#AuNomDesFemmes | La culture du viol : comprendre ce concept qui fait souvent polémique
Par Pélagie NABOLE
Et si je vous disais que la culture du viol est omniprésente dans notre quotidien, souvent à dessin ou par ignorance, dans nos actes, notre façon de penser, de parler, de concevoir et de percevoir le monde ; dans notre rapport avec la gent féminine. Mais que signifie l’expression « culture du viol » ? C’est un ensemble de comportements qui minimisent, normalisent voire encouragent, banalisent, excusent, justifient et tolèrent les agressions sexuelles, ou les transforment en plaisanteries et divertissements. La responsabilité de l’agression est endossée par la victime et sa parole est remise en cause.
Au-delà des différences propres à chaque civilisation, culture ou pays, la culture du viol est toujours enracinée dans les croyances patriarcales et les inégalités de genre. La nommer, essayer de l’expliquer et la comprendre est le premier pas à franchir pour la démanteler.
La culture du viol est partout
De la construction de nos perceptions, jusqu’aux publicités, des situations les plus futiles aux situations les plus graves, la culture du viol est partout, notamment alimentée par les médias. Nous pouvons chaque jour analyser nos comportements et nos croyances afin de déceler les préjugés qui permettent à la culture du viol de perdurer. Concrètement, la culture de viol se manifeste entre autres lorsque :
- On minimise un acte d’agression sexuelle en créant un sentiment de honte pour la victime ;
- On banalise les violences conjugales du simple fait que nous acceptons l’idée qu’une personne en couple n’a pas à demander le consentement de son ou sa partenaire ;
- On remet en question la validité d’une dénonciation en questionnant la victime sur son habillement, sur la quantité d’alcool qu’elle aurait consommé, sur les comportements qu’elle a eus, sur le niveau de prudence qu’elle a mis en œuvre, etc. ;
- On décourage une victime de dénoncer son agresseur en soulignant tout le tort que cette dénonciation pourrait causer à l’agresseur (détruire sa carrière, sa famille, etc.) ;
- On priorise le plaisir de l’homme sur celui de la femme ;
- On fait ou on entend des blagues sexistes sans les dénoncer ;
- On fait fi du consentement de notre partenaire en prétendant que plus part des femmes sont des éternelles indécises ;
- On promeut des œuvres artistiques / littéraires qui portent atteinte à la dignité et l’intégrité physique de la femme, réduisant son corps à un simple objet sexuel, accessible à tout le monde.
Cet environnement social et médiatique dans lequel les violences sexuelles sont excusées, banalisées, voire acceptées, crée un climat propice au viol et à l’impunité des actes de violences.
Lutter contre la culture du viol
La lutte contre la culture du viol, qui est considérée comme une violence à l’égard des femmes et des filles, passe par la déconstruction des perceptions et des normes sociales qui les réduisent à de simples objets sexuels.
Selon l’ONU FEMMES, la culture du viol peut aisément perdurer lorsque nous adhérons à des idées sur la masculinité qui véhiculent la violence et la domination, et lorsque les femmes et les filles sont sous-valorisées. Il est indispensable que le consentement soit donné librement, quelles que soient les circonstances. L’implication des dirigeants est indispensable pour établir des politiques de tolérance zéro à l’égard du harcèlement et de la violence sexuels.
La langue est l’expression profonde de la culture, c’est pourquoi nous oublions parfois que les mots et les phrases que nous utilisons chaque jour façonnent notre réalité. L’humour qui normalise et justifie la violence sexuelle n’est pas acceptable.
Le phénomène de la culture du viol se manifeste dans toutes les sphères de la société : dans la famille, au travail ou à l’école, dans la communauté, dans les médias, en ligne et même dans le système judiciaire ou le monde politique. Déconstruire ces stéréotypes véhiculés requiert la prise de conscience d’une responsabilité individuelle et collective.
Pélagie NABOLE
Écrivaine, et Artiste peintre autodidacte.
Spécialiste en communication d’influence, je me passionne des sujets relatifs au développement du leadership, des inégalités de genre et de l’autonomisation des jeunes et des femmes