Burkina : plus de 65 villages de la région du Centre abandonnent l’excision et le mariage d’enfant
Dans le cadre de ses campagnes de sensibilisations sur les violences faites aux enfants dans 60 villages de la région du centre, l’association « Voix des Femmes » a organisé ce Vendredi 16 décembre une cérémonie de Déclaration publique dans le village de Sogpelsé. A cette occasion, toutes les couches sociales dudit village ont déclaré mettre fin à l’excision, au mariage des enfants et à toutes formes de violences faites aux enfants.
Dans le souci de promouvoir et protéger les droits des femmes et des enfants, l’association « voix des femmes » a procédé à la mise en œuvre d’un projet dénommé consensus communautaire pour mettre fin au mariage d’enfant, aux violences sur les enfants et aux mutilations génitales féminines dans 64 villages de la région du centre. Le projet est mis en œuvre dans un contexte où le mariage d’enfant, l’excision et les violences faites aux enfants sont des pratiques traditionnelles généralement répandues dans la plupart des pays africains. « Elles sont comme des normes sociales que des familles ont intériorisées et perpétuent dans le but de se conformer aux exigences sociales et communautaires, et sont également l’une des manifestations de l’inégalité du genre et de violence à l’égard des femmes et des filles au Burkina Faso » affirme la vice-présidente de « Voix des Femmes ».
Pour Higo Marcelline, directrice technique de la prévention et de la lutte contre les violences basées sur le genre et représentante de la directrice générale du genre, cette cérémonie est un acte fort en ce sens que qu’elle va inciter toutes les autres localités du Burkina à s’inscrire dans la même dynamique où il faut abandonner toutes ces pratiques qui portent atteinte à l’intégrité des enfants, des femmes, notamment en ce qui concerne l’excision.
Une déclaration publique, fruit d’un long processus
Après la présentation d’un théâtre sur les méfaits de l’excision, du mariage d’enfants et de toute forme de violence sur les enfants, toutes les couches sociales telles que les chefs coutumiers, les leaders des différentes religions, les représentants des femmes, jeunes et enfants ont déclaré publiquement d’abandonner toutes ces pratiques néfastes. La cérémonie marque le couronnement du processus de mobilisation des populations autour des objectifs qui se résument au fait d’amener les différentes communautés des villages cibles à confirmer publiquement leur engagement pour la tolérance zéro de la mutilation génitale féminine, au mariage d’enfant et à toutes sortes de violences faites aux enfants dans les 60 villages de la commune rurale. « La fin de toutes ces pratiques est aujourd’hui une exigence, incontournable pour le développement de nos nations. Plus vite nous allons nous engager dans le respect de cette exigence et aboutir à la tolérance zéro de ces pratiques, plus vite nous allons construire les conditions et les bases du développement économique de notre pays», relate Higo Marcelline.
Selon Raphaël Zongnaaba, coordinateur de « Voix des Femmes », l’aboutissement de cette déclaration est le fruit d’un long processus qui intègre et la communication et la prise en charge, et le transfert cash qui consiste à envoyer de l’argent aux familles où il y a des filles vulnérables pour qu’on puisse assurer la protection et la prise en charge de ces filles. Les différentes actions menées au préalable sont entre autres le recensement de tous les enfants de 0 à 19 ans, la répartition de ces enfants en clubs animés pratiquement chaque semaine avec différents thèmes traités, les animations communautaires, les séances de sensibilisation, les théâtres fora, les plaidoyers auprès des leaders coutumiers et religieux, et des différentes couches sociales. C’est à la suite de cela que s’est faite l’adhésion qui s’est matérialisée par des déclarations.
« La déclaration n’est pas forcément ce qui mettra fin à ces différentes pratiques, mais elle est très importante en ce sens qu’il y a une grande partie qui accepte de vraiment abandonner toutes ces pratiques aux regards des conséquences négatives. Nous sommes sûr que cette majorité pourra impacter les autres » rassure Higo Marcelline.
Congo Emmanuella Wend-Zoodo Heureuse/Stagiaire