
Agressions sexuelles : des jeunes marchandes ambulantes à la merci des attouchements sexuels et des viols

De nombreuses adolescentes sillonnent les rues de la capitale ouagalaise à la recherche de leur pitance quotidienne. Jus naturels et beignets sont entre autres ce qu’elles proposent à leur clientèle. Victimes d’attouchements sexuels non désirés ou parfois de viol, ces jeunes filles la plupart du temps souffrent dans un silence total.

Pousse-pousse bien chargé, sac autour des reins ou mis en bandoulières, Sakinata Belem âgée de 16ans est aide-ménagère au quartier Zongo. Elle arpente les artères de la ville chaque matin pour proposer ses marchandises. La jeune fille passe ses journées au grand marché de Ouagadougou et environnants avec d’autres filles vendeuses ambulantes comme elle. Ce groupe d’adolescente qui se fréquente depuis deux ans est souvent confronté à des agressions sexuelles. A en croire la jeune Sakinata elles font face à des attouchements souvent indécents de la part de certains clients et de certains enfants de la rue. « Souvent certains clients nous appellent pour acheter nos jus ou nos beignets, pendant qu’on sert, ils nous tapent les fesses ou nous caressent », raconte-t-elle.
Victimes de harcèlement
Ces jeunes filles qui sont constamment dehors subissent des viols et des attouchements contre leur gré. Rouki Simporé agée de 17ans (nom d’emprunt), victime d’une tentative de viol se rappel de cette horrible scène avec beaucoup d’émotions. « Il y a quelque temps, j’ai échappé à une tentative de viol. Il était 18h30 par-là lorsque je retournais chez ma tutrice au quartier Dapoya, deux garçons m’ont intercepté dans le noir et ont commencé à me toucher et à me tirer de force. J’ai crié et les vigiles sont venus les intimider », relate l’adolescente avec beaucoup d’émotions.
Tout comme Rouki, Sakinata est face à ces agressions au quotidien. « Au marché ici, tous les jours, les hommes ne cessent de vouloir me tripoter, les plus courageux souvent me propose de l’argent contre une partie de jambe en l’air, certains par moment me tapent les fesses ou se frottent de manière subtile à moi », dit-elle.
Seules face à leur triste sort
Ces adolescentes passent plus de temps hors du cocon familial d’accueil. Elles font faces seules aux conséquences de ce qui est devenu aujourd’hui leur gagne-pain. Chassées par leurs patronnes, elles se retrouvent seules et à la merci de leurs agresseurs. C’est le cas de Latifatou Konaté qui s’est retrouvée à la rue avec une grossesse dont elle ignore la paternité. A entendre Sakinata, amie de Latifatou, elle a été mise à la porte par sa patronne. « Latifatou est tombée enceinte après un viol selon elle. Mise à la rue, elle n’avait plus d’autres solutions que de retourner auprès de ses parents pour espérer être aidé. Depuis le mois de mai on n’a plus eu de ses nouvelles », fait-elle savoir.
Ces jeunes filles qui se battent au quotidien pour avoir de quoi subvenir à leurs besoins et de ceux de leurs familles, bravent jour et nuits des agressions sexuelles. Impuissantes elles gardent le silence pour préserver leur travail et être à l’abris des agressions physiques.
Mireille Sandrine Bado/MoussoNews