Haoua Sawadogo: patronne des « au Bon Pain Alata » en Corse

En partant en France en 2004 pour ses études, Haoua Courio/Sawadogo ne pensait pas y rester. Elle y vit depuis 17 ans, et est patronne d’une boulangerie en Corse. Dans cette interview, elle parle de ses débuts et de ses projets pour le Burkina Faso, son pays natal.

Parlez-nous de vos débuts en France ?

Je suis arrivée en France  précisément à Dijon en 2004 pour des études en Gestion. Je devrais d’abord faire une validation des acquis dans une entreprise évoluant dans les énergies renouvelables. En six mois je connaissais la France plus que certains français parce que c’est un travail qui demandait énormément de déplacement dans des régions et villes. J’ai rapidement appris comment le pays fonctionnait mais aussi les institutions privés. Mais il faisait très froid. J’ai donc décidé d’aller en Corse pour passer des vacances. Le climat ressemblait à celui du Burkina Faso, mon pays. J’ai décidé de ne plus repartir à Dijon. Je m’y suis établie avec mon époux et mes deux enfants.

Pourquoi la boulangerie ?

La boulangerie, c’était vraiment un hasard. Comme je l’ai souligné, j’ai un parcours universitaire en gestion. Arrivée en Corse, je ne pouvais rester sans rien faire. Je suis donc allée chercher de l’emploi dans une boulangerie. Le patron m’a proposé un poste de vendeuse que j’ai refusé parce que les horaires ne me correspondaient pas et j’avais surtout le profil de manager. Deux mois après il m’appelé pour le poste de manager. Mais pour manager, il faut savoir de quoi je parle. J’ai donc commencé à descendre en vente.  J’étais plus en vente qu’au bureau. Je faisais toutes les recettes de sandwich à la pâtisserie. J’ai commencé à comprendre toute la chaine de la boulangerie. Le patron n’était jamais là. Mais tout allait bien : la gestion, les finances, les ressources humaines, etc. Les clients étaient très satisfaits et appréciaient ma gestion. Quelques années après, j’ai voulu me mettre à mon propre compte avec mon mari qui est plutôt ingénieur en aéronautique.

Comment êtes-vous arrivez à vous imposer en Corse ?

Et oui ! J’ai racheté la boulangerie où je travaillais. Mais en Corse, l’intégration est très compliquée mais les corses, dès qu’ils t’adoptent, tout roule. Mais l’associatif est une grande valeur dans cette région. Moi, Burkinabè, africaine et en plus femme, il faut vouloir pour pouvoir rester dans cette ville. J’ai surtout pu m’imposer par le travail. Mais c’est tout à l’honneur de mon époux car je venais de sortir d’un coma après un accouchement. De plus, je fais partie de plusieurs associations dont une vient en aide aux personnes qui sont dans une certaine situation de précarité en Corse comme les sans abris et une autre avec laquelle nous avons pu réalisé 14 forage au Burkina Faso.

Combien de personnes employez-vous ?

Nous sommes 12 en ce moment car nous avons des difficultés à recruter. Les gens ne veulent plus faire le métier de boulanger et avec la Covid-19, c’était encore plus compliqué.

Quels sont vos projets pour le Burkina Faso ?

L’avenir c’est l’Afrique. Tout le monde ne peut pas aller en France, ou en Europe. Tout le monde ne doit pas quitter l’Afrique. Mais ici, il faut qu’on soit formé, mais on n’est pas bien former. Mon projet est d’ouvrir un centre de formation sur les métiers de boulangerie.

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