Les aventures dolorifiques de NOORIA
D’un air abattu, Nooria pris la parole avec une voix finement démoralisée : « ma mère m’a toujours dit de ne point pleurnicher ni me morfondre car un homme m’a trouvé inférieur à lui. Mais ça me dépasse, c’est plus lourd que ma force. Veux-tu vraiment savoir ce qu’il m’a dit? L’homme que j’ai surestimé, celui que je croyais meilleur que tous les autres m’a enterré sans me tuer, il m’a tout arraché. »
(Les larmes de ma Nooria ruisselaient tel un torrent.) Sanglotant, elle me lança : « Abiba, te rappelle-tu?
Je t’avais dit que maintenant ma relation avec Assad est animée par une série de disputes dont j’ignore les origines?
(Par un mouvement mimique je répondis oui les yeux mouillés.) Comme nos querelles sont devenues un long métrage, nous avons décidé de prendre une pause afin que chacun puisse se revoir.
Soigner ce qui ne va pas. Mais Abiba sais-tu, lorsque deux êtres qui ne pouvaient faire une demie heure sans se contacter décident de prendre une distance cela veut dire qu’ils tirent vers la fin de leur relation? Je t’assure que c’est son idée à lui ».
Avant de nous quitter des larmes ardentes coulaient sur nos faces. Car chacun de nous laissait voir le mal.
Dès cet instant mon espoir s’évanouit. Mais dans toute chose il faut savoir prendre la bonne partie. Le hic est que le délai de la remise en question était personnel. Ne pouvant plus la laisser continuer, je lui arrachais la parole.
A quoi jouez-vous? Savez-vous qu’aucune relation interhumaine ne peut se cimenter sans s’entredéchirer?
Mais pour vous est devenue une coutume. Alors pourquoi tant de mésententes entre vous?
Me tourna le dos, Nooria me dit ceci : « sais-tu que l’amour est la cause ignorée de la mort précoce de certaines femmes?
Car par amour pour leurs conjoints, elles disparaissent et ces derniers ne s’en soucient point. Et, ta remplaçante pourrait être choisie durant tes funérailles. J’ai l’impression qu’Assad a trouvé une solution pour me séparer de lui… J’aurai préféré être tuée et manger par lui là, je résiderai en son sein pour toujours. Lui que j’aime beaucoup, que je surestime, lui à qui j’ai placé une confiance sourde et aveugle j’aperçois aujourd’hui qu’il est le plus petit des êtres… Il est sans cœur. Mais je l’aime malgré tout ».
Toutes ses paroles me font pleurer intérieurement, car je suis aussi une victime silencieuse… Mais je donne raison à Blaise PASCAL lorsqu’il dit que : «le cœur a ses raisons que la raison même ignore ».
Tout ce qui sort de son être trahi n’est que la vérité chaude. Après une longue promenade dans le champ d’amour de haine de ma confidente, nous trouvâmes un consensus.
Respecter la décision et attendre la suite. Mais je voulais qu’elle reprenne confiance en elle-même. Qu’elle allume ses ambitions pour vaincre son chagrin. Nonobstant, ça ne sera pas une tâche aisée.
Djénéba Naon