Ouagadougou : Des femmes, ”usines ambulantes” de jus d’orange aux abords des feux tricolores

Dans la capitale ouagalaise aux alentours des feux tricolores des femmes exposent du jus d’orange fraichement pressés à la main. Ce jus prêt à la consommation est proposé aux riverains aux prix de 500F et 1500F. Cette activité génératrice de revenus n’est pas sans difficultés.

S’approvisionner en oranges précisément en tangelo chez plusieurs grossistes dès l’aube, tel est le quotidien de certaines femmes de la capitale. Paniers remplis, elles se dirigent vers leurs points de vente non loin des feux tricolores de la ville.

Fadilatou Minoungou vendeuse de jus d’orange est installée depuis quelques années au mur de la médiathèque nationale. Là-bas, elle a mis en place une usine de fabrication de jus d’orange ou encore de tangelo.

Cette d’usine de production est totalement manuelle. Elle nécessite une grande quantité d’orange, un couteau bien tranchant, un pressoir, un gobelet, des bidons et une glacière avec beaucoup de glace. « Une fois les oranges obtenus avec mes grossistes, je viens m’installer pour commencer. Je lave les oranges que je découpe en deux pour faciliter le travail. Avec une grande découpé je commence à presser et à renverser dans les bidons que je garde au frais dans la glacière », explique-t-elle.

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La propreté est l’une des conditions premières pour exercer dans la vente de jus d’orange pressé à la main. En effet travaillant de façon manuelle, les vendeuses doivent avoir une bonne hygiène autour d’elles et s’assurer que les ustensiles utilisés répondent à ces critères d’hygiène pour éviter les intoxications alimentaires. « Pour vendre le jus d’orange il faut vraiment être propres, bien laver les gobelets et les bidons et surtout les oranges. On n’a pas de local donc il faut utiliser une dentelle pour couvrir les oranges découpés et un anti insectes pour éloigner les mouches », fait savoir Fadilatou.

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Manuellement pressés

Tout comme Fadilatou, Edwige Kafando est dans la vente de jus d’orange depuis 3 ans. Grâce à cette activité, elle parvient à prendre soins de sa famille et à subvenir à ses besoins. « J’arrive à prendre soins de ma famille avec la vente de jus d’oranges. J’ai pu m’acheter une grande glacière qui me permets de mieux conserver mes jus quand je n’arrive pas à tout vendre. Je parviens à vendre plus d’une trentaine de bidons par jour avec un bénéficie allant de 7000f à 10 000f par jour », confie-t-elle.

« Je demande aux voisinages de conserver le restant de mes jus »

Cette forme de commerce n’est pas sans danger. Certaines vendeuses s’exposent aux accidents et aux rayons du soleil. En effets elles profitent du feu tricolore pour proposer leur jus soigneusement pressé aux usagers de la voie. D’autres par contre sont assises au pieds du mur de la médiathèque nationale et attendent leurs fidèles clients ou encore sillonnent les artères du marché de ‘’boinsse yaaré’’.

« Ce n’est pas facile la vente de jus d’orange. On est exposé aux accidents chaque jour que ce soit sur la voie ici ou dans le marché. Mais comme on veut avoir de quoi nourrir nos enfants nous sommes là », explique Thérèse Balboné, vendeuse de jus d’orange.

A cette difficulté s’ajoute le prix élevé du kilogramme de tangelo et aussi le problème de conservation de ses jus. Sur le marché le kilogramme de tangelo coûte 350f ou 400f ce qui n’est pas toujours abordable pour ces femmes. « Pour s’approvionner de la matière première est les oranges, ce n’est pas toujours facile. Les tangelos coûtent cher. Nous achetons le kilogramme à 350f ou 400f selon les périodes. Mais avec le temps on a pu avoir des grossistes avec lesquels on achète mais le prix n’est toujours pas accessible à toutes », confie Thérèse.

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Fadilatou quant à elle fait face à un problème de conservation. N’ayant pas les moyens pour se procurer un réfrigérateur pour son activité, la jeune femme fait souvent appelle à ses voisins pour conserver le restant de ses jus. « Je n’ai pas de frigo pour la conservation. Je me débrouille pour le moment avec une glacière. J’achète souvent beaucoup de glaces pour conserver au frais mes bidons de jus. Après une journée de vente si les jus restent, je rentre avec et je demande parfois aux voisins de m’aider en les conservant dans leurs réfrigérateurs. Mais la plupart du temps je travaille avec la glace », indique-t-elle en précisant que ce n’est pas toujours évident la conservation dans la glacière à cause des nombreux délestages.

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Usine manuelle de production de jus d’orange

Des clients satisfaits

Jean-Eudes Kaboré, enseignant est un fidèle consommateur de ces jus d’orange manuellement pressé. Il affirme en consommer tous les jours pour mieux affronter sa journée. « Je suis enseignant dans une école de la place et j’aime bien boire leur jus. Elles sont non seulement propres ce qui m’a fidélisé et elles n’ajoutent pas de sucre dans leurs jus, ce qui est très bien pour la santé », dit-il.

Arzouma Zoungana est un boucher qui partage le pieds du mur de la médiathèque avec ses femmes. A l’en croire elles font de bons jus naturels très bien pour la santé. « Je connais la plupart de ses vendeuses et je peux dire qu’elles se défendent bien. Leur jus est naturel et agréable à boire. Je ne m’en lasse pas d’en boire même à crédit », fait-il savoir avec un rire taquin.

Stéphanie Dolly quant à elle dit avoir bu leur jus par curiosité et est devenue ainsi une grande consommatrice. Elle précise que cette activité est venue soulager certaines mères de familles qui n’ont pas le temps de faire du jus d’oranges pour leurs enfants. « J’étais de passage et la couleur du jus m’a attiré. Quand j’ai goûté il m’était difficile de ne pas terminer mon bidon. Depuis lors j’en achète fréquemment et cela m’aide à offrir du jus d’orange naturel à mes enfants pour leurs goûter à l’école », lance-t-elle.

Ces femmes toutes convaincues d’un lendemain meilleur plein d’espoir n’hésitent pas à donner le meilleur d’elles-mêmes chaque jour.

Mireille Sandrine Bado/MoussoNews

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