Célibataire : La vie en misère programmée ?
Être célibataire semble nous soumettre à un code social invisible qui dicte nos achats, détermine nos dépenses, et, surtout, établit ce que nous « méritons » en matière de confort. La société impose des règles non écrites qui enferment les célibataires, en particulier les femmes, dans des cases étroites, comme si le bonheur et l’ambition étaient des privilèges réservés aux couples.
Prenons un exemple : une femme célibataire décide de s’acheter un véhicule, un matelas, un drap ou même une belle couette pour se faire plaisir. « Tu es célibataire et tu te payes ça ? », « À quoi ça te sert d’investir dans de belles choses alors que tu es seule ? ».
Apparemment, quand on est célibataire, on est censé vivre comme un campeur, avec le minimum : un matelas au sol, deux casseroles, et puis c’est tout. Le confort ? C’est réservé aux gens en couple, voyons. Ce message implicite “attend d’être en couple pour mériter le confort” crée une norme où le célibat devient synonyme de “vie d’attente”, et l’épanouissement individuel, une exception ou une extravagance.
Ce traitement pèse particulièrement sur les femmes, qui, en plus de faire face à des remarques intrusives telles que « tu attends quoi pour te marier ? », subissent un discours paternaliste dès qu’elles cherchent à se défendre. « Femme frustrée », « célibataire amère ».
Ces stéréotypes tendent à les isoler davantage, comme si l’épanouissement personnel d’une femme sans partenaire était anormal, voire suspect. Ainsi, le célibat est perçu non seulement comme un état provisoire, mais comme un défaut de parcours qu’il faut corriger.
Ces jugements, répétés et pesants, ne sont pas sans conséquence sur le bien-être psychologique des personnes concernées. Les célibataires, sans cesse confrontés à des questionnements sur sa situation et à des remarques sur ses choix de vie, peut finir par intérioriser ces critiques et ressentir un malaise, voire une forme de culpabilité. Ces pressions peuvent jouer sur leur estime de soi et créer un sentiment de dévalorisation, nourrissant l’idée erronée que leur statut matrimonial reflète leur valeur personnelle. En particulier, les femmes célibataires peuvent éprouver une anxiété accrue, se sentant indignes du bonheur et du confort simplement parce qu’elles n’ont pas encore, ou ne souhaitent pas, un partenaire à leurs côtés.
Il est temps de libérer les célibataires de ces injonctions sociales étouffantes et d’accepter qu’ils méritent tout autant que les autres de vivre bien, de se faire plaisir, et de s’épanouir. La valorisation de l’épanouissement individuel, qu’il soit dans le célibat ou dans le couple, contribuerait ainsi à créer une société plus inclusive et plus respectueuse des choix de chacun.
Yasmine Ouédraogo