« Les défis de recrutement des femmes sur les chantiers de BTP sont énormes au Burkina », Ardjima Farida Bidiga ingénieure en génie civil, superviseuse de travaux
Ardjima Farida Bidiga est une ingénieure en génie civil. Passionnée des dessins depuis le collège, elle a décidé de faire carrière dans le génie civil après son BEPC. Aujourd’hui elle est superviseuse des travaux dans l’entreprise building and ingénierie compagnie (BEC). Au quotidien, elle assure le bon déroulement des travaux sur le chantier.
Ardjima Farida Bidiga est une ingénieure en génie civil. Elle travaille dans l’entreprise Building and ingénierie compagnie (BEC) en tant que superviseuse des travaux. La jeune ingénieure est titulaire d’un BAC+3 à l’Ecole Supérieure des Travaux Publics de Ouagadougou (ESTPO). Farida est passionnée des dessins depuis le collège. Après son BEPC elle a décidé de continuer ses études dans le génie civil et d’y faire carrière.
Selon elle, l’ingénierie est une profession polyvalente qui permet de s’adapter à n’importe quel secteur d’activité notamment le BTP, l’industrie, l’agriculture etc. « Je dirais qu’il suffit juste d’avoir de l’amour pour ce qu’on fait », dit-elle.
Au quotidien, son métier consiste à suivre le bon déroulement des travaux. En tant que superviseuse des travaux, Farida a pour tâches d’assurer la bonne exécution des ouvrages dans le respect de l’arc suivant un délai bien précis. Pour elle, un(e) ingénieur(e) a pour qualités d’organiser les travaux, et de faire un suivi budgétaire des travaux. Aussi, il(elle) doit planifier les différentes tâches, gérer le personnel, maîtriser le processus de sécurité mais surtout avoir la rigueur en toutes choses pour que les travaux soit bien exécuté.
Concevoir des routes, des barrages, des ponts … sont entre autres les missions principales d’un(e) ingénieure en travaux. Elle réalise également l’avant-projet en tenant compte de l‘aspect environnemental et économique. Aussi, elle a pour obligation d’assurer la sécurité du personnel, des habitants au alentour.
Quels défis pour un(e) ingénieur(e) en construction du 21eme siècle ?
Les défis pour l’ingénierie en construction sont énormes en ce 21e siècle. L’ingénierie du génie civil est confrontée à des nombreuses épreuves. Pour elle, chaque chantier a des critères bien distincts, des défis à relever, et des ouvrages précis à réaliser. Selon Farida, son challenge en tant superviseuse de travaux est de respecter le délai donné pour exécuter l’ouvrage conformément au plan d’exécution. « Tel que le plan est dessiné, nous devons être à mesure de reproduire la même chose » explique-t-elle.
Outre le défi du délai, l’ingénierie de travaux est le plus souvent confrontée à un problème d’organisation. Et c’est une bonne organisation qui permet d’exécuter les tâches successivement et dans un délai convenable.
Aussi, la gestion du personnel dans la mauvaise communication est l’un des défis qui doit être relever. « Il faut avoir cette manière, en fait, de pouvoir amener les gens à travailler en équipe » dit-elle.
Supprimer les préjugés, une ambition pour Farida
La contrôleuse Ardjima Farida Bidiga souhaite améliorer et mettre fin aux préjugés selon lesquels les femmes ne sont pas faites pour être sur un chantier de construction. Elle invite le tout le monde à donner plus de chance aux femmes afin qu’elles démontrent ce dont elles sont capables. Pour Farida, une femme peut bien construire et guider un chantier comme un homme car ils ont reçu les mêmes formations. « La femme sait bien manier les choses proprement mieux que les hommes. Mais, au Burkina Faso, des entrepreneurs n’aiment pas recruter les femmes sur le chantier. Ils se disent quelles n’ont pas cette forte rigueur en elle pour piloter un chantier », regrette-t-elle.
L’une des charges du constructeur est qu’il est le plus souvent recommandé à certains ingénieurs d’exécuter des marchés à l’extérieur du pays. Pour le cas des femmes mariées, Farida s’explique que « cela dépend de la communication entre l’homme et sa femme, pourquoi les hommes peuvent aller à l’extérieur du pays pour des missions et non les femmes ? pourtant ils veulent que la femme paie les factures d’eau et courant mais ils ne veulent pas qu’elle saisisse les mêmes opportunités que les hommes. Personnellement mon mari est dans le domaine, il sait comment ça se passe même si ce n’était pas le cas, on doit se parler et se comprendre. S’il y’a une bonne communication , vous arrivez à vous comprendre ».
Quelle place de la femme sur le chantier ?
A en croire la jeune dirigeante, sur un chantier, la femme occupe la même place que l’homme. Pour elle, lorsqu’une femme est ingénieure de travaux et qu’elle arrive sur un terrain, c’est elle qui dirige, c’est elle que les autres doivent suivre et écouter. Et d’ajouter que « sur un chantier, on ne rencontre qu’une seule femme parmi tant d’hommes ». Elles sont faiblement représentées dans ce domaine. Par contre elle confie qu’avec une femme, le travail avance mieux qu’avec les hommes car la femme sait comment s’y prendre et aborder les gens.
Un(e) ingénieur(e) doit être sur le terrain
Pour Farida il y’a beaucoup d’abandons dans le domaine de l’ingénierie en travaux. Les étudiantes qui finissent leurs études ne doivent pas uniquement rester au bureau. Selon elle, le professionnalisme recommande une complémentarité entre le chantier et le bureau. Le chantier permet de voir les réalités du métier et de suivre l’évolution du travail. « Tu ne peux pas constamment être au bureau et ne pas faire le chantier, c’est complémentaire et cela permet de voir si la conception est réalisée comme demandée, cela permet de vérifier si les gens appliquent ce que tu as demandé. On ne peut pas faire le bureau sans passer par le chantier », témoigne-t-elle.
Bien qu’il y’ait beaucoup d’abandons dans tous les métiers en particulier l’ingénierie de génie civil, Ardjima Farida Bidiga, encourage les jeunes filles à se dévouer, à s’armer de courage et à ne jamais se laisser influencer par les croyances selon lesquelles les femmes ne peuvent pas exercer certains métiers que les hommes. « Dans mon travail, il faut être fort d’esprit. Beaucoup disent que le génie civil c’est un métier d’homme, non. Quand on décide de faire quelque chose, on doit être à mesure de donner toute la force et d’atteindre l’objectif visé. Sur le terrain, ces personnes ne sont pas là pour voir comment les femmes se battent » Elle renchérit en disant « moi-même j’aime quand on me dit que c’est métier d’homme, cela m’encourage à fournir beaucoup plus d’effort ».
Annick HIEN/ MoussoNews