Le Scooter : Moto neutre ou uniquement faite pour les femmes?
‘’ Regardez-moi cet homme sur scooter. C’est moche’’ ou ‘’ Scooter c’est moto de femme !’’. Que de préjugés autour de cet engin qui fait polémique ces dernières années au Burkina Faso. Si certains estiment qu’un homme à scooter perd en masculinité, d’autres défendent la neutralité de cet engin pratique et facile.
Dans les ruelles de Ouagadougou, les scooters se faufile avec aisance, séduit par son design pratique et son absence de vitesse. Pourtant, cette moto à gros cylindres ne fait pas l’unanimité. Tandis que certains la considère comme une moto universelle, d’autres la perçoive exclusivement réservée aux femmes.
Une moto neutre pour tous
Guétasida Tiendrébéogo, fait partie de ceux qui trouve au scooter ‘’sans dissociation de genre’’. « Il n’existe pas de moto spécifiquement destinée aux hommes ou aux femmes », lance-t-il.
« Scooter, c’est une moto neutre. Homme ou femme peut la rouler s’il a les moyens et l’envie de s’en procurer », a-t-il expliqué.
Salvador Toé partage cet avis. À ses yeux, le scooter est aussi bien une question de goût que de confort.
« C’est une belle moto. Ce n’est pas uniquement la femme qui a droit aux belles choses. Si un homme veut s’en procurer, il le fait et circule dans la ville comme il veut », affirme-t-il.
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Il met également en avant la facilité de conduite et l’élégance de cet engin, affirmant qu’il ne se laisse pas influencer par les préjugés.
« Pas besoin de vitesse, ça roule seulement. Une moto, c’est une moto et tout le monde peut la conduire », a-t-il déclaré.
Scooter, une atteinte à la virilité ?
Les avis sont partagés autour de cet engin. Pour Rosine Bambara, une vendeuse interrogée, un homme sur scooter perd automatiquement de sa masculinité.
« Ah, un homme qui roule sur scooter, walaye, c’est un ‘woubi’ (homosexuel) », tranche-t-elle.
Selon elle, les “vrais hommes” doivent opter pour des modèles de moto tels que la Winner, l’Apache ou encore la 135. Des motos qu’elle associe à une certaine virilité.
En toute coïncidence, un passant attire l’attention de Jean Ferdinand Ouédraogo. Sans hésiter, il lançant une critique. « Voilà regardez-moi, c’est trop ringard ! Parmi toutes les motos qui existent, un homme va choisir un scooter ? C’est une moto de femmes », a-t-il ajouté tout en regardant avec dédain le passant disparaitre dans l’horizon.
Pour lui, une moto masculine doit être bruyante, puissante et “doit secouer” pour refléter la virilité de son conducteur.
Une question de perception
Les débats sur le scooter reflètent des stéréotypes profondément ancrés dans la société burkinabè. Avec son design unique, ses gros pneus, son repose pied et l’absence de vitesse, le scooter est souvent associé à la “facilité“. Une caractéristique que certains attribuent aux femmes, car estime Arouna Soré, « On attribue généralement à la femmes certaines facilité, donc cette moto leur sied le mieux ».
Pourtant, les arguments en faveur de cet engin montrent que la perception évolue. Le scooter, pratique et accessible, séduit de plus en plus d’hommes, brisant peu à peu les barrières liées au genre.
Dans les quartiers de Ouagadougou, les discussions sur le scooter demeurent animées et les préjugés sur qui doit le conduire, continuent. Le scooter, qu’il soit considéré comme “neutre” ou “féminin”, a conquis la ville et tout le monde se l’arrache quand l’occasion se présente.
Alors, scooter, une moto pour tous ou pas ? À chacun de trancher.
Diane SAWADOGO (Stagiaire)/ MoussoNews