Cuisine: Quand le tamis en bois se fait larguer pour celui en fer

Malgré la modernisation des ustensiles de cuisine, le tamis reste très indispensable. Fait auparavant avec du bois, cette tendance évolue pour donner place aux tamis en fer.  Cette innovation a très vite conquis le cœur des femmes du Burkina Faso qui l’ont adopté au détriment du traditionnel tamis en bois.

« Est-ce que c’est une question, bien-sur que j’ai un tamis ! » s’offusque Martine Zongo, une jeune dame que l’on croise au marché. Si certains ustensiles traditionnels sont abandonnés, le tamis reste indétrônable au Burkina Faso. Martine Zongo le cite parmi les ustensiles les plus incontournables de la cuisine.

Elle s’en sert pour tamiser la farine pour le tô et pour faire de la pâtisserie. Elle sent sert aussi souvent pour tamiser du bissap ou du tamarin. « J’ai les deux types de tamis : celui utiliser pour la farine et celui utilisé comme filtre pour les matière liquide », indique-t-elle.

Martine a abandonné depuis des années le tamis faits en bois. Selon elle, il n’a aucun avantage. « Il est difficile de le laver correctement, son bois écorche les mains et il s’abime rapidement », cite-elle.

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Même refrain chez Sita Ouédraogo qui vend de la nourriture au marché de Nagrin. Elle utilise le tamis en fer pour sa cuisine. « Sans tamis, je crois que je ne m’en sortirai pas. Je filtre l’eau, les boissons locaux avec. Je tamise également la farine et la tomate délayée », souligne-t-elle.

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Le tamis de Sita Ouedraogo avec les traces d’une utilisation fréquente

La vendeuse de nourriture préfère également le tamis en fer car il est plus résistant que celui en bois. « Si on ne prend pas garde, le tamis en bois peut prendre feu si on le laisse trop près du feu et il peut aussi se casser » indique-la Sita Ouédraogo.

« Oh est ce que ça existe même encore les tamis en bois ? s’interroge Nadine Fofana en poursuivant qu’elle n’en croise plus sur le marché. « Les femmes n’en veulent plus parce que le fer est plus efficace. Également, plus tu le laves plus la couche de bois devient petit et à la fin il ne te reste pas grand-chose. En tout cas, je remercie la personne qui a eu la belle idée d’en faire en fer », dit-elle reconnaissante.

Un abandon du tamis en bois pour celui en fer, ce qu’en pensent les vendeurs ?

Bibata (nom d’emprunt) vend des articles essentiellement traditionnels pour le ménage. Sur une table, des marmites, des louches des écumoires et des tamis sont disposé. A même le sol, ce sont des balaies qui y sont exposés.

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Bibata vend des tamis pour la farine et des filtre

Bibata vend ses articles depuis plus de dix ans. Auparavant elle ne vendait que les tamis en bois mais à l’en croire, les gens préfèrent celui en fer maintenant. « Au contact de l’humide et mal entretenue, le bois noircit et peut être envahit par des champignons ainsi que par la mousse surtout en ces périodes de pluies. Ça rend moins esthétique et c’est pour cela que les gens ne l’aiment plus », explique Bibata.

Aussi, ajoute-elle, il y a plus de bénéfice dans la vente des tamis en fer qu’avec ceux en bois. « Avec le bois je n’avais que 50 FCFA de bénéfice alors qu’avec ceux-ci, j’ai entre 100 FCFA et 150 FCFA. En plus, il est possible de conserver ceux en fer plus longtemps quand je n’arrive pas à les écouler », poursuit Bibata.

Elle vend ses petits tamis à 200 FCFA et les gros à 500 FCFA. Parmi ses articles on note également les tamis faits avec le tissu. Bibata indique que ces derniers sont plus achetés par les femmes qui commercialise les jus ou a l’occasion des cérémonies pour filtrer les boissons locales.

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Assèta Ouédraogo

Assèta Ouédraogo, une autre vendeuse de tamis, tient le même discours.  Pour elle, les femmes préfèrent certes les tamis en fer pour toutes les raisons citées mais ceux en bois connaissent un déclin parce qu’il est de plus en plus difficile de se procurer le bois pour sa confection.

« Le bois du tamis est le bois du « Koanga » (cocotier du Burkina Faso). Mais de plus en plus ces arbres disparaissent, pour toutes les raisons que l’on connait et il est es difficile d’en trouver.  Ceux qui les produisent ont donc dû s’adapter et les produire avec le fer », souligne-t-elle.

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Le Kouanga ou cocotier du Burkina

L’époque du tamis en bois est révolue. Praticité, efficacité, durabilité, sont entres autre les raisons pour lesquels les femmes abandonnent ce traditionnel tamis pour celui en fer. A cela s’ajoute la difficulté d’avoir le bois pour sa confection des changements climatiques. Cette évolution est la preuve de la résilience des faiseurs de ce ustensiles.

Asmine Zerbo (Stagiaire) MoussoNews

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