Concassage de granite: Le gagne-pain d’une sexagénaire à Yagma
Au quartier Yagma, dans l’arrondissement 9 de Ouagadougou, des femmes, dont Soré Zenabo se battent chaque jour contre les difficultés du travail de concassage de granite. À plus de 65 ans, Zenabo continue à briser les roches pour subvenir à ses besoins, malgré les douleurs physiques et les défis croissants de cette activité exigeante.
Depuis plus de 15 ans, Soré Zenabo s’adonne à l’activité de concassage de granite. Un travail qui, bien qu’ardu, lui permet de gagner sa vie. « J’ai toujours aimé travailler et avoir ce qui me revient« , confie-t-elle. Pour elle, ce métier est plus qu’une simple source de revenus ; c’est un choix de vie. Malgré ses douleurs physiques croissantes, le travail de concassage reste sa seule option de subsistance.
Chaque matin, à partir de 6h, Zenabo dit se rend sur le site. Elle est parmi les premières à arriver et la dernière à quitter, vers 18h. C’est un travail solitaire et exigeant, dans lequel elle s’engage sans relâche, même si son corps lui rappelle constamment les ravages du temps.
Des difficultés croissantes face à l’usure
Le travail de concassage est loin d’être facile, nous témoigne Zenabo. Le granite est dur et lourd, et le processus de briser les pierres à la main demande une force physique considérable.
« Avant c’était plus facile mais avec l’âge, c’est devenu compliqué« , dit-elle. Cependant, malgré la fatigue et les douleurs, Zenabo n’a pas d’autre choix que de continuer. « Je dois me nourrir et subvenir à mes besoins« , explique-t-elle, soulignant que la survie quotidienne est son principal moteur.
L’impact du métier sur la famille
A entendre Soré Zénabo, ses enfants lui déconseillent ce travail en raison de son âge avancé, mais elle reste déterminée à poursuivre. Ils souhaitent la prendre en charge, mais faute de moyens financiers, ils ne peuvent pas l’aider. « Je ne leur en veux pas car je sais qu’ils n’ont pas les moyens« , explique-elle.
En dépit des inquiétudes de sa famille, elle dit préférer compter sur elle-même, d’autant plus qu’elle ne veut pas être un fardeau pour ses enfants.
Une lutte quotidienne pour joindre les deux bouts
Selon les propos de Zenabo, le granite se trouve non loin de son lieu de travail et l’achat d’une charrette coûte 3500 F CFA. Elle achète 2 tours de charette qu’elle consacre une semaine entière à concasser avant de pouvoir les revendre pour 12 000 F CFA.
À l’écouter la gestion des revenus reste précaire et le travail de concassage est son seul gagne-pain. « Les temps sont durs et ce n’est plus comme avant« , affirme-t-elle. La concurrence est de plus en plus forte, et les conditions de travail de moins en moins favorables. Pourtant, le sentiment de fierté et de dignité qu’elle tire de son travail reste intact.
Le courage d’une femme résiliente
Soré Zenabo, comme tant d’autres femmes du quartier Yagma, incarne une résilience exceptionnelle. Malgré l’usure de son corps et les difficultés économiques, elle refuse de se laisser abattre. Sa détermination à travailler pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille montre la force des femmes dans un environnement de plus en plus difficile.
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« Je vais continuer à travailler tant que j’ai encore la force« , conclut-elle. Son histoire est un témoignage puissant de la lutte quotidienne des femmes dans un secteur informel et souvent ignoré, mais essentiel à la survie de nombreuses familles.
Oceanne DABONE (Stagiaire)/ MoussoNews