Burkina : le Chitoumou, chenille de karité, à la conquête du marché Ouagalais
Le Chitoumou ou chenille de karité à la mayonnaise accompagné de pain. Un fastfood de plus en plus prisé par des Ouagalais. Des femmes se frottent les mains dans la vente de ce met particulier, connu pour être plutôt consommé à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina.
Le chitoumou ou chenille de karité s’y s’impose de plus en plus dans les habitudes alimentaires des Ouagalais. Certains en raffolent. Et les lieux de ventes pullulent dans plusieurs quartiers.
Dans une ruelle près de l’avenue de la jeunesse à Nonsin, Bintou Coulibaly, une ressortissante de la ville de Bobo se frotte les mains avec la vente de sandwich de chitoumou. « Je vends depuis deux ans et ça ne suffit pas », dit-elle, toute heureuse. Plus besoin d’attendre la période, généralement pendant la saison des pluies. Le chitoumou frais est séché pour être consommé durant toute l’année.
Après donc le constat de l’engouement des ouagalais pour ce met bobolais, Bintou flaire le business. Dès 15h, son lieu de vente ne désemplit pas. « Je vends du chitoumou accompagné de pain. J’ai beaucoup réfléchi avant de me lancer dans ce commerce vu que ce n’est pas un repas très connu à Ouagadougou », dit-elle.
50 à 60 miches de pain par jour
50 ou 60 miches de pain sont vendues entre 15h à 19h à en croire Bintou Coulibaly. Les prix vacillant entre 200 à 1000F CFA. La demande dépasse l’offre, dit-elle, et les bénéfices vont de 8 000F à 12 000F par jour. « Tout dépend de la période. En avril et mai, ça ne marche pas bien et la boîte coûte chère », précise toutefois la vendeuse.
Plus loin dans le quartier Tampouy, Sidonie, 30 ans est aussi une bobolaise qui propose le chitoumou aux consommateurs ouagalais. Ses heures de vente vont de l’après-midi jusqu’à 20h. « Le chitoumou se mange aisément et se digère bien », commente la commerçante. « Je commence à préparer vers 13h et avant 15h, tout est prêt. Je vais ensuite chercher le pain à boulangerie avant de sortir pour la vente aux abords de la voie publique » ajoute-t-elle.
Une clientèle variée
« Il n y’a pas que des bobolais ou bobolaise qui consomment le chitoumou à Ouaga. Des membres d’autres communautés en raffolent également » constate Sidonie, le sourire en coin. Du mépris ou des rejets sont parfois constatés sur la consommation de ce met, mais beaucoup se cachent pour en manger selon les vendeuses. Charifatou Zango, native de Ouagadougou et étudiante en Sociologie est une grande consommatrice des chenilles. « Je ne connais pas Bobo, et je ne sais pas comment j’ai découvert ce met, mais je l’ai aimé au premier gouté », reconnait l’étudiante.
Chaque jour à la descente de l’école, Charifatou fait une halte chez Sidonie pour prendre son ‘’gouté’’. « Avec 300 FCFA, j’ai une demi-miche de pain que je déguste. Le chitoumou a un goût inexplicable », poursuit l’étudiante, visiblement conquise.
Alassane Soré, fonctionnaire, a découvert le met lors d’une mission dans la ville qui pourrait être qualifiée de capitale de la chenille de karité, Bobo-Dioulasso. « Pendant une mission à Bobo en 2017, un collègue m’a offert une portion de pain aux chenilles et depuis lors je suis devenu accro. Avant je les faisais cuisiner par ma femme mais depuis que j’ai su que les femmes ont commencé à commercialiser dans des quartiers, je ne manque pas d’acheter chaque soir en rentrant du boulot » fait-il savoir.
Ecouter aussi notre reportage: Bobo Dioulasso, comment le chitoumou fait vivre les femmes
MoussoNews/StudioYafa