« J’ai côtoyé pendant des années des personnes battues par leurs partenaires » Nafissatou Beleme, lauréate du concours de slam contre les VBG

Nafissatou Beleme, 22 ans, a été la lauréate du concours de slam contre les violences basées sur le genre (VBG). Un concours ouvert à tout le monde et met en compétition des jeunes de 15 ans à 35 ans. Pour la jeune fille, étudiante en communication et journalisme, le slam a toujours été une passion. Dénoncer les violences est son cheval de bataille depuis le lycée. La slameuse en devenir rêve de mettre en place une structure d’accompagnement de toutes les personnes victimes de violence. 

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La gagnante du concours du slam contre les VBG, Nafissatou Beleme.

Première édition du concours de slam contre les VBG, premier prix pour Nafissatou Beleme. Cette compétition a regroupé 6 grands finalistes dont 3 jeunes femmes et 3 hommes.

A l’issu de la compétition, la lauréate Beleme, étudiante en 3è année de Communication et Journalisme a remporté le premier prix avec une moyenne d’environ 14/20. Elle a reçu un trophée, une somme de 250 000F FCFA et une attestation de participation. « L’objectif de ce concours de slam était de sensibiliser et de prévenir la violence à l’égard des femmes et jeunes filles » avait déclaré le directeur pays de l’ONG Oxfam, Omer Kaboré, la structure promotrice de ce concours.

 Nafissatou a commencé à pratiquer le slam pour sa première fois lors d’une cérémonie organisée par l’association des élèves et étudiants musulmans au Burkina (AEEMB). « On m’a demandé de remplacer une sœur qui avait eu un imprévu, j’ai alors déclamé brillamment son texte à sa place.  C’est de là qu’est parti le déclic pour le slam » explique-t-elle.

Très jeune, la lauréate s’est impliquée dans la lutte contre les VBG. Ayant côtoyée un environnement où nombreuses femmes et hommes se faisaient battre par leurs partenaires, Nafissatou s’est faite la promesse de dénoncer ces violences. Faible de son état d’adolescence, elle a commencé à prendre part à des concours de slam où elle clame et extériorise sa sensibilité et ses convictions.

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Participer à la grande compétition nationale de slam sur les VBG initiée par Oxfam Burkina a été une opportunité pour elle de joindre sa voix à la cause. « J’ai longtemps été témoin de femmes et hommes victimes de violence. J’ai tenté à maintes reprises de leur faire briser le silence. Je les ai orientées vers des services de l’action sociale, mais sans succès. Elles (ils) avaient peur. J’étais encore très jeune, je ne pouvais pas faire grande chose pour ces victimes. La situation de ces personnes m’exaspérait beaucoup et depuis lors j’entretiens en moi cette soif de justice pour toute ces victimes. Je nourris l’espoir d’arriver un jour à les hisser hors de leur silence » témoigne t-elle.

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La mise en place d’une structure d’accompagnement des victimes de violences, un projet de Nafissatou

A l’avenir, la jeune lauréate a plusieurs visions entrant dan le carde de la lutte contre les violences basées sur le genre. Entre autres, elle envisage de mettre en place une structure d’accompagnement au profit de toutes les personnes victimes de violences. A travers cette structure, elle va détecter les victimes de VBG, entamer des démarches nécessaires pour les soustraire de la source de violence, guider ces personnes, les accompagner vers des institutions compétentes en la matière et veiller au nécessaire pour qu’il n’y est pas de récidive.

De plus, elle prévoie lancer une campagne de sensibilisation qui va prendre en compte les enfants, les femmes et les leaders religieux et coutumiers. S’agissant des enfants, des films de dessins animés vont être réalisés pour leur inculquer la tolérance à toutes formes de violences. Elle préconise que les méfaits des violences leur soient enseigner dès leurs bas âges. « Ce sont ces mauvaises pratiques dès l’enfances qui mûrissent avec eux et mènent plus tard à des situations fatalistes » soutient-elle. Pour les femmes, elles vont être éduquées à travers des séances de formation et d’information sur les VBG et sur la législation qui les entoure.  « Nombreuses sont les femmes qui ne savent pas qu’il y’a des structures habiletés à les défendre contre les VBG, et même si elles le savent, à cause de leur ignorance sur certaines choses, elles n’ont pas confiance en ces structures. » détaille-t-elle.

Concernant les leaders coutumiers et religieux, la jeune slameuse entend faire un plaidoyer afin de les emmener à prêcher la non-violence dans leurs différents lieux de culte.

Aux autorités politiques ainsi qu’aux structures habilitées à défendre la cause des personnes victimes des VBG, Nafissatou Beleme les interpelle à faire de ce combat une réalité. Selon la slameuse, les autorités religieuses et coutumières sont les principales responsables du silence des femmes sur ce qu’elles endurent. Elle les interpelle à déconstruire les considérations selon lesquelles la femme doit tout supporter de son mari et aussi sensibiliser les hommes pour qu’ils bannissent la violence de leurs pratiques.

Annick HIEN/MoussoNews

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