Assetou Nabolé : La femme au volant d’engins lourds

Assetou Nabolé est une conductrice d’engins jonglant entre son travail dans un domaine traditionnellement masculin et sa vie de mère. En conduite depuis 4 ans, elle défie les stéréotypes et surmonte les défis pour réussir dans ce domaine exigeant.

Assetou Nabolé a arrêté ses études scolaires en classe de 6^ème. Passionnée par les activités masculines depuis l’enfance, elle a décidé d’y faire carrière. Depuis 4 ans Assetou Nabolé, conduit des engins lourds. « Moi-même je voulais être un garçon, j’aime les activités d’hommes» a-t-elle lancé. A l’en croire, son métier requiert beaucoup d’attention et de vigilance.

S’occuper de la propriété de la ville de Ouagadougou tout en éliminant les dépotoirs est le quotidien de la trentenaire. « Les matins nous allons à la voirie municipale de Ouagadougou pour prendre l’engin pour sillonner la ville » a détaillé la jeune femme.

Pour faire de son rêve une réalité, Assetou Nabolé a suivi une formation pendant une année à l’école de Perfection des travaux publics sis à Gounghin (TP) dont 6 mois de théorie et 6 mois de pratiques. Au cours de cette formation elle a appris à conduire 4 types d’engins dont la pèle chargeuse, la bulle, le gradeur et le compacteur. Cependant à l’issu de son apprentissage, Assetou ne conduit que 2 engins dont la pèle chargeuse et le bulle.

Les débuts de Assetou Nabolé dans ce domaine n’ont pas été sans difficulté.

Pour se faire former, il est requis un stage qui se déroule à Loumbila où les apprenants (es) sont internés. Assetou quant à elle, était la seule femme et était soumise au même traitement que les hommes. « Pendant le stage à Loumbila, j’étais la seule femme et dans notre chambre je cohabitais avec 5 hommes. On se lavait avec de l’eau de barrage pendant 2 mois. Notre formateur était un blanc, il disait qu’on faisait beaucoup de gaspillage d’eau donc il nous demandait de nous laver avec l’eau de barrage » a-t-elle détaillé avec un air dysphorique à la fois fier.

Conduire un engin lourd, un métier à haut défis pour Assetou

En tant que conductrice d’engin lourds, Assetou Nabolé fait face à une série de défis dans ce domaine, traditionnellement masculin. Ses difficultés incluent la lutte contre les préjugés de genre « être femme dans ce milieu demande beaucoup de courage, et d’abnégation c’est très difficile » a-t-elle dit. La gestion de l’équilibre entre sa vie de mère et celle professionnelle est également un problème pour la jeune femme qui travaille san repris.

De plus, Assetou rencontre d’énormes difficultés telles que des douleurs musculaires et corporelles. « Je passe mes journées à être au volant, c’est très épuisant surtout pour mes articulations et mon dos, je suis comme un taximan, je circule dans la ville toute la journée » mentionne-t-elle.

Par ailleurs, la conductrice est également confrontée à des problèmes techniques liés aux pannes. « Pendant les pannes, nous ne travaillons plus et cela peut aller jusqu’à 3 ,4 mois ou plus. Tant que l’engin n’est pas réparé, on est en chômage technique » a-t-elle expliqué.

Tous ces défis ont nécessité la résilience, la détermination de la jeune conductrice Assetou. Confiante, elle ambitionne de se faire former à conduire davantage d’engins dont la pèle hydraulique. Audacieuse, elle prévoit réaliser des projets personnels en plus de la conduite. « J’ai entamé un projet personnel qui a échoué mais je reste confiante. Dans la vie on a toujours le choix, la vie est une question de chance. Je vais ressayer encore » se réconforte-t-elle.

Incarnant la force, la détermination et la capacité, Assetou Nabolé surmonte les obstacles dans cet environnement professionnel souvent dominé par les hommes tout en démontrant que la passion et la compétence n’ont pas de genre.

Annick HIEN/MoussoNews