Micro-assurance : Une solution adaptée aux réalités des burkinabè mais moins consommée
Assurer une moto ? Une boutique ? Un atelier ? La question surprend plus d’une personne. Mais pas Mariam Yoda. Commerçante d’une quarantaine d’âge ne voyage pas sans assurance. Mieux sa boutique aussi est assurée chaque année à 5000F par mois. « A défaut de l’assurance classique, cette solution de micro assurance a des avantages pour les clients à faible revenu », dit-elle fièrement. Moins visible, la micro-assurance se présente comme une solution adaptée aux réalités financières des burkinabè mais peu consommée.
Mariam Yoda a souscrit à la micro-assurance dans une société d’assurance dans la capitale burkinabè. Elle paye chaque fin du mois 5 000F CFA à raison de 60 000 CFA par an. Pour ses multiples voyages en Chine, Turquie, Dubai et pour sa boutique Kenza Fashion. « J’essaie de payer par tranche en 2 semestres. Donc 30 000F chaque 6 mois », détaille-t-elle. Commerçantes d’articles divers notamment des sacs, chaussures, habits, etc…, la jeune dame a opté pour cette assurance en fonction de ses moyens financiers.
La micro-assurance est en effet cette solution pour répondre à ses besoins et sans doute d’une grande masse de personne qui n’ont pas les moyens de couvrir les gros risques. « C’est une assurance adaptée à des acteurs du secteur informels qui n’ont pas assez de moyens financiers », explique Mr Kaboré, responsable commercial dans une société de courtage d’assurance.
Mariam Yoda le confirme aussi. « Pour les voyages, l’assurance est parfois obligatoire mais beaucoup ne le prend pas. Leur boutique aussi ne sont pas assurée. Moi je le fais parce qu’on n’en sait jamais », dit-elle. En voyage, commente la jeune dame, une maladie, un accident ou tout incident malheureux peut arriver et avec l’assurance, les risques sont moindres.
Motos, tricycles, boutique de vente d’habits
Siaka Sanou, 32 ans arbore fièrement son tricycle. Jeune homme au teint noir, le visage illuminé ce 30 décembre, il présente avec satisfaction son engin qu’il a acheté en septembre 2024. « C’est désormais ma voiture comme ça et en même temps, mon business », dit-il amusé. Siaka travaille chaque jour et économise au moins 5000F CFA.
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Pour s’assurer que son business soit rentable et sans risque, il a pris le soin de souscrire à une assurance auto : à 700 FCFA le mois pour un total de 8400FCFA l’année. « Je prie Dieu que rien n’arrive à l’engin, mais l’assurer est aussi une prière. 8400F peuvent paraitre beaucoup pour un débrouillard comme moi, mais il présente beaucoup de garantie et de sécurité », dit-il. En cas d’accident ou même de perte, l’assurance peut prendre en charge quelques charges. C’est du moins ce qui lui a été expliqué lorsqu’il souscrivait.
Edwige Tamboura, gérante d’une société de courtage, le confirme. « L’assurance est comme une caisse de solidarité. On cotise pour soi et pour les autres. Mais ce n’est pas du gaspillage. Vraiment pas du tout. Car on ne sait pas jamais ce qui peut arriver. Demain, ça peut être l’autre et après-demain, ça sera toi. Donc on ne perd jamais », explique-t-elle. C’est d’ailleurs le discours convaincant adressé à Siaka qui hésitait à souscrire.
Noora Sandwidi avait la même crainte. « On n’a pas toutes les bonnes réponses sur l’assurance », dit-elle visiblement déçue. Commerçante d’habits et de chaussure pour femme, elle a souscrit à l’assurance après un sinistre de sa boutique. « En 2023, ma boutique a pris feu. J’y ai perdu tout. Je ne savais pas où mettre la tête. J’ai fait 3 mois avant de pouvoir me relever. Le conseil que m’a donné mon époux a été de souscrire à une assurance », témoigne la jeune dame de 35 ans. Elle a donc opté pour la micro-assurance et elle paye 1000F par mois, soit 6000F CFA l’année. Au moins, commente-t-elle : « S’il y a un sinistre, tu n’es pas seule à faire face aux dépenses. L’assurance peut aider un peu ».
En effet, poursuit la gérante, dans la base de données des services sollicités le plus dans leur agence vient en premier l’auto, puis l’habitat. Et de plus en plus les tricycles qui évoluent dans le domaine du commerce général. « Les propriétaires de tricycles viennent beaucoup pour souscrire à l’assurance. Parce que si l’engin prend du matériel important et qu’il y a un problème, ils peuvent faire un recours à leur assurance », dit-elle. 100F, 500F, 1000F, avec peu, l’on s’assure au moins sur l’année. « C’est un peu comme une tontine et ce qui est intéressant est qu’on peut payer sur 3 mois, 6 mois, 1 an ou 2 ans », détaille Mme Tamboura Edwige. Elle déplore toutefois la non- culture de l’assurance dans les habitudes des burkinabè. « Jusqu’à présent, quand tu parle de l’importance de l’assurance, il y a des gens qui te regardent comme un zombie. Parce qu’ici, les gens se disent que ça n’arrive qu’à l’autre. Ailleurs, ils prennent à corps l’assurance et c’est beaucoup plus protecteur et sécurisé », convainc-t-elle.
5000F CFA par mois pour des dépenses qui peuvent aller jusqu’à 200 000F
L’assurance est en effet comme une tontine qu’on peut ramasser avec un gros montant pour si peu de contribution. Avec 170F par mois, explique Edwige Tamboura, l’on peut se retrouver à couvrir les premiers soins en cas d’accident avec plus de 200 000F, c’est ça la micro-assurance. « Si l’on peut dépenser 10 000F ou 20 000F en carburant par mois, pourquoi ne pas souscrire à l’assurance pour 5000F et bénéficié des avantages en cas de risque », se demande-t-elle, invitant les burkinabè à faire sienne la culture de l’assurance. Qu’elle soit pour l’auto, l’habitat, l’éducation, la santé, etc. L’assurance doit être un allié quotidien. Aux compagnies d’assurance de maximiser sur la communication sur la micro-assurance.
Mariam LINGANE/MoussoNews