Burkina Faso et Sénégal unis contre le fléau des violences faites aux femmes

Au Burkina Faso comme au Sénégal, des organisations locales se mobilisent pour sensibiliser aux violences basées sur le genre, avec le soutien du programme « Voix Essentielles » de l’ONG Speak Up Africa. Leurs actions sur le terrain et en ligne participent à faire évoluer les mentalités. Objectif : construire des sociétés africaines sans violences envers les femmes.

L’Afrique subsaharienne affiche l’un des taux de prévalence des violences physiques et sexuelles parmi les plus élevés au monde. Une femme sur trois déclare y avoir déjà été confrontée.  Au Burkina Faso et au Sénégal, les violences basées sur le genre restent un phénomène préoccupant.

Sensibilisation dans les quartiers de la capitale burkinabè avec IES-Femmes  

Au Burkina Faso, le phénomène des violences envers les femmes est en progression constante ces dernières années selon un rapport de 2022 de Human Rights Watch documentant les violences sexuelles et basées sur le genre perpétrées dans le contexte du conflit armé que connait le pays. Une tendance inquiétante qui nécessite une mobilisation accrue pour endiguer ce fléau. 

Consciente de l’urgence, l’organisation IES-Femmes a organisé une série de cinq théâtres forums dans des quartiers de Ouagadougou. Les théâtres abordaient les formes de violences physiques, psychologiques et sexuelles touchant de plein fouet les femmes burkinabè, avec des répercussions majeures sur leur santé, leur éducation, leur insertion professionnelle et leur participation citoyenne. 

Ces représentations théâtrales suivies de débats ont attiré près de 600 personnes. Une majorité d’hommes, ce qui est primordiale pour faire évoluer les mentalités au sein de la population masculine. Ces échanges ont permis une meilleure compréhension des violences basées sur le genre, tout en diffusant des informations clés sur les recours possibles pour les victimes. 

Une campagne digitale pour toucher la jeunesse 

De son côté, le mouvement FEMIN-IN a misé sur une vaste campagne digitale avec le thème “Investir pour Prévenir les Violences à l’Égard des Femmes et des Filles”. Les contenus variés ont porté sur des sujets emblématiques comme l’éducation des filles et des femmes, l’importance de briser le silence face aux violences, et le plaidoyer pour des lois protectrices des droits des femmes.

En s’appuyant sur une dizaine d’influenceurs locaux, ce sont plus de 10 000 internautes burkinabè, en grande majorité des jeunes, qui ont été touchés. Un format moderne et adapté pour sensibiliser les nouvelles générations sur l’importance de l’égalité femmes-hommes et la nécessité de prévenir ces violences.

La chargée de projet Edith Diarra a souligné l’évolution de l’engagement de FEMIN-IN dans la lutte contre les violences basées sur le genre au fil des années. Avec la mise en place de l’alliance des féministes 2.0, l’organisation a intensifié ses actions sur la thématique.

Mais leur engagement doit se poursuivre sur le long terme et s’amplifier, pour espérer enrayer ces violences. « Des perspectives encourageantes existent pour étendre ce travail de conscientisation et changer les mentalités, à travers des campagnes dans les écoles et médias ou des espaces de dialogue impliquant les leaders communautaires » rassure Edith Diarra.

Plaidoyer et partage d’expériences dans le milieu sportif sénégalais

« Malgré les différentes formes de violence répandues dans le monde sportif, les victimes restent souvent silencieuses par peur de représailles ou de stigmatisation » analyse Marietou Dia, experte en genre. 

À Dakar, Speak Up Africa en collaboration avec la Basketball African League (BAL) a organisé un atelier de formation sur les violences basées sur le genre ciblant les jeunes joueuses de basket. Aux côtés de membres de Voix Essentielles, elles ont échangé sur leurs expériences personnelles. Un dialogue constructif pour que ces athlètes puissent elles-mêmes devenir des ambassadrices de la lutte contre les violences faites aux femmes dans le monde sportif et au-delà. 

Vers des sociétés sans violences à l’égard des femmes 

Grâce à ces initiatives complémentaires menées aussi bien au Burkina Faso qu’au Sénégal, un double objectif se dessine : informer et mobiliser le grand public, tout en fournissant des outils pratiques à des groupes cibles pour devenir acteurs du changement dans leur communauté.

Cet article a été réalisé grâce à l’initiative “Des Lignes pour un impact” de Speak Up Africa

Harouna Drabo