Colombie : Francia Marquez élue Vice-Présidente du pays
Francia Marquez, 40 ans, d’origine congolaise et ancienne aide ménagère est désormais la Vice-Présidente de la Colombie. Francia est une activiste des droits de l’homme et de l’environnement. Un véritable exemple de leadership féminin.
Une militante de défense des droits afro-colombiens
Pourtant, rien ne prédestinait Francia Marquez à une carrière politique. Née en 1981 dans un petit village de la région de Cauca, dans le sud-ouest du pays, elle a grandi seule avec sa mère. Enceinte à 16 ans de son premier enfant, elle a d’abord été obligée de travailler dans une mine d’or, à quelques kilomètres de chez elle, pour subvenir aux besoins de sa famille, avant d’être embauchée comme femme de chambre.
Mais chez certaines personnes, l’activisme est inscrit dans les gênes. Et Francia Marquez est de celles-là. Lorsqu’elle a à peine 15 ans, en 1996, elle apprend qu’une multinationale veut lancer un projet d’extension d’un barrage situé sur la principale rivière de la région, l’Ovejas, impactant grandement la vie de sa communauté.
Installée sur ses berges depuis le XVIIe siècle, la communauté afro-colombienne y pratique, depuis des générations, l’agriculture et une exploitation minière artisanale, leurs sources de revenus principales.
Une marche de 500 km pour l’environnement
Ce moment marque le début de son long combat dans la défense des droits des communautés afro-colombiennes et pour la préservation de leurs terres. Depuis une vingtaine d’années, elle se bat ainsi sans relâche contre les multinationales qui exploitent les alentours de la rivière Ovejas, forçant parfois les populations à quitter les lieux.
Il faut attendre 2014 pour que Francia Marquez se fasse connaître du grand public. Dans son viseur, cette fois-ci, les exploitants miniers illégaux qui s’installent le long de la rivière, creusant à tout va pour trouver de l’or et, surtout, utilisant abondamment du mercure – un produit qui permet de séparer l’or de l’eau, mais qui a aussi pour conséquence de contaminer l’eau et de détruire la biodiversité. Pour lutter contre le phénomène, Francia Marquez organise la “marche des turbans”. 80 femmes se réunissent pour rejoindre Bogota depuis Cauca, soit 10 jours et environ 500 km de marche. Sur place, le groupe milite encore pendant près de vingt jours devant le ministère de l’Intérieur. La militante obtient finalement gain de cause : le gouvernement s’engage à détruire toutes les exploitations illégales autour de la rivière.
Depuis, Francia Marquez, désormais diplômée en droit, multiplie les forums, les conférences dans les universités, les prises de parole devant des personnalités politiques ou au sein d’ONG. En 2018, son combat lui vaut de recevoir le prix Goldman, l’équivalent du prix Nobel pour l’environnement. L’année suivante, elle apparaît dans le classement des 100 femmes les plus influentes du monde de la BBC.
“Je fais partie de ceux qui élèvent la voix pour arrêter la destruction des rivières, des forêts et des landes. De ceux qui rêvent qu’un jour l’être humain change le modèle économique de la mort, pour laisser place à la construction d’un modèle qui garantit la vie”, écrit-t-elle sur son site Internet.