Retrait de la CEDEAO: « Même si nous subira d’énormes conséquences, on va s’en sortir », Myriam Balima

Dans un communiqué diffusé le dimanche 28 janvier 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont décidé de quitter la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une décision qui intervient quelques mois après la création de l’Alliance des États du Sahel (AES). Des avis des citoyens sont toutefois partagés.

Myriam Balima, étudiante

« Pour ma part, je trouve que c’est une bonne idée pour le Burkina qui est membre des pays de l’AES de se retirer de la CEDEAO. Ce retrait engendra de grandes conséquences sur presque tous les plans du pays surtout sur le plan économique. Mais nous trouvons que cela est la meilleure des décisions prises car si ces 3 pays du Sahel ont pris cette décision c’est qu’ils se sont bien préparés à protéger la libre circulation des personnes et de leurs biens, la protection des entreprises et surtout la maintenance des partenariats avec les autres pays voisins. Même si on subira d’énormes conséquences, on aura fait sortir le pied du trou pour obtenir notre indépendance économique. Sortir de la CEDEAO ne veut pas dire qu’on serait les seules à avoir des conséquences, cela va aussi jouer négativement sur les autres pays toujours membre de la CEDEAO. Tel qu’on le dit après ce retrait on va beaucoup souffrir durant un bon moment mais les avantages domineront les conséquences ».

Bertrand Savadogo, enseignant

« A mon avis, la sortie des 3 pays de l’AES est une mauvaise décision. Non pas forcément dans le fond car je ne maîtrise pas la question des enjeux économiques surtout. Mais surtout dans la forme. Pour une telle décision qui implique l’avenir de tant de Burkinabè, la logique et le bon sens auraient voulu que cette décision soit soumise à minima à l’Assemblée Législative de Transition, ou plutôt à un référendum carrément. Au-delà, il ne faut pas oublier que c’est un pouvoir de transition et les enjeux peuvent être questionnés. A quelques 5 mois de la fin annoncée de la Transition, par les dirigeants eux-mêmes à leur prise du pouvoir, est-ce que ce calcul n’est pas entré en compte pour cette décision de quitter la CEDEAO ? Est-ce pour éviter les pressions relatives à ce calendrier ? On ne peut omettre ces interrogations. Enfin les enjeux sociaux et économiques de la libre circulation des personnes et des biens, doivent au moins faire l’objet d’une communication, de sorte que les populations sachent à quoi s’attendre concrètement ».

Albérique Nonguerma, informaticienne

« Déjà c’est une décision courageuse que je salue.  Et moi cela ne me choque pas, compte tenu des derniers rapports entre ces 3 pays et la CEDEAO depuis leurs coups d’Etat. C’était plus trop ” l’amour fou ” comme on aime le dire. Donc c’est une déchirure qu’on sentait venir. Maintenant comment ça été fait, c’est là que je ne suis pas très rassurée quant à son aboutissement. On a l’impression que cela a été fait à la hâte. La CEDEAO ce ne sont pas que les chefs d’Etat, il y a les populations également. Je me dis qu’à un moment donné ou l’autre, il fallait interroger les forces vives des différents pays, les acteurs qui seront directement ou indirectement touchés par ce retrait pour leur expliquer le bien fondé et surtout ce qui est prévu pour pallier aux conséquences qui s’en suivront, préparer les esprits en quelque sorte vu le taux d’analphabétisme dans nos pays. Donc des décisions de ce genre méritent d’être bien expliquées. Mais c’est du jour au lendemain, nous avons appris cela. Donc bien évidemment les questions majeures qui se posent au sein de la population c’est ” qu’est-ce qu’on fait avec tous nos documents et pièces CEDEAO maintenant ?  Du coup étant dans ces questions c’est normal que certaines réactions paraissent comme si les gens étaient contre ce retrait. Pourtant dans le fond nous savons tous que cette étape de franchie est un pas de plus vers la souveraineté nationale, tant souhaitée par les populations elles-mêmes. ».

Alain Sanfo, garagiste

« Je trouve que c’est une décision précipitée. Je pense que c’est un coup de bluff pour amener la CEDEAO a annulé ses sanctions à l’encontre des 3 pays. C’est vrai que la décision aurait des avantages pour les pays de l’AES. Mais il y aura aussi des inconvénients. Et ce sont des acquis de près de 50 ans qui seront remis en cause. Imaginez s’il faut tout redéfinir avec les autres Etats membres de la zone CEDEAO, les accords et partenariats à refaire, cela ne sera pas simple ».

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Stéphanie Somda, commerçante

« A mon humble avis, la sortie des pays membres de l’AES vis-à-vis de la CEDEAO est en droite ligne avec leur objectif principal qui est d’acquérir leur souveraineté. Ces nations visent depuis de nombreuses années, une indépendance malheureusement qui est quasi dépendante de ces “puissances coloniales”. Cependant, il faudrait noter que cette souveraineté devrait s’obtenir avec de grands sacrifices. Notons déjà que ce “sevrage” pourrait avoir des répercussions tant sur le plan social, politique, qu’économique. Nonobstant ces dernières, nous pouvons être rassurées, nous populations de l’AES, de par la volonté, l’acharnement et la combativité de nos dirigeants, que nous pourrions arriver à nos fins au bout du tunnel même si le chemin paraît semé d’embûches ».

Propos recueillis par Mireille Sandrine Bado/MoussoNews

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