Chronique : les – hummm- de Mariam Vanessa Touré sur la femme africaine

À chaque étape de ta vie tu es sujette à certains préjugés. Que tu sois célibataire, mariée, divorcée ou veuve, il y a toujours une étiquette que l’on te collera. Disons-le net, en Afrique le statut de la femme semble être le déterminant, l’unité de mesure de sa “réussite sociale “. Les clichés la pourchassent, même quand elle n’a commis aucun tort.

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Hummm, Lorsque tu es mariée, tu as réussi à moitié ta vie aux yeux de la société. L’autre moitié ne sera complétée qu’après quelques mois, lorsque tu auras donné des enfants à ton homme.

Même le sexe de tes enfants n’échappe pas aux supputations, car il te faut donner au moins un garçon, l’héritier l’appelle-t-on. C’est ainsi, même si aujourd’hui les mentalités ont un peu évolué à ce niveau. Certains semblent avoir compris que tout ce que le garçon fait, la fille le peut également! Elle peut même jouer au football comme Lionel Messi et Crisitiano Ronaldo !

Si par malheur tu restes longtemps mariée sans que des rires et des pleurs d’enfants ne se fassent entendre dans le foyer, tu es celle qui sera la première indexée, jamais l’homme. Dans nos sociétés, stérilité se conjugue au féminin et un mariage sans enfants est synonyme d’échec pour la femme même si le problème ne vient pas d’elle.

Et prie pour que le divorce ne s’invite pas dans ton couple. Une femme qui divorce dans notre société, Hummm… On ne cherchera pas les causes, car on décrète que tu es de la mauvaise graine, pas un modèle à suivre.

Car une bonne femme c’est celle qui accepte d’endurer les pires humiliations (infidélité, violence conjugale…) dans son foyer au nom de ses enfants.

Oui une bonne femme en Afrique ça ne divorce pas.

Que dire de la femme célibataire en Afrique!? Han! Catastrophe !

Les reproches pleuvent, intarissables: elle trie trop les hommes, elle est trop compliquée, elle cherche un homme riche, beau, grand, yeux bleus, dents blanches, nez pointu, lèvres roses, jambes arquées et que sais-je encore !

Même si vous gagnez bien votre vie et que vous êtes loin d’être dans le besoin, le discours restera que votre réussite est incomplète car vous n’êtes pas mariée. Et comme vous n’êtes pas mariée vous ne pouvez pas être heureuse dans votre vie.

D’aucuns utiliseront ce statut pour expliquer ou bloquer votre ascension professionnelle et sociale.

En la matière une femme mariée sans emploi est mieux appréciée qu’une célibataire avec emploi.

De toutes les façons une célibataire qui réussit, ce n’est jamais par ses propres compétences.

On vous rappellera votre âge qui avance pour ne pas rester “vieille fille”, et on vous ressassera que la ménopause frappe à la porte. Une célibataire sans enfant, le “c.r.i.m.e” devient parfait.

Gare à toi si tu dis que le mariage n’est pas une fin en soi. Là tu seras taxée d’aigrie, jalouse de ta sœur ou ta voisine qui, par peur du doigt accusateur des gardiens et gardiennes de la tradition ont accepté, la mort dans l’âme leur place de 3ème, 4ème ou 5ème femme du vieil ami de l’oncle ou du riche boutiquier du quartier.

Entre le harcèlement de ceux qui pensent que tu es en manque et la méfiance de celles qui croient que tu les envies du fait de leur statut de mariée, tu seras surveillée comme du lait sur le feu.

Quant à la femme veuve, hummm... elle mérite peu de compassion, souvent taxée de responsable de la mort de son mari. Elle sera fuie comme la peste et aura ainsi du mal à en trouver un autre car taxée de ” femme qui porte malheur “.

Et si par chance un candidat se présente, c’est encore elle qui sera vue comme sans cœur parce qu’elle ose refaire sa vie.

Que dire de la concubine, la maîtresse, le deuxième bureau ou la Tchiza?

Si la concubine vit une union de fait, stable et continue en couple, sans avoir célébré l’union de façon officielle, il reste que ce statut est aussi mal vu sous nos tropiques.

Cette situation de ni mariée ni célibataire ou “d’étude qui ne finit pas”, est toujours au détriment de la femme.

Encore une fois le tort lui revient d’avoir accepté de vivre une union sans mariage, alors que dans notre culture c’est l’homme qui “marie” la femme.

Et souvent la peur de se retrouver dans le célibat et l’espoir sans fin de se voir passer la bague au doigt la maintient dans cette relation. Et si demain elle se retrouve mise à la porte, c’est encore elle qui n’a pas su garder son homme.

Cette peur et cet espoir, elle la partage avec la maîtresse, deuxième bureau ou Tchiza, elle aussi en union libre avec un homme, sauf que ce dernier est déjà marié.

Tu deviens alors “voleuse de mari” et traitée de tous les noms d’oiseaux. Encore une fois, c’est la femme qui est condamnée et non l’homme, lui qui, pourtant est celui qui a juré fidélité et est tenu par les liens sacrés du mariage mais va chercher ailleurs !

Mariée ou divorcée, célibataire ou veuve, concubine ou maîtresse, la femme africaine reste sous l’emprise de la société. Cette dernière tend à lui dicter sa conduite en plus de la culpabiliser sans rien savoir de sa vie et de son vécu. Et on oublie souvent, que la pauvre dame ne choisit pas sa vie, car c’est la vie qui s’impose à vous.

Choix assumé ou imposé, qui que vous soyez, quoi que vous fassiez, vous serez toujours critiquée, indexée, vilipendée.

Alors vivez votre vie, l’essentiel est d’être en harmonie avec vous-même, votre conscience et le Tout Puissant.

Mariam Vanessa Touré

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