« Certains hommes digèrent mal le fait d’être commandés par une femme » Christiane Sanou, DG SNC
Mousso News est allée à la rencontre de l’actuelle Directrice générale de Semaine nationale de la culture (SNC), Christiane Sanou, le 23 janvier 2024, à Bobo-Dioulasso. Entre parcours académique, professionnel, difficultés rencontrés, défis relevés et ambitions futures, cette mordue de la culture nous ouvre tout le livre de son histoire.
Courageuse, déterminée, persévérante, passionnée, résiliente, audacieuse, inspirante, charismatique, visionnaire, engagée, talentueuse, joviale, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire cette dame de culture connu de tous : Christiane Sanou. Venue de loin, la jeune fille commence le primaire à l’école “Sikassossira A” de Bobo-Dioulasso. Elle fait le premier cycle de 1979 à 1983 au collège Sainte-Thérèse de Banfora. Après son BEPC, elle poursuit le second cycle au prestigieux Collège de Tounouma à Bobo-Dioulasso. Baccalauréat série A en poche, Christiane rejoint la faculté de Droit à l’université de Ouagadougou, où elle obtient son diplôme de Licence.
Le début d’une grande carrière professionnelle
Faute d’emploi à l’époque, elle s’inscrit et fait le Service national de développement (SND), au Lycée mixte de Goughin à Ouagadougou. Après cette aventure, elle effectue des stages au privé, secteur dans lequel elle finit par décrocher un emploi dans une entreprise. Elle y fera 5 ans avant de passer le concours de juristes sur mesures nouvelles, qui était lancé par le ministère de la Communication et de la Culture en son temps. Super brillante, Christiane est parmi les 3 personnes à être retenu à l’issue des épreuves.
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C’est le début de sa carrière professionnelle au public. Pour un premier poste, elle est affectée au musée national de Ouagadougou en 2001 comme Cheffe de service juridique. Ayant fait ses preuves, elle est ensuite responsabilisée comme contrôleur interne dans la même boîte.
Le retour sur les bancs
De 2006 à 2009, la jeune fonctionnaire souhaite passer à un autre niveau de sa carrière. Elle retourne sur les bancs de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) pour se former en conservation de musées. Elle avait pour objectif principal de s’imprégner du volet patrimoine et culturel. Elle finit cette formation en 2009. Tout juste après, elle est immédiatement responsabilisée pour la formation des professionnels de musées dans le cadre d’une coopération entre le musée national et l’UNESCO.
En février 2020, Christiane Sanou est sous l’effet des projecteurs. Elle monte en grade avec sa nomination en tant que Directrice régionale de la Culture, des Arts et du Tourisme de la région des Hauts-Bassins. Elle passe deux années à la tête de ce département avant d’être nommée comme Secrétaire technique de la Semaine nationale de la culture (SNC), afin de permettre de réfléchir sur une possible autonomisation de la structure.
Sous son règne, la SNC devient un EPE
Selon Christiane Sanou, cela visait à faire évoluer la SNC d’une simple direction, en un Établissement public de l’Etat (EPE). « Normalement, je devais faire cela en 3 ans, mais les agents du ministère ont proposé que je le fasse en 6 mois. Quand cette proposition est parvenue au ministre, il a instruit que l’on fasse la fusion de la SNC et de la maison de la culture en trois mois. Pendant que nous étions à ce niveau, le haut sommet a exigé que nous le fassions en un mois. C’était la pression totale », explique Christiane Sanou, avant de préciser que ce grand défi a finalement été relevé.
C’est à l’issue de ce “gros boulot” que Mme Sanou est montée en grade, en devenant la première à occuper le poste de Directrice générale de la SNC-MC, comme établissement public de l’Etat à caractère administratif. « Les statuts ont été adoptés et le conseil d’administration a été mis en place un peu plus tard en Octobre 2023 », ajoute Christiane Sanou.
Des difficultés, elle en rencontre toujours, mais elle a le moral au top
Comme difficultés au long de sa carrière et surtout à ce poste, la Directrice de la SNC note le fait que certains hommes digèrent mal le fait d’être commandés par une femme. « Il y a d’autres également qui doutaient de mes capacités à gérer. Mais ils ont compris à présent. J’ai entièrement confiance en moi. Si les hauts responsables m’ont confié cette tâche, c’est parce que j’avais la capacité de pouvoir la gérer. Cet esprit de confiance demeure toujours en moi“, insiste Mme Sanou.
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Si cette dame a pu atteindre ce niveau aujourd’hui, ce n’est non-seulement pas à cause de son niveau d’éducation académique, mais en grande partie à cause des valeurs intérieures qu’elle développe. En effet, beaucoup de collaborateurs de Mme Sanou, reconnaissent son attachement au travail bien fait. En plus, elle a su intégrer en elle, des valeurs comme l’intégrité, la transparence, la simplicité, l’humilité, la discipline et la cohésion. Toute chose qui lui permet de rassembler et de manager son équipe.
23 ans de service rendu à la nation
En 23 ans de fonction aujourd’hui, les mérites de Christiane Sanou ont plusieurs fois été reconnus par les plus hautes autorités. En 2012, elle a été faite Chevalier de l’ordre du mérite par le ministère des Sports. En 2021, après ses 20 ans de service, elle a été décorée Chevalier de l’ordre du mérite, des Arts, des Lettres et de la Communication. Il faut noter que les attestations de reconnaissances de cette dame ne se comptent plus.
Comme ambition future, la Directrice générale de la SNC, Christiane Sanou entend relever le pari de l’organisation de la 21ème édition de la biennale de la SNC, qui est prévue se tenir du 29 avril au 4 mai 2024. Elle compte aussi faire de la construction de la cité des artistes, une réalité. Le reste, elle le confie au tout puissant.
Un message à l’endroit des jeunes filles qui se laissent tenter par le désespoir
Selon Christiane Sanou, s’il y a un conseil pour les jeunes filles d’aujourd’hui, c’est de ne pas se laisser gagner par le désespoir. Elle affirme que les difficultés il y en a certainement. Mais la finalité, c’est d’arriver à les surmonter. Pour cela, elle invite les jeunes filles à bannir la paresse de leurs vies. “Beaucoup de jeunes filles aujourd’hui sont intelligentes. Mais elles sont majoritairement paresseuses. À la moindre difficulté, elles veulent abandonner. Il faut que les filles arrêtent de penser qu’un homme doit forcément prendre soin d’elles. Elles doivent plutôt se battre pour leur propre autonomisation“, lance-t-elle et d’ajouter que « Tout repose sur la femme. Même si elle travaille, elle a le devoir d’avoir un œil sur ses enfants et de prendre soin de son époux. Ce qui veut dire qu’être une femme surtout au foyer, demande beaucoup de courage. La paresse n’a aucune raison d’être chez une femme digne de ce nom ». Elle rappelle que les parents aussi doivent tout mettre en œuvre pour inculquer le sens de la combativité aux jeunes filles dès leurs bas âges. C’est seulement à ce prix dit-elle, que le Burkina Faso pourrait avoir des hommes et femmes de valeur.
Léandre Sosthène SOMBIE/ Mousso News Bobo-Dioulasso