Bérégadougou : Aminata Souratié, une femme rurale au ”cœur de feu”
Au Burkina Faso, notamment dans la région des Cascades, l’agriculture est l’un des métiers de base. Bien que vu comme une activité pour hommes, nombreuses sont ces femmes qui travaillent vaillamment la terre pour subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leurs familles. Parmi elles, Aminata Souratié. Depuis plus de 25 ans, cette femme, en plus du champ de son mari, dispose de sa propre exploitation. Mousso News à pu la rencontrer le dimanche 2 juin 2024, pendant qu’elle était en pleine opération de défrichage dans son exploitation.
Sous un soleil de plomb déjà brûlant à 7 heures du matin, Aminata Souratié, la quarantaine d’années révolu, s’attelle avec ardeur à son champ d’arachides. Mère de trois enfants, cette femme courageuse ne ménage pas aujourd’hui, ses efforts aux côtés de son époux, lui aussi agriculteur. Dans cette commune rurale du Burkina Faso, les traditions veulent que le champ de l’homme soit la priorité, mais Aminata a réussi à obtenir de son mari quelques jours par semaine pour cultiver sa propre parcelle. Un véritable combat pour cette femme déterminée à subvenir aux besoins des siens.
Avec un rythme soutenu, Aminata défriche la terre, bêche le sol, arrache les mauvaises herbes, les regroupe, en vue de les brûler. Sous une chaleur écrasante avec plus de 35°C, la sueur perle sur son front, mais elle ne faiblit pas. Ses gestes sont précis, son regard concentré. On sent en elle une force indomptable, forgée par des années de labeur acharné dans ces terres arides.
Dans son entourage, on entend que les cris des oiseaux. Ici, son seul compagnon est son bidon d’eau de 5 litres qui lui permet de s’hydrater de temps à autre. « Je suis née à Bérégadougou mais mariée à Karanka (village de la commune rurale de Bérégadougou). Je fais ce travail depuis plus de 25 ans aujourd’hui. Je le faisais bien avant chez mon père avant de me marier dans les années 2004. C’est un travail qui n’est pas facile, mais je le fais pour assurer l’avenir de ma famille », confie-t-elle entre deux respirations profondes.
Avec l’argent de sa récolte d’arachides, Aminata confie qu’elle pourra aider son mari quand les choses sont difficiles, et aussi acheter ce dont ses enfants ont besoin pour l’école. « Certains de mes enfants sont partis étudier en ville. Quand c’est souvent difficile pour eux, c’est avec cet argent que je les dépanne », confesse la brave dame.
Dans cette région du Burkina Faso, les femmes rurales comme Aminata jouent discrètement un rôle essentiel pour la survie des leurs.
Bien que le champ de l’époux soit traditionnellement la priorité, certaines ont réussi, à force de négociations et de compromis, à obtenir un espace pour cultiver leur propre lopin de terre. « C’est un arrangement gagnant-gagnant et ce système existe depuis le temps de nos grands et arrières grands parents. Il est appelé Djangana en langue Turka », explique Aminata. « Mon mari a besoin de mon aide sur son champ, et j’ai aussi besoin de cultiver le mien pour subvenir à mes propres besoins. Ensemble, nous formons une équipe solide, chacun apportant sa pierre à l’édifice », soutient-elle avec fierté.
Tout en parlant, Aminata ne cesse de s’activer. Elle n’est ni à l’abri des reptiles (serpents), de la poussière ni du vent. À 17 heures, elle rentrera au village, les membres épuisés mais le cœur rempli de fierté.
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Malgré les conditions de travail éprouvantes, elle ne baisse jamais les bras. Au contraire, elle puise dans cette adversité une détermination à toute épreuve pour assurer l’avenir de sa famille. Son combat est celui de milliers de femmes rurales au Burkina Faso, qui œuvrent pour construire un avenir meilleur.
Selon Aminata Souratié, les jeunes filles doivent apprendre à respecter et à travailler pour soutenir discrètement leurs époux. Elle demeure convaincue que c’est uniquement à ce prix que les couples auront longue vie.
Léandre Sosthène SOMBIE/ Mousso News Bobo-Dioulasso