Baba Alpha Adama Dramer: Un informaticien reconvertit dans la vente de Kinkéliba à Ouahigouya

Kinkéliba encore appelé la ‘’plante longue vie’‘, sont des feuilles de tisane, d’une senteur agréable qui se boivent après infusion. À Ouahigouya, au secteur 1 du quartier Souli, les sachets de kinkéliba de Baba Alpha Adama Dramer s’achètent comme des morceaux de pain pour leurs multiples vertus thérapeutiques, digestifs, diurétiques…

Vendeur de Kinkéliba depuis plus de 20 ans, Baba Alpha Adama Dramer, de nationalité Burkinabè, témoigne que chez lui, cette  tisane est majoritairement demandée par des femmes et des personnes âgées.

Après 3 échecs au Baccalauréat, Baba Alpha décide se faire former en informatique. A l’issu de son apprentissage, le jeune trentenaire n’ a pas réussi à trouver du boulot et décide d’aider sa génitrice à vendre des condiments dans l’un des marchés de Ouagadougou. De père enseignant à la retraite et de mère commerçante, Baba Alpha suit les pas de sa génitrice. Au fil du temps, il quitte Ouagadougou pour s’installer à Ouahigouya, laissant sa famille à la capitale. « Ma femme, mes enfants, mes parents, ils sont tous à Ouaga. Je leur rend visite chaque 2 semaine ».

Grace à ce commerce, Baba Alpha a scolarisé les études de sa femme et continue de régler celle de ses enfants. « Je n’ai pas pu aller loin à l’école mais j’ai réussi à pousser ma femme jusqu’à l’université. Je suis fière d’elle », clame t-il bravement.

Baba se ravitaille en Côte d’ivoire et à la gare de train de Ouagadougou auprès des commerçantes qui, ensuite lui expédient à Ouahigouya.

Lire aussi: Plantes africaines : quatre réputées pour leurs vertus – Mousso News

Installé au bord du goudron, au quartier Souli du secteur 1, ses feuilles de Kinkéliba couvre souvent difficilement la demande de ses client.e/s.

Attaché dans des sachet blancs en plastiques, Baba les vend à 200 FCFA l’unité. Il prend en gros 2 à 3 sacs de 100 kg au prix de 5000 FCFA puis les repartis dans des sachets qu’il revend à 200 FCFA. Selon Baba Alpha, c’est rentable car par jour il peut vendre la moitié du sac de 100 KG. Pendant la période des jeûnes de Ramadan, les client.e/s se bousculent pour ces sachets de Kinkéliba.

Baba Alpha âgé de plus de 30 ans, nous parle des multiples vertus thérapeutiques du kinkéliba.

« C’est très bien pour les femmes surtout celles enceintes. D’autres mélanges avec de l’ananas, Pour les hommes, c’est très agréable de faire l’infusion avec des clous de girofles, c’est comme un aphrodisiaque », dit-il. Le kinkéliba, poursuit-il, facilite la digestion tout en soulageant les nausées, la constipation, augmente le volume de l’urine, élimine les toxines dans l’organisme. 

De plus, Baba Alpha informe que le kinkéliba est aussi utilisé pour assainir, renforcer et prévenir la chute des cheveux.

Boureima Belem, client régulier de Baba Alpha ne fait jamais ses courses sans acheter le kinkéliba. « Moi je mélange le kinkéliba au lipton que je fais bouillir avant de boire, c’est très bien , cette tisane a des vertus thérapeutiques. Ma femme en boit aussi », témoignage t-il.

Baba Alpha n’a aucune difficulté majeure dans la vente de Kinkéliba. Le seul obstacle qui affecte souvent ses revenus, c’est la mauvaise foi de ses grossistes. « Il y’a des périodes où ça ne suffit pas. Celles qui me ravitaillent refusent de me les expédier, elles préférèrent vendre chère à Ouagadougou que de me les envoyer à Ouahigouya », poursuit -il en riant.

Surnommé « tisane de longue vie », le Kinkéliba est une plante originaire d’Afrique de l’Ouest, que l’on trouve plus particulièrement au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal.

L’huile rouge, l’ingrédient qui a remplacé la tomate dans de nombreux ménages à Ouahigouya

Outre le Kinkéliba, Baba Alpha vend également de l’huile de palme couramment appelée ‘’huile rouge”, un ingrédient qui a remplacé la tomate dans cette ville. « Avec mes grossistes, j’achète aussi des bidons de 25 litres d’huile de palme et je reviens les mettre dans des plus petits bidons que je vends à 600 FCFA l’unité. Il y’en a de deux types. Celle qui est lourde et l’autre plus légère et diluée. Ici, les femmes utilisent beaucoup l’huile rouge pour faire la cuisine à la place des tomates  » , informe t-il.

Baba Alpha se moque le plus souvent de ses clientes qui se ravitaillent en huile de palme chez lui . De son avis, ses clientes, accourent toutes sur l’huile de palme lourde ne voulant pas celle diluée.  « L’huile qui est lourde est bien rouge comme de la tomate, c’est pourquoi je préfère payer mes petits bidons d’huile que d’acheter 2 à 3 tomates à 500FCFA », informe Marata Sawadogo, cliente fidèle de Baba.

« Comme cette huile a remplacé la tomate,  elles viennent ramasser celles qui sont lourdes tout en croyant que je vais faire revenir ,mais plus tard quand leur stock s’épuise rapidement, elles reviennent prendre ce qu’elles ont laissé. Ça ne suffit même pas », souligne Baba.

Initié par sa mère depuis son jeune âge au commerce de condiments, Baba Alpha confie que l’huile rouge légère se consomme sans être passé sous le feu contrairement à celle lourde. « Avec l’huile légère,  nous pouvons consommer sans faire cuire, manger de l’atiéké ,et autres mets. Mais celle qui est lourde, il faut obligatoirement faire la cuisine car elle ne peut être consommé ainsi »,

Grâce à ses économies, Baba Alpha agrandit peu à peu ses marchandises. Il propose également sur son étale des fruits, du atieké et autres. Avec ses contacts, il expédie ses marchandises dans diverses localités du Burkina, Bobo, Ouagadougou, Kaya, Koudougou, etc.

Annick HIEN/MoussoNews