Terrorisme au Burkina : des femmes accouchent de plus en plus à domicile

Plusieurs centres de santé dans la bande frontalière du Burkina avec le Mali et le Niger fonctionne à minima du fait des attaques terroristes. De plus en plus de femmes accouchent à domicile. Elles sont assistées par les accoucheuses villageoises. Dr Losée Issa Traoré lance un cri de cœur pour le renforcement de capacités de ces femmes leaders communautaires qui sont d’un véritable soutien au personnel de santé dans ces localités à fort risque d’insécurité.

A Titao, Thiou, Bahn, des centres de santé fonctionnent de 8h à 17h. Lorsqu’une femme doit accoucher la nuit, elle est conduite chez l’accoucheuse villageoise avant la fermeture du centre. Elle rejoindra le centre de santé le lendemain pour le reste des soins. C’est aussi le cas avec les enfants malnutries. Dans le cadre du projet AICS de l’ONG Italienne InsterSOS, des agents de santé et des leaders communautaires ont bénéficié d’un accompagnement en renforcement de capacités et de matériels pour venir en aide aux populations. « Nous avions bénéficié de plusieurs formations sur la prise en charge de la malnutrition, le dépistage. Des émissions sur les thématiques de malnutrition infantile et maternelle ont également été réalisées », témoigne Moumouni Yaméogo, médecine chef du district sanitaire de Thiou. Depuis janvier 2022, l’agent de santé sert à partir de Ouahigouya. « Nous avions quitté Thiou en janvier 2022 mais nous sommes en contact régulier avec les leaders communautaires à qui nous envoyons du matériels sanitaires », explique le médecin chef. Ces leaders communautaires qui prennent le relai font la sensibilisation, le dépistage, etc., auprès des populations restées dans les villages.

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La malnutrition, une réalité, de la nécessité d’élargir le projet AICS à plusieurs formations sanitaires

« Le projet AICS doit se poursuivre », recommande Dr Losée Issa Traoré parce que dit-il : « Si on doit nous laisser à cette étape ou le besoin est énorme, les populations et les agents de santé vont ressentir l’impact sur leur quotidien ». L’action d’InterSoS, poursuit-il, qui a permis d’associer les communautés aux agents de santé pour offrir les soins appropriés malgré qu’il n’y a pas de formation sanitaire ou encore que l’accessibilité soit difficile.

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Les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes, les femmes allaitantes sont priorisées dans la mise en œuvre du projet AICS. « Les populations sont très satisfaites du fait que le projet ait permis de soulager les populations en attendant le retour des agents de santé », indique Dr Traoré qui espère la reconduction du projet. Il suggère d’élargir le projet à plus de formation sanitaire et augmenter les leaders communautaires. Dr Traoré recommande fortement la prise en compte des accoucheuses villageoises en ce sens qu’il n’y a presque plus de CSPS. « Ce sont elles qui font accoucher les femmes à domicile », rappelle-t-il.

Plus de 2000 actes de naissances établies

A l’appui de matériels sanitaires, de médicaments, de renforcement de capacités, le projet AICS a permis d’établir plus de 2000 actes de naissances pour des enfants déplacés internes. Dans leur fuite des menaces ou attaques terroristes, plusieurs enfants se sont retrouvés dans documents de naissance. Avec les responsables des préfectures de Bahn, Kain, Thiou, ces enfants ont pu être identifié et référencé dans le fichier étatique. « J’avoue que mon enfant n’allait pas aller à l’école à la rentrée scolaire prochaine. Mais grâce à InterSOS, on a pu lui établir l’acte de naissance et je vais pouvoir l’inscrire en classe de CP1 », témoigne Ibrahim Diallo, déplacé de Kain.

Bassératou KINDO

NB : Cet article a été réalisé grâce au soutien du projet “Aide d’urgence aux populations affectées par la crise humanitaire dans les zones frontalières du Mali et du Burkina Faso”, financé par l’Agence italienne pour la coopération au développement – Bureau de Dakar

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