« Enceinter une fille et refuser la paternité est une violence faite à l’enfant et sa mère », Bassirou Badjo, éducateur social
Dans une tribune postée sur son profil Facebook, l’éducateur social Bassirou Badjo se prononce sur la violence subie par la petite fille de 8 ans et partant évoqué la grande problématique des violences faites aux femmes et aux enfants.
Hier des images d’une fillette qui aurait subi des violences physiques par un de ses proches ont fait le tour de la toile. Que des indignations, de la compassion et des appels à sévir! C’est déjà bien de savoir que des gens condamnent des violences faites aux enfants dans un contexte où certains trouvent qu’on abuse en brandissant les droits des enfants. Ensemble, nous y parviendrons.
Il ne faut surtout pas se limiter à une réaction émotive suscitée par les réseaux sociaux et qui va disparaître après l’effervescence. Derrière cette fillette se cachent de nombreux enfants qui subissent plusieurs formes de violences (physiques, sexuelles, morale ou psychologique, culturelle, économique) dans leur famille et partout ailleurs. La lutte pour un bon développement psychologique et physique des enfants passent d’abord par la dénonciation de tout cas de violences faites aux enfants. Un numéro vert existe, le 116. Appellez et dénoncer le cas dans l’anonymat.
La lutte pour les droits des enfants c’est aussi toucher les cœurs de ceux qui mettent enceinte les filles/femmes et se désengagent soit en refusant d’assumer la paternité soit en refusant de contribuer à la prise en charge de l’enfant.
Le confiage des enfants qui était un symbole de consolidation des relations entre les familles est devenue une porte ouverte pour toutes les violences à l’endroit des enfants. L’objectif de départ (scolarité, formation professionnelle) qui motive ce confiange est souvent détourné pour réduire les enfants dans un traitement humiliant (viol, sévices corporels, injures, prostitution, etc…)
Des lois et autres textes réglementaires sur la protection des enfants existent. En la matière, notre pays tient la tête du peloton. Malheureusement, les enfants continuent de subir de multiples formes de violences qui ne facilitent pas malheureusement leur plein épanouissement.
Les enfants sont vulnérables et nous devons mettre les moyens nécessaires pour leur assurer un bon développement. Et ce, sans aucune distinction fondée sur la classe sociale, l’ethnie où la religion.
Propositions
En plus des dénonciations des cas de maltraitance des enfants, il est nécessaire que les burkinabè s’intéressent à la prise des enfants (leurs enfants et les autres enfants). Voilà pourquoi, ceux qui ont un peu les moyens doivent s’intéresser aux parrainages des enfants. Cela consistera à soutenir au moins un enfant vulnérable en fonction des moyens. Cette aide peut prendre les volets : scolaire, santé, etc…
Un autre élément, c’est d’inviter les familles aisées à s’intéresser aux placements des enfants en acceptant être des familles d’accueil. Les familles d’accueil sont des acteurs de prise en charge des enfants reconnus par le ministère en charge de l’action sociale. On les appelle aussi des assistantes maternelles. Dans ces familles, sont souvent placés des enfants en détresse pendant un séjour limité (pas plus de deux ans).
Le constat laisse voir que ce sont des familles modestes qui s’intéressent à cette fonction d’assistance maternelle, ce qui ne facilite pas la prise en charge des enfants. D’où un appel aux familles aisées de s’intéresser à ce volet combien déterminant de la prise en charge des enfants en détresse (enfants déclarés abandonnés, les enfants orphelins de père et mère, les enfants dont les père et mère sont absents, etc…
Félicitations aux acteurs de la protection de l’enfance qui s’impliquent pleinement dans la prise en charge des enfants.