Club PMU’B : Une véritable autonomisation financière des femmes
Des enfants envoyés en études à l’extérieur du Burkina Faso. Une ou des maisons construites. Des voitures et moto achetés, du tissu familial soudé et ressoudé, des emplois au profit des jeunes filles crées…, la liste des bienfaits qu’à procuré la Loterie nationale Burkinabè (Lonab) aux femmes du pays sont énormes selon elles-mêmes. De Bobo-Dioulasso à Ouagadougou en passant par Boromo ou Fada N’Gourma, des femmes disent ‘’barka’’ à cette société de l’Etat.
Kadidia, Salimata, Nathalie. Ces femmes de la cinquantaine d’âge se disent toutes reconnaissantes à la Loterie nationale burkinabè. « Quoi que et malgré quelques difficultés que nous avons parfois eu dans la vente du PMU’, en toute honnêteté, je suis très reconnaissante à la Lonab. Je dis MERCI à cette maison, qui, je peux le dire, nous a fait », témoigne Tou Koné Nathalie épouse Noya ou encore la Z137.
Z317, ou Z037, Z765… c’est par ces codes que les gestionnaires des club PMU s’identifient et se reconnaissent. L’aventure débute, en effet, pour la Z137 en 1991. Elle était d’abord vendeuse de kiosque dans le quartier Pissy de Ouagadougou. Pour passer en club, des gestionnaires ont plaidé auprès de la Lonab afin d’être recruté comme des salariés. La structure a proposé plutôt l’informatisation de la vente et l’opportunité d’être affilié à une banque pour le virement bancaire. « Avec le virement bancaire, beaucoup de choses ont évolué chez les femmes détentrices de club », informe la Z137.
Parmi elles, beaucoup prendront des prêts pour acheter des parcelles et bien d’autres réalisations. « J’ai pu envoyer mes enfants en études en Tunisie, construire une maison et payé une moto », témoigne la Z137. Elle avoue avoir eu une double chance grâce à la Lonab. En effet, dit-elle : « Je suis secrétaire bureautique de formation. En même temps que je vendais le kiosque, je postulais à chaque recrutement que la lonab lançait jusqu’à ce que je sois retenue en 2019 à la faveur des recrutements sur mesures nouvelles. J’ai donc été agent de la Lonab de 2019 à 2022 ou j’ai été mise à la retraite ». Grâce à la Lonab, la Z137 dit avoir payer une parcelle, envoyé son fils en Tunisie, puis payer une deuxième parcelle pour son fils ainé et une voiture.
Des motos et mariages avec la Z037
Le club de la Z037 est situé dans le quartier Sinyiri de Ouagadougou. S’il y a 10 ans, elle y venait régulièrement, Kadidia Sanou ou la Z037 peut faire maintenant deux mois sans passer au club. Et pourquoi ? « J’ai entièrement confiance à mes collaboratrices », dit-elle avec satisfaction. Pour la circonstance du reportage sur les femmes dirigeantes de club, elle fait le déplacement. Ce soir du lundi 4 novembre 2024, elle se gare devant le club.
Dans sa voiture Rav4 couleur grise, du haut de sa cinquantaine d’âge, teint clair et accompagnée de son petit-fils, elle est bienveillamment accueillie par son aide-vendeuse. « Ça va Adjara ? », lui demande-t-elle. « Tout va bien Madame », répond-t-elle.
Elle jette un regard dans la cabine puis s’assoie sur une chaise. « L’ambiance ici est familiale, les autres filles sont déjà rentrées, vu l’heure (Il était 19h, ndlr). Et ça toujours été le cas depuis 2001, année de l’ouverture du club », informe la Z037. Que de reconnaissance et de gratitude envers la Lonab, disait-elle à chaque question. « Je ne peux pas ne pas dire MERCI à la Lonab. On sait que rien n’est facile, il y a eu des hauts et des bas, mais les hauts sont plus que les bas. Grâce à la vente de PMU’B, des filles ici ont payé des motos, certaines se sont mariées même aux parieurs », témoigne-t-elle.
