Sport : les Etincelles, ces jeunes footballeuses qui brillent dans l’ombre
A Ouagadougou, entre les cours et le boulot, des jeunes femmes passionnées de football brillent sur les pelouses tant par leurs aptitudes que par leurs résultats. Pourtant, elles sont pour la plupart méconnues du grand public.
Maillots vert-fluo, chaussures à crampons aux pieds, les gestes et pas assurés, les filles de Pascal Sawadogo s’exercent tous les jours de 16h à 18h, sur un des terrains de football sablonneux du lycée Apostolique de Tanghin, à Ouagadougou. Ce mardi après-midi, elles reprenaient l’entrainement après une victoire de 5-0 contre Danta FC lors d’un match joué le weekend d’avant dans le cadre de la Ligue 1 féminine.
En 14 matchs, Etincelles FC affiche 12 victoires, 01 défaite et 01 match nul depuis le début de la compétition. L’équipe est 2ème du classement avec 81 points, derrière leur challenger, l’Union sportive des forces armées (USFA). Depuis 2011, Etincelles FC est soit championne, soit vice-championne. L’équipe expose fièrement la vingtaine de trophées gagnés dans une salle au premier étage d’un des bâtiments du lycée.
Ce sport c’est mon gagne- pain
La sororité est composée d’élèves, d’étudiantes (en journalisme, génie civile & électrique et diététique sportive) et de jeunes femmes en école de métier. L’une d’elles, Fadila Ouédraogo, 22 ans, fan de mangas et en Terminale D est l’adjointe de la capitaine, absente pour blessure. Son amour pour le foot a démarré depuis l’enfance. « C’est mon père qui m’a initiée. Il était le président du club de notre quartier. J’ai commencé à jouer en 2007 mais j’ai rejoint Etincelles en 2013 », confie la jeune attaquante qui ne compte plus ses buts depuis lors.
Etre footballeuse au Burkina Faso n’est pas encore le top des tops des métiers et les préjugés sur le foot féminin courent toujours. Fadila et ses « sœurs » y font face. « Ce sport c’est mon gagne-pain. Je veux y faire carrière. Ma vie actuellement se résume l’école et le terrain. On n’est pas super bien payées mais je ne manque de rien. Je vis en fonction des 40 mille FCFA que je gagne et de l’argent de poche que me donnent mes parents. On espère que celles qui viendront après nous auront plus de chance » conclue l’attaquante qui a déjà inscrit 3 buts en cinq matchs cette saison.
Le foot d’accord, mais il faut assurer ses arrières
Professeur d’éducation physique depuis 13 ans, coach Pascale, a vu passer des dizaines de talents dans son écurie. Certains ont été coptés par l’équipe nationale, d’autres dans des clubs à l’étranger. Il est devenu sélectionneur des Etalons dames grâce aux résultats de son club.
Mais le « foot est un sport assez étrange », car du « jour au lendemain, à cause d’une blessure, ou d’un contrat non renouvelé, une carrière professionnelle peut s’arrêter » rappelle t’il. C’est pour cette raison, que le club encourage ses joueuses en finançant leurs scolarités et projets professionnels, avec ses fonds. Bientôt, se réjouie le coach, Etincelles Fc ouvrira ses portes aux filles à partir de 8 ans. L’ambition ? les former à la méthode Williams.
La fédération burkinabè de football existe depuis 1960. La première équipe féminine a été créée sous la révolution dans les années 1980. Pour la 1ere fois, les Etalons dames se sont qualifiées pour la Coupe d’Afrique Féminine des Nations en 2022. Pascal les y a menées. Elles ont quitté la compétition 3ème de la poule A.
Ange Méda/ Journaliste