Chronique : les – hummm- de Mariam Vanessa Touré sur ”Vous avez dit influenceur/influenceuse? ”

L’actualité culturelle au Burkina Faso a vibré au mois dernier en mode influenceuses. Annonces en grande pompe, affiches et spots publicitaires en boucle dans les médias et sur les réseaux sociaux. Recalée ou présente, deux influenceuses de la sous-région étaient des guest-stars et invitées d’honneur de ces événements majeurs de notre pays.

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Un autre événement culturel, cette fois-ci, hors de nos frontières a aussi captivé et montré tout l’engouement et l’intérêt des Burkinabè pour des influenceurs et influenceuses en scène à l’occasion. Il n’y a qu’à voir les captures d’écran, les partages et les commentaires sur l’un ou l’autre influenceur/se.

Il faut se rendre à l’évidence, des Burkinabè sont sous l’influence ou fascinés par ces stars des réseaux sociaux tous domaines confondus, venus en grande partie d’autres cieux.

Alors où sont nos influenceurs Burkinabé ?

D’abord qu’est-ce qu’un influenceur/influenceuse? Il faut savoir que le terme, relativement nouveau, est utilisé pour désigner les blogueurs, youtubeurs, instagrameurs et tous ceux qui s’adressent à d’importantes communautés sur les réseaux sociaux.

Ces femmes et hommes, tous domaines confondus, ont su s’imposer dans leurs relations avec leurs abonnés ou fans (followers) au point d’acquérir une notoriété qui dépasse les frontières de leurs pays d’origine. D’autant qu’avec Internet, le monde n’est qu’un village planétaire où les distances ont complètement disparu.

Certains influenceurs/influenceuses en ont tiré profit au point d’évoluer aujourd’hui dans le marketing d’influence ou influence marketing.

Cette pratique permettant à une marque de faire la promotion de son produit, service ou événement, en s’appuyant sur la notoriété d’influenceurs/influenceuses.

Et oui! C’est du business. Ya l’argent dedans… Pour emprunter l’expression d’une publicité bien connue de chez nous.

Notoriété, forte communauté sur le Méta. Hummm… Voilà justement ce qui définit, en premier lieu, un influenceur ou une influenceuse. Viennent ensuite sa personnalité, sa réactivité et sa créativité. Toutes choses auxquelles il faut faire preuve de passion, d’empathie, savoir rebondir et être agile.

D’aucuns diront qu’il faut savoir surfer sur le buzz ou en créer. Bref, il faut être un bon communicant quel que soit le domaine choisi. Cela peut aller du plus ridicule au plus gratifiant en passant par le plus révoltant ou choquant.

Intéresser, séduire, attirer, motiver, choquer tout est exploitable sur Meta. C’est en cela qu’on parlera de bonne ou mauvaise influence.

Attention juste à ne pas être des moutons de Parnuge, car c’est avant tout un rôle que jouent ces influenceurs/influenceuses.

Les Burkinabè sont-ils prêts maintenant à se mettre dans le “game” et à soutenir et aduler les siens comme ils savent si bien s’accommoder pour d’autres ?

J’en connais beaucoup qui s’essayent et qui le font très bien. Des artistes musiciens, comédiens en passant par des animateurs/animatrices TV et radios… Bref de jeunes entrepreneurs dans plusieurs domaines… Le hic, c’est qu’ils manquent de visibilité au milieu de compatriotes prompts à “avaler” sans retenue tout ce qui vient d’ailleurs et à accorder une moindre importance “au local”, ce qui vient de chez eux, qu’il soit de qualité supérieure.

Hummm… Il faut donc que les Burkinabè, eux-mêmes, sachent, acceptent et se convainquent d’avoir chez eux ce qu’ils adulent ailleurs.

Cela relève de la capacité de chacun à se faire confiance, à avoir confiance aux siens et à se défaire de tout complexe d’infériorité ou de supériorité. “Consommons burkinabè” ne se résume pas seulement aux aliments et aux effets d’habillement. Ce slogan porte aussi sur les créations de l’esprit.

La starmania semble ne pas être dans les gènes des Burkinabè.

Et c’est là le paradoxe, aduler ce qui vient d’ailleurs et maintenir les siens dans cette légendaire modestie qui compromet toute starmania et vedettaria. Il n’y a qu’à jeter un regard sur les pages des stars autour de nous, les plus grands fans et gros abonnés sont les nôtres. En retour, faites un tour sur celles de nos artistes et grandes stars tous domaines confondus. C’est la désolation.

Le patriotisme, c’est aussi booster la carrière et les pages de ses compatriotes afin qu’ils aient le même niveau d’influence que ceux que vous adulez ailleurs. Car la force des stars et autres influenceurs/es, ce sont leurs fans et abonnés. Pour parler familièrement, c’est “l’homme qui fait l’homme”. C’est le local qui fabrique l’international.

Aux Burkinabè de comprendre cet élan patriotique s’ils veulent que leurs compatriotes bénéficient d’une notoriété internationale au point de se voir inviter, avec tous les honneurs, hors des frontières avec des contrats à la hauteur de leur renommée.

Et pourquoi pas être accueilli en pleurs, avec danses et applaudissements dans les aéroports comme ils savent si bien le faire pour celles et ceux qu’ils accueillent chez eux. C’est Afrique qui gagne certes mais pensons Faso d’abord.

A nos compatriotes qui s’investissent dans le rôle d’influenceur/influenceuse, faites nous rêver ou vendez- nous du rêve. C’est à ce prix que les autres parviennent à gagner notre abonnement à longueur de journée ! Nous sommes 22 millions de potentiels influenceurs/influenceuses, de fans et d’abonnés au Burkina Faso. Alors le monde culturel, du show-business burkinabè, il est temps de secouer le karité.

Mariam Vanessa Touré

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