Atteindre l’ÉQUITÉ dans la lutte contre le paludisme nécessite une plus grande mobilisation de nos ressources domestiques :
Agissons maintenant et sauvons des vies !
La commémoration de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme se déroule annuellement chaque 25 Avril. Cette année, le thème choisi est « Équité en matière de santé, genre et droits de l’Homme ». Cette journée nous donne l’occasion d’analyser les succès et les défis de la lutte contre le paludisme, notamment la nécessité d’investissements domestiques accrus et d’un engagement politique fort en faveur de la prévention et de l’élimination de ce fléau de notre pays.
L’Afrique continue de payer le plus lourd tribut au paludisme
Au cours des 15 premières années de ce siècle, de grands progrès ont été accomplis dans la réduction de la charge mondiale du paludisme et nous saisissons l’opportunité de cette tribune pour rendre hommage à toutes les institutions et les leaders qui par leur engagement, leur générosité et leur travail acharné ont rendu possibles ces avancées.
Toutefois, une ombre plane sur ces acquis car on constate depuis 2017 un ralentissement de ces acquis. La phase de stagnation actuellement observée est particulièrement évidente dans nos pays où les conditions sont très propices à la transmission du paludisme et où la riposte face à cette pandémie est compromise non seulement par la faiblesse des systèmes de santé mais également par l’insuffisance des investissements et des infrastructures.
En publiant son rapport annuel cette année, l’OMS a averti que malgré l’élargissement de l’accès à la prévention du paludisme, trop de personnes, majoritairement en Afrique, se voient encore aujourd’hui privées des services et des soins de qualité dont elles ont besoin pour prévenir, détecter et traiter cette maladie à temps voire efficacement.
En 2022, l’ensemble de la région a enregistré :
• 94 % de tous les cas de paludisme (233 millions de cas) ;
• 95 % de tous les décès dus au paludisme (580 000 décès) ;
Près de 78 % de tous les décès dus au paludisme dans la région concernent des enfants de moins de 5 ans.
Dans notre pays, le paludisme continue de faire des ravages et prendre des milliers de vies. Avec 4243 décès en 2022 représentant 18,2% des décès enregistrés dans les établissements de santé, selon l’Annuaire statistique 2022 du Ministère de la santé et de l’hygiène publique. Un bilan humain inacceptable pour une maladie évitable et curable.
Fort heureusement, est important de noter les avancées réalisées au niveau national et mondial, avec l’arrivée des outils innovants tels que le déploiement du tout premier vaccin antipaludique RTS,S/AS01, la recommandation par l’OMS d’un deuxième vaccin sûr et efficace R21/Matrix-M, la disponibilité d’une nouvelle génération de moustiquaires à double substance active, l’intensification de la prévention du paludisme saisonnier chez les enfants exposés à un risque élevé de paludisme grave, la prévention du paludisme chez le nourrisson via le TPIn ( traitement préventif intermittent).
L’urgence de traduire les déclarations en actes concrets pour l’augmentation des ressources nationales
D’après les données de l’OMS, en 2022, un total de 4,1 milliards de dollars des États-Unis (USD) a été mobilisé pour lutter contre le paludisme dans le monde, par rapport à une cible initiale de 7,8 milliards USD. Le déficit de financement entre le montant investi et les ressources nécessaires s’est creusé ces dernières années, atteignant 3,7 milliards USD en 2022. L’insuffisance des moyens demeure un obstacle majeur à un moment où les ressources externes deviennent de plus en plus rares et où l’on attend désormais une contribution plus importante venant des ressources nationales pour inverser la tendance et éradiquer la pandémie.
C’est dans ce contexte que la conférence ministérielle sur le paludisme :
« Lutter contre le paludisme dans les pays les plus durement touchés par la maladie » s’est tenue à Yaoundé au Cameroun le 6 mars 2024. Elle a réuni des Ministres de la Santé, des partenaires mondiaux, des organismes de financement, des scientifiques, des organisations de la société civile et d’autres acteurs principaux de la lutte contre le paludisme.
A l’issue de cette conférence, les Ministres ont signé une déclaration dans laquelle ils s’engagent notamment à diriger avec une plus grande détermination les programmes de lutte contre le paludisme et à y consacrer un financement national plus important, à investir davantage dans le secteur de la santé afin de renforcer les infrastructures, les effectifs de personnel, d’améliorer la gouvernance et de renforcer la collaboration intersectorielle.
Les parlementaires sont convaincus qu’en travaillant en synergie avec toutes les parties concernées singulièrement les Organisations de la Société Civile et les communautés, ils pourront assurer le suivi de la Déclaration de Yaoundé pour pousser le gouvernement à explorer toutes les pistes permettant de mobiliser davantage de ressources qui contribueront à réduire les inégalités en matière de lutte contre le paludisme assurant ainsi l’accès aux services de qualité pour les populations vulnérables et marginalisées particulièrement celles installées dans les zones difficiles d’accès. En effet, l’accroissement des investissements permettra notamment de :
- Renforcer et pérenniser le financement de la Couverture Santé Universelle (CSU) ;
- Accélérer la reconnaissance de l’Agent de Santé Communautaire en le dotant d’un statut reconnu par l’État et d’une rémunération car il est un maillon essentiel dans la prévention, la sensibilisation et la prise en charge simple de cas de paludisme confirmé ;
- Assurer que l’État respecte ses engagements et mobilise à temps les fonds de contrepartie des programmes soutenus par les partenaires externes pour la mise en œuvre des interventions de paludisme à haut impact ;
- Renforcer la multisectorialité dans la lutte contre le paludisme ;
- Assurer la prise en compte du genre, droits sociaux et besoins des populations les plus vulnérables.
La santé des populations est un investissement rentable et un enjeu stratégique de développement pour tout Etat qui aspire au progrès social et économique.
Le moment est venu pour nos pays et tous les parlementaires de faire de la lutte contre le paludisme une priorité nationale. Cette volonté politique doit être matérialisée d’une part par une mobilisation accrue et durable des ressources nationales pour l’augmentation du financement et d’autre part, par la mise en œuvre d’un mécanisme de suivi de la bonne gouvernance capable de garantir une utilisation transparente des ressources et l’équité mais aussi la participation tous les secteurs et des communautés dans la lutte contre le paludisme.
Mobilisons-nous pour mettre fin au Paludisme !
Parlementaire de la Task Force du Burkina Faso :
Honorable Dr SOME Y. Aimé