Bobo-Dioulasso: Quand la poterie devient le symbole d’une vie

Salimata Kienou, une véritable icône de résilience et de détermination, continue de laisser sa marque dans le quartier Dioulassoba de Bobo-Dioulasso depuis plus de 60 ans en tant que potière. À plus de 80 ans, elle incarne le savoir-faire transmis de génération en génération, ayant appris ce métier précieux de sa maman. Son expérience de plus de 70 ans dans ce domaine est un témoignage vivant de son amour pour son travail et de sa connexion profonde avec la matière première: la terre. Mousso News est allée à sa rencontre le dimanche 25 mars 2024.

Bobo-Dioulasso: Quand la poterie devient le symbole d'une vie 2
Les œuvres de Salimata

La poterie est la fabrication d’objets utilitaires en terre cuite. « Elle consiste à piler l’argile, la pétrir, la donner la forme souhaitée, la couvrir de dessins pour plus d’esthétique, avant de la faire passer finalement sous la vapeur« , nous explique Mme Kienou. Ce métier ancestral permet à Salimata de subvenir à ses besoins même à cet âge avancé. Malheureusement, elle fait face à un défi de taille. Elle déplore la rareté croissante de la matière première pour son travail. Les chargements d’argile, qu’elle achetait autrefois à 3000 FCFA, sont maintenant plus de trois fois plus chers, atteignant plus de 15 000 FCFA. Cette hausse spectaculaire des coûts de production ne décourage pas Salimata Kienou.

Lire aussi: Minata Coulibaly : À plus de 70 ans, elle fauche toujours de la paille au champ pour vendre – Mousso News

Malgré l’adversité, cette femme exceptionnelle ne se laisse pas abattre. Elle produit elle-même ses propres objets utilitaires en terre cuite, une démonstration éclatante de sa créativité et de son expertise dans le domaine. Des marmites traditionnelles aux canaris, en passant par les tirelires, les assiettes et les gobelets, chaque pièce qu’elle confectionne est empreinte de son savoir-faire unique et de son amour pour l’artisanat.

Bobo-Dioulasso: Quand la poterie devient le symbole d'une vie 3
Salimata en train de confectionner un canaris

Chez notre mordue de la poterie, les objets, il y en a pour tous les prix. « Les canaris par exemple, il y en a qu’on vend à 3 000 FCFA, 4 000 FCFA et même plus. Sur une vente, nous pouvons avoir 1 000 ou 1 250 FCFA comme bénéficie. Et le prix est fonction de la taille et de la complexité de l’article en question. Ce métier est vraiment porteur », informe la potière.

Elle regrette cependant le fait que le métier soit négligé par la jeune génération. Selon elle, beaucoup le trouve salissant, épuisant et sans alternatives. Salimata Kienou encourage les jeunes filles à toujours apprendre à faire quelque que chose de leur deux mains, malgré leurs diplômes. « Depuis l’enfance, j’ai initié ma petite fille. Aujourd’hui, elle arrive à confectionner tout type d’objets à l’aide de la terre. Cela lui permet se faire de l’argent de temps à autre« , confie-t-elle.

Au-delà de son travail, Salimata est également un pilier dans sa communauté. Les habitants la considèrent comme une conseillère bienveillante, prête à écouter leurs problèmes et à leur offrir des mots réconfortants. Sa bienveillance et sa sagesse font d’elle une figure respectée et admirée de tous. « C’est notre maman à tous. Elle nous explique les bonnes attitude que doivent avoir une femme. Elle est toujours disponible et prête à trouver des solutions aux problèmes de quiconque l’approche« , soutien une voisine que nous avons croisé à l’atelier de Mme Kienou.

Bobo-Dioulasso: Quand la poterie devient le symbole d'une vie 4

Pour Salimata Kienou, la poterie fait partie des traditions. Il est donc important dit-elle, de la préserver et de la valoriser.

Léandre Sosthène SOMBIE/ Mousso News Bobo-Dioulasso

Partagez

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *