L’élimination des maladies tropicales négligées, une priorité dans l’espace CEDEAO
Les maladies tropicales négligées (MTN) touchent presque exclusivement les populations démunies des pays en voie de développement. Parfois invalidantes selon les types, ces maladies augmentent la vulnérabilité économique des populations déjà assez pauvres qui vivent dans les régions rurales reculées. En Afrique de l’Ouest, 19 MTN sont encore à l’état endémique. Du 16 au 18 novembre 2022 à Accra au Ghana, une réunion sous régionale sous l’égide de la CEDEAO et de l’Union Africaine a dressé l’état des lieux de la lutte contre les MTN, formuler des recommandations majeures pour la gestion, le contrôle et l’élimination.
Le trachome, la filariose lymphatique, la schistosomiase, les géohelminthiases, la trypanosomiase humaine africaine et l’onchocercose sont les MTN les plus fréquentes en Afrique de l’Ouest sur la vingtaine reconnues par l’Organisation mondiale de la sante (OMS).
Des progrès enregistrés
Dans la sous-région, ‘’ neuf (09) pays ont au moins éliminé une MTN suivi d’une réduction a 24% du nombre de personnes ayant besoin d’intervention’’ apprend-on au cours des échanges.
On note la manifestation d’un engagement politique à travers l’organisation ouest africaine de la santé (OOAS). Elle a donné la priorité aux MTN dans ses programmes de santé. Au cœur de son intervention, les renforcements des capacités, des partenariats stratégiques, de l’intégration, de la collaboration multisectorielle et la réduction des inégalités.
Un plan stratégique régional de la CEDEAO sur les MTN 2023-2030 est en cours de finalisation. A cela s’ajoute la déclaration d’Accra en février 2022 des ministres de la santé de l’espace CEDEAO sur la Couverture Sanitaire Universelle (CSU). Elle met en exergue la nécessité de prendre en compte les MTN dans l’agenda de la CSU.
La couverture sanitaire universelle vise la satisfaction des besoins sanitaires de toutes les personnes et de toutes les communautés sans qu’elle se heurtent à des difficultés financières.
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Toutefois, il ressort que le Nigeria est le seul pays à avoir signé la déclaration de Kigali sur les MTN. Elle ‘’vise à mobiliser la volonté politique et garantir les engagements afin d’atteindre l’objectif 3 de développement durable (ODD 3) sur les MTN et les objectifs figurant dans la feuille de route de l’Organisation mondiale de la Santé sur les maladies tropicales négligées (2021-2030)’’. L’absence d’engouement interpelle les organisations de la société civile à poursuivre le plaidoyer.
En juin 2022, un groupe d’organisations de la société civile mobilisé au sein de la campagne En Marche vers Kigali a appelé les décideurs politiques sur la nécessité d’accélérer les actions visant à éradiquer les MTN en Afrique.
Les recommandations majeures
‘’Le plaidoyer pour le contrôle et l’élimination des MTN doit prendre en compte l’intégration des interventions, la durabilité, la responsabilité et l’approche multisectorielle’’ a démontré Dr Maimouna Diop Ly, conseillère en matière de santé publique et d’assainissement à Speak Up Africa.
Elle a exposé l’approche de plaidoyer et de mobilisation sociale dans la lutte contre les MTN de son organisation. L’engagement des journalistes (media fellowship) par l’augmentation de la couverture médiatique sur la thématique et d’utilisation des champions sont des points clés de cette stratégie. Également, la mobilisation des décideurs politiques et du secteur privé.
Les 80 experts réunis à cette rencontre d’Accra ont invité les pays de la sous-région, entre autres à l’introduction des mesures de protection sociale dans les programmes MTN, l’amélioration de gestion de la chaine d’approvisionnement des produits médicaux, le partage des meilleurs pratiques, le renforcement de la gestion des connaissances, la mise en place des directives pour les interventions transfrontalières et des systèmes innovateurs pour le financement des MTN.
HSD