#AuNomDesFemmes | Aider les survivant-e-s de violences sexuelles : nous pouvons toutes/tous agir

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Par Pélagie NABOLE

Du fait de son caractère tabou dans certaines cultures, et du traumatisme vécu par les survivant-e-s, la violence sexuelle est un sujet peu évoqué dans l’espace public. Alors qu’elle constitue l’une des pires formes de violences basées sur le genre, ce mutisme sur le phénomène contribue à faire perdurer la culture du viol dans nos sociétés.

Survivant-e-s de violences sexuelles : un traumatisme à vie

La violence sexuelle est un comportement transgressif qui porte atteinte aux droits humains et bafoue l’intimité et l’intégrité de la personne concernée. Il y a violence sexuelle lorsqu’une personne est forcée, sous la contrainte ou sous la menace, à accepter des actes d’ordre sexuel, sans son consentement éclairé. La violence sexuelle peut se produire dans les situations suivantes :

  • harcèlement sexuel ou atteinte à l’intégrité sexuelle dans un lieu public, un lieu de travail ou au domicile
  • abus sexuel subi durant l’enfance
  • exploitation sexuelle ou viol
  • mutilation génitale infligée aux organes féminins

Selon Evelyne Josse, psychologue et psychothérapeute, les violences sexuelles ont de graves conséquences sur la santé mentale des individus qui les subissent.  Sur le plan psychologique, la plupart des violences sexuelles demeureront sécrètes, enfouies dans le corps et le psychisme des survivant-e-s. Ils/elles gardent de fortes traces sous forme d’images, d’idées, de questions et de sentiments refoulées. Ces violences peuvent produire une mutation radicale de la perception que les survivant-e-s ont d’eux/elles-mêmes, dans la manière dont elles conçoivent leurs relations à leur environnement social. Une perte de confiance en soi, partielle ou totale, induisant dans la plupart des cas, une incapacité à se réaliser pleinement.

Les effets de ce traumatisme peuvent être d’ordre physique, psychique, psychologique ou social :

  • difficultés à dormir, insomnies, voire une apnée du sommeil
  • crises de panique et d’angoisse et troubles digestifs
  • addiction à l’alcool et aux stupéfiants
  • perte de la libido et rejet de tout rapport à caractère sexuel
  • épisodes répétés de violences physiques ou sexuelles
  • sentiment de haine envers soi-même ou faible estime de soi
  • troubles du comportement et difficultés à construire de relations saines avec les autres.

Je suis un(e) ami-e ou un membre de la famille d’un(e) survivant-e de violences sexuelles : comment l’aider ?

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Cela n’arrive pas qu’aux autres. Nous avons déjà entendu parler ou connu une personne de notre entourage qui a subi des actes de violence sexuelle. Le caractère délicat et émotif de la situation nous emmène souvent à nous demander si nous pouvons aider et comment ? Sommes-nous habilités à le faire ?

Avant toute démarche, nous devons comprendre que notre intervention doit respecter la parole et les choix des survivant-e-s. Écouter sans juger et être conscient(e) qu’il faut beaucoup de courage pour en parler, à cause des sentiments de honte, d’humiliation et de peur que peuvent ressentir les survivant-e-s.

Ce que nous pouvons faire

  • Mettre en avant le courage dont le/la survivant(e) a fait preuve pour en parler et le fait qu’il/elle ait eu raison de le faire
  • Déculpabiliser le/la survivant(e) en lui faisant prendre conscience qu’en aucun cas, il/elle n’est responsable de cette situation
  • Être attentif à ses besoins et le/la diriger vers des structures habilitées à leur fournir une assistance et une prise en charge adéquate : centre médical, centre de signalement des cas de violences[1], services de police ou de gendarmerie, association d’aide aux survivant-e-s de violences, etc.
  • Dans le cas où le/la survivant(e) ne souhaite pas déposer plainte dans l’immédiat, nous pouvons lui proposer de rédiger ce qu’il/elle nous a relaté ou d’en parler à un(e) psychologue.

Ce que nous ne devons pas faire

  • Remettre en cause le récit du/la survivant(e). Il est important qu’il/elle se sente soutenu(e)
  • Juger les choix et le comportement du/la survivant(e)
  • Partager le récit du/la survivant(e) sans son consentement à une tierce personne, ou sur les réseaux sociaux
  • Blâmer ou trouver des excuses qui justifient la violence subie par le/la survivant(e)

 

La plupart des survivant-e-s ne guérissent pas de leur traumatisme suite à une violence sexuelle. Ils/elles développent des mécanismes d’adaptation. Des années ou des décennies après, ils/elles réagissent vivement lorsque quelque chose leur rappelle cette violence. Ils/elles peuvent avoir une impression physique de revivre le traumatisme et avoir des flash-back (des souvenirs pénibles qui leur rappellent soudainement et de façon très nette l’événement qu’ils/elles ont vécu). Ne sous-estimons jamais à quel point notre soutien peut les aider.

Pélagie NABOLE

Écrivaine, et Artiste peintre autodidacte.

Spécialiste en communication d’influence, je me passionne pour les sujets relatifs au développement du leadership des jeunes, des inégalités de genre et de l’autonomisation des femmes.

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NB : Les termes « victime » et « survivant(e) » peuvent être utilisés de manière interchangeable. Le terme « victime » est souvent utilisé en droit et en médecine. Le terme « survivant(e) » est généralement préféré par les secteurs sociaux et psychologiques en raison de la résilience dont fait preuve la personne concernée.

[1] Au Burkina Faso, le numéro d’appel pour signaler les cas de violences est le 80 00 12 87, ouvert 24H/24 et 7J/7. Le call center est basé dans un centre où travaille une équipe pluridisciplinaire composée de juristes, de psychologues, d’éléments de la police judiciaire et de travailleurs sociaux. Les appels sont anonymes et gratuits.

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