Le ‘’Panem-mooré’’, la coiffure en vogue chez des petites filles en période de fête
Le « Panem-mooré », tresses traditionnelles des peuples mossi est une coiffure de plus en plus en vogue chez les fillettes dans la ville de Ouagadougou. Dans les marchés, aux coins des rues, on trouve des regroupements de femmes « bobo » ou « mossi » qui tressent en échange de quelques pièces d’argent. À l’occasion des préparatifs de la fête de Ramadan, les femmes se bousculent chez ces coiffeuses traditionnelles pour rendre belles leurs petites filles.
Installées à l’ombre des arbres, bébés aux dos, perles colorées par ci, cris par-là, les femmes avec leurs fillettes attendent impatiemment leur tour pour se tresser. Peigne et élastique en main, ces femmes comme des machines s’attellent à rendre belles ces fillettes.
Moins cher et économique…
Rasmata Diallo, mère de trois fillettes est une fidèle abonnée de ces coiffeuses encore appelées « docteur cheveux des enfants ». Elle estime que la coiffure ‘’panem-mooré’’ est adaptée aux fillettes plus que les tresses avec mèches. « J’ai toujours préféré cette coiffure pour mes enfants. Etant petite, ma mère aimait nous faire cette coiffure, elle nous disait que cela faisait pousser les cheveux en plus c’était moins cher et économique. Avec 1000F CFA je fais tresser ma petite fille pour une durée d’au moins deux mois avant de renouveler », explique-t-elle.
Tout comme Rasmata, Djamilatou Sawadogo opte pour cette coiffure pour ces filles du fait de son aspect économique. « Avec l’approche de la fête, c’est mieux de venir tresser ma fille ici. C’est économique et elle peut garder sa coiffure des jours après la fête et ça sera toujours jolie », dit-elle en précisant que cette coiffure était faite autrefois aux femmes mariées pour leurs différentes cérémonies.
Le ‘’Panem-mooré’’ pour amener l’enfant à aimer ses cheveux naturels
Mère d’une fillette, Inès Palé est une grande amoureuse des tresses naturelles. Elle pense que faire des tresses traditionnelles aux enfants dès le bas âge est de les amener à aimer leurs cheveux et à ne pas être complexés. « Je coiffe ma fille ainsi pour lui apprendre l’amour du naturel et à ne pas être complexée parce qu’elle ne porte pas de mèche comme certaines fillettes de son âge. Les mèches pour les enfants de sont pas bien, j’ai eu un certain âge avant de pouvoir mettre des mèches et c’est cette même éducation que je veux transmettre à ma fille. Ces coiffures lui permettent de garder ses cheveux en bonne santé », a-t-elle fait savoir.
« Mes filles n’ont pas le droit de mettre des mèches à l’école. J’ai donc décidé de faire recour à cette coiffure durant l’année scolaire. Elles sont habituées à cette coiffure, même pendant les vacances ou elles peuvent mettre des mèches, elles refusent et vont se coiffer chez ces femmes. Elles me disent souvent qu’elles se sentent souvent spéciales quand elles se stressent et qu’elles aiment leur coiffure naturelle », indique Neimatou qui attend tranquillement le tour de sa fille.
Métier rentable mais pénible
Ces femmes avouent que les tresses naturelles sont un métier rentable mais très épuisant. « Ce métier est difficile mais je parviens à prendre soins de ma famille grâce à ce que je fais ici. Je peux avoir 10.000f par jour mais tout dépend de la période. Pendant les fêtes comme nous avons beaucoup de clientes qui viennent se coiffer et faire tresser leurs enfants. Pendant ces périodes, je peux tresser maximum 15 à 20 têtes par jour », affirme Roukiétou Sanou, tresseuse. Quant à Valérie Koné, une autre tresseuse, elle dit se débrouille également pour prendre soin de ma famille. « Quand les fêtes s’approchent on est dans la joie car on aura beaucoup de clientes. Il y a aussi des moments où on peine à avoir au moins 10 clientes par jour. Je peux avoir 500 ou 1000 par tête », laisse-t-elle entendre.
Ces tresseuses d’un commun accord ont fixé le prix d’une tresse à 50 FCFA et c’est sur cette base que les clientes se font tresser. En plus des tresses pour mieux rentabiliser leurs sources de revenus, elles vendent des perles sur place qui servent à embellir davantage ces fillettes et ces femmes qui font appel à leur expertise.
Mireille Sandrine Bado/MoussoNews