« Ce sont les femmes qui préservent, valorisent et transmettent les valeurs traditionnelles…» Juliette Kongo
Juliette Kongo est convaincue que tout part de la femme. Traditionnaliste, elle est fortement attachée aux us et coutumes de son ethnie – mossi-. Initiatrice du musée de la femme de Kolgondiesse, qui met en lumière leur rôle dans la société, elle apprécie l’instauration du 15 mai, journée dédiée aux traditions. Elle entend initier des actions de sensibilisation pour les jeunes filles, des prestations d’art culinaire, des jeux de société et une causerie avec les enfants sur les valeurs ancestrales. Interview
-Que pensez-vous du 15 Mai décrétée journée des coutumes et traditions ?
Je suis très contente que le gouvernement ai instituée cette date. C’est comme si on rendait enfin justice à nos valeurs ancestrales, à notre coutume, à notre tradition. Toutes les autres religions sont venues trouver nos croyances africaines. Elles se sont imposées à nous, ils ont même voulu effacer nos valeurs traditionnelles et nos coutumes. Mais avec l’avènement de la révolution des jeunes dont le Capitaine Ibrahim Traoré, si je peux le dire ainsi, cela nous permet d’avoir la capacité d’avoir aussi notre journée à fêter.
En plus, je tire mon foulard au Naaba Panangtugri de Manega pour avoir fait les démarches et s’est vraiment battu pour que les traditions puissent être prises en compte dans l’échiquier Burkinabè. Je pense que c’est vraiment une bonne opportunité et on est fière.
-Qu’est-ce que cela implique réellement ?
Cela implique que nous puissions de façon officielle revenir à nos valeurs traditionnelles parce que les religions révélées nous ont complètement arraché et les occidentaux sont venus nous arracher carrément tout ce que nous avons comme racine. Actuellement vous pouvez remarquer que beaucoup d’africains étaient devenus des êtres hybrides ne sachant pas où aller et comment se comporter. Nous étions arrivés au croisé des chemins où les gens n’arrivaient plus à se retrouver et cela à engendrer beaucoup de problèmes de société complètement facturée et l’indiscipline a gagner le terrain et maintenant le terrorisme qui est venu mettre à plat nos communautés à terre.
L’instauration de cette journée des cultures va amener chacun à penser un peu à comment redynamiser les valeurs traditionnelles, revaloriser notre patrimoine culturel et ancestral et c’est justement à cela que nous nous évertuons depuis plusieurs années, à sensibiliser les gens pour leur permettre de comprendre que tu ne peux pas invoquer les saints des autres pour te développer ce n’est pas possible. Il faut invoquer tes propres ancêtres méritants pour pouvoir se développer. La valorisation de notre patrimoine culturel va permettre à ce que le pays décolle sur tous les plans et j’en suis sûre.
-Comment cette journée devrait-elle être célébrée selon vous ?
Il m’est difficile de dire comment la journée va être célébrée, chacun à son niveau va faire son activité.
Au niveau de la place de la nation, il y’a des programmations d’activités, au niveau du palais du Moogho Naaba, il y’a également un programme. Dans toutes les chefferies, il y’a pratiquement un programme.
De mon côté j’ai décidé de faire une activité sur le site de mon musée pour permettre à la jeunesse de venir communier avec nous en cette journée. Et elle s’articule sur des actions de sensibilisation pour les jeunes et jeunes filles, les prestations d’art culinaire, les jeux de société et une causerie avec les enfants sur nos valeurs traditionnelles. Après la préparation des mets traditionnels que nous allons instituer comme concours d’art culinaire, on va faire la dégustation à partir de 13h pour permettre à ceux qui vont venir pour cette journée de découvrir les mets du terroir.
–Comment les femmes peuvent marquer ce jour ?
Ce sont les femmes qui préservent les valeurs traditionnelles, ce sont elles qui transmettent et ce sont elles qui valorisent. Ce jour-là, les femmes vont se mettre à la tâche pour permettre à la jeune génération de connaitre les technique culinaires, les techniques pour s’occuper de la maison et l’organisation du quotidien de la femme. Tout va être renseigné aux jeunes filles en ce 15 mai.
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-Est-ce que cette initiative aura véritablement un impact sur les croyances et les communautés ?
Bien sûr que l’initiative aura un impact sur les croyances et les communautés. Depuis un certain moment, depuis que le président Ibrahim Traoré a commencé à parler du retour aux sources, vous voyez que les choses s’accélèrent et il y a un grand engouement autour de cela. Il y aura donc un impact.
-Qu’avez-vous prévu comme activités au sein du Musée de Kolgondiesse ce 15 mai ?
Depuis le 8 mars 2008, chaque fois que la possibilité nous est donnée nous organisons des causeries, des conférences, des causeries débat avec les jeunes, des soirées de conte autour du feu, des rencontres sur les retours de la source.
Il y’a toujours des activités éducatives au musée de la femme de Kolgondiesse. Et elle va s’accentuer davantage, l’engouement est tel qu’il va falloir que nous puissions mettre les moyens pour pouvoir accueillir tout le monde.
Il y a des familles qui se sont déjà annoncées. Il y en a qui veulent venir passer la nuit pour voir comment les gens vivent au village. Il y’en a qui n’ont jamais été dans leur village, qui ne connaissent même pas la vie au village et qui veulent venir vivre l’expérience avec nous au musée de la femme. Ils sont la bienvenue et je pense que c’est vraiment une grande opportunité pour nous de faire revivre nos valeurs ancestrales, nos pratiques traditionnelles qui permettaient la cohésion sociale et la vie en communauté.
Annick HIEN/MoussoNews