je n’avais aucune expérience dans le domaine mais j’ai vite appris. Et les formations auxquelles je participais sur le plan international venaient me conforter dans l’idée que je m’en sortais plutôt pas mal. Maintenant je suis au bimensuel FOCUS INFOS. Un journal qui m’a toujours fascinée par la qualité de ses investigations. Alors je me fonds dans le moule pour pouvoir apporter ma pierre à l’édifice.
Qu’est-ce qui vous plait dans le métier ?
J’aime beaucoup ce métier. Je trouve que c’est le plus beau du monde parce qu’il te permet d’être un éclaireur d’opinion et non un leader d’opinion. Il est très important de faire la différence entre les deux concepts. Ensuite c’est grâce à ce métier que j’ai plus côtoyer les plus grandes sommités de ce monde. Et je n’en suis qu’au début.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant que femme ?
En tant que femme, c’est un peu difficile d’exercer ce métier sans préjugés de la part de son entourage. Côtoyer un peu trop des hommes politiques on y trouve des raisons indécentes. Mais à part cela, j’exerce mon métier comme tout journaliste et je rencontre les mêmes difficultés comme tous les autres journalistes aussi bien du Togo que d’ailleurs qu’ils soient hommes ou femmes.
Quelle est la représentativité des femmes dans les médias togolais ?
Très peu. Surtout aux postes de responsabilité. Je crois dans la presse écrite je suis la seule. A la radio il y en a un peu plus, à la télévision pas du tout. Je ne veux pas être féministe pour revendiquer une discrimination positive mais je dis tout simplement que si une femme à la capacité d’assumer un poste de responsabilité, il faut lui accorder sa chance.
Vous avez été nommée rédactrice en chef, comment vous sentez-vous avec ces nouvelles responsabilités qui ne sont pas des moindres ?
Oui j’en suis consciente, mais c’est une étape importante pour moi. C’est une opportunité pour moi de travailler selon mes méthodes, d’organiser la rédaction afin que le travail se déroule dans les meilleures conditions. Mais au-delà de tout c’est aussi le temps de la maturité dans mon travail. Que je sois capable d’endosser la responsabilité des erreurs de mon équipe. J’ai commencé au bas de l’échelle mais à présent que je suis en haut de l’échelle, il est important pour moi de pouvoir regarder tout en bas pour aider ceux qui y sont à venir me rejoindre.
Quels sont les défis que vous entendez relever ?
Ils sont d’ordre rédactionnel c’est-à-dire faire des investigations de bonne facture. Donner une certaine aura à mon organe de presse, en faire une référence.
Quels sont les futurs projets de Lola ?
Je voudrais m’engager et me former plus dans le domaine du reportage image. Je voudrais devenir à moyen terme réalisatrice de film documentaire sur les questions sociales telles que la pauvreté, la santé, les injustices sociales, les mutilations génitales, la traite des enfants… bref tout ce qui touche à l’humain.
Qu’est-ce qui fait la femme selon vous ?
Sa confiance en elle et son charme. La beauté est relative mais le charme est incontestable. Une femme qui connaît ses forces mais aussi ses faiblesses peut tout conquérir.
Que sont vos meilleurs souvenirs dans le métier ?
C’était mon séjour aux Etats-Unis en 2010, lors d’un programme des Nations unies pour les journalistes des pays en développement. Cela m’a permis de recadrer ma vision du journalisme. Mais surtout j’ai eu l’occasion de toucher du doigt et d’apprécier la simplicité des dirigeants occidentaux notamment Barack Obama et aussi de Ban Ki Moon qui vraiment a été très « friendly » avec tout le groupe de journalistes. Ce sont des marques de sympathie qui ne s’oublient pas.
Quelle est votre occupation, outre le travail professionnel ?
Je m’investis beaucoup dans la vie associative aussi bien pour la cause de la corporation, celle des journalistes mais aussi pour les femmes, les jeunes et le leadership.
Interview réalisée par Bassératou KINDO en 2012 à Dakar.