La Z037 confie également ne pas savoir quantifier les opportunités qu’elle a eu grâce au club PMU. « La paix du cœur là même. C’est quelque chose d’énorme », dit-elle avec soupire. Mère de cinq enfants, leur scolarisation a été possible grâce à son business de PMU. Aujourd’hui, elle indique avoir construit à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, roule dans une voiture et aide toujours sa famille.
Des gestionnaires de club épanouies et des aide-vendeuses encore plus
« Ici, on ne s’appelle pas par nos noms, mais plutôt par les codes. Moi je suis 00180 », informe une jeune dame de la trentaine d’âge. Habillée d’un pagne et d’un haut, et l’air visiblement stressée, elle ne cesse de compter son journal. Nous sommes sur le site des pronostiqueurs du quartier Wentenga. Sous un hangar, des bancs sont disposés attendant les pronostiqueurs et aides-vendeuses. Dès 13h chaque jour, elles arrivent une à une. Les pronostiqueurs aussi. Sur de petites tables sont déposés des cartons remplis de journaux.
Kinda Karim, délégué représentant du bureau de l’association des pronostiqueurs du Burkina Faso. « Le site de Wentemga a été créé en 2015. Nous en avons 3 à Ouagadougou : Wentenga, Patte d’Oie et Gounghin. Nous avons procédé ainsi pour faciliter les femmes à avoir les pronostics plus facilement », dit-il. Les pronostiqueurs sont d’un grand apport pour les aides-vendeuses.
En plus de leur salaire du club, elles arrivent à se faire de petits revenus avec la vente des journaux. Il y a le journal de la Lonab et le journal des pronostiqueurs. C’est en effet un journal qui est disponible avant celui de la Lonab. « Nous, nous connaissons mieux les numéros. Et puis, nous nous prenons les informations un peu partout, on fait des recherches et on monte le journal avec des numéros susceptibles de gagner », explique Karim Kinda.
Ces journaux vont de 100 à 100 000F. Et sur chaque journal vendu, l’aide-vendeuse a un pourcentage. « Y’a des jours où tu peux avoir 10 000 F, 25 000F, ou même 200F ou 1000F. Cela dépend de ta vente », commente la 00180.
Si le journal est vendu à 100F, l’aide-vendeuse a 25F. « Les femmes ne perdent pas en réalité. Parce que si ce n’est pas vendu, elle ramène tranquillement », rassure Karim Kinda.
« Les manquants d’argent », c’est ce qui préoccupent plus des aides-vendeuses. « Parfois, il peut manquer 16 000F, ou 7000F. Et il faut forcément payer sinon tu ne peux pas faire le versement », explique la 00154 avant d’ajouter un sourire au coin, qu’a part parfois ces situations, tout va pour le mieux. « Avant, on venait ici à vélo. Mais aujourd’hui regardez le parking, nous avons toutes des motos et nous faisons de petites tontine », dit-elle fièrement.
Des difficultés malgré tout…
La déclaration à la caisse et les heures de paiement nocturne sont des difficultés auxquelles font face ces femmes qui occupent la grande majorité de la chaine des paris au Burkina. « Parfois, nous finissons à 22h. Imaginez une femme mariée qui doit finir à cette heure et rentrer s’occuper de son foyer. Pourtant, on demande d’être déclarée à la CNSS, mais en vain », explique la 00180 l’air désemparée. Cette difficulté est aussi une préoccupation pour les gestionnaires de club qui espèrent que la lonab prendra des dispositions utiles pour revoir les heures de paiement.
Au Burkina, plus de 1000 clubs PMU’B ont été ouverts depuis la création de la lonab. Sur 10 clubs, au moins 8 appartiennent à une femme qui emploi en majorité que des femmes aides-vendeuse.
Landry Sosthène Sombié/MoussoNews