Enterrement du placenta : Tradition et symbolisme ancré dans la culture
Au Burkina Faso, l’enterrement du placenta est bien plus qu’une simple coutume : c’est un rituel chargé de symbolisme et de signification culturelle. Cette pratique ancestrale lie étroitement la naissance d’un enfant à la terre nourricière et renforce ainsi les liens spirituels et communautaires au sein des familles.
L’enterrement du placenta au Burkina Faso suit généralement un processus ritualisé. Après l’accouchement, il est soigneusement récupéré et placé dans un canari, parfois décoré de motifs traditionnels ou de symboles protecteurs. Ensuite, il est enterré dans un lieu spécifique, souvent désigné par un aîné de la famille ou un sage de la communauté.
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Ce rituel autour du placenta varie d’une ethnie à une autre au pays des Hommes intègres. Ainsi chez les mossi, le placenta appelé « Naaba, Sagdo ou zanré » à la naissance de l’enfance est mis dans une petite marmite en terre cuite puis enterrer dans un trou creusé par les hommes.
Kamb yaaba de son vrai nom Alimata Ouédraogo, une sexagénaire explique que l’enterrement du placenta représente bien plus que le fait de se débarrasser d’un simple organe. C’est une manière de marquer l’entrée de l’enfant dans le monde et dans sa communauté. « Quand l’enfant nait chez nous les mossi, son zanré est est mis dans une marmite en terre cuite et est enterré dans un trou soigneusement creusé par certains hommes de la famille. Ce trou est appelé ‘’zanboko’’ », indique-t-elle.
Elle précise qu’un jour spécial est choisi après la naissance pour raser la tête du bébé. Le nouveau-né, crane brillant au soleil, se connecte à son Zan-ré et reçoit les vibrations de l’univers. « Ce rituel assure la santé et le bien-être de l’enfant. Il le connecte à ses ancêtres pour qu’ils veillent et prennent soin de lui », fait-elle savoir.
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Comme Kamb Yaaba, Fatimata Kanyala, une mère de famille âgée d’une soixantaine d’années décrit le processus d’enterrement du placenta chez les lyélé, un sous-groupe des Gourounsis. A l’en croire, le placenta est mis également dans un canari et est enterré dans un trou creusé par des hommes. Une fois enterré, la terre qui recouvre le placenta est damé par trois hommes de la famille quand l’enfant est du sexe masculin et par quatre femmes de la famille quand il est du sexe féminin. « Lorsqu’on enterre le canari contenant le placenta de l’enfant dans le trou creusé par les hommes, ce lieu est ensuite piétiné par trois oncles ou cousins de la famille quand l’enfant est un garçon ou par quatre tantes ou cousines quand il s’agit d’une fille. En piétinant l’endroit contenant le placenta, chacun formule des vœux à l’endroit de nouveau-né », explique-t-elle.
Justine Somda/Méda est mère lobi de trois enfants. Elle révèle que dans son ethnie avant le placenta de l’enfant est enterré sur la route des champs pour un garçon et sur le chemin du marigot pour une petite fille. « Le placenta est enterré par l’accoucheuse après l’avoir enfermé dans un canari cassé sur la route des champs pour un garçon et sur le chemin du marigot pour une petite fille », détaille-t-elle.
Elle déplore cependant la modernisation de cette pratique car dit-elle « ce n’est plus comme de nos jours. Quand j’ai accouché je n’ai pas vraiment su comment cela s’est passé car j’habite à Ouagadougou. Mon époux m’a fait savoir que le placenta été enterré dans notre cours familiale ».
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Abdoul Aziz Compaoré raconte avec fierté le processus de l’enterrement du placenta de sa fille. « A la naissance de ma fille, j’ai suivi tout le processus qui m’a été dicté par mon oncle pour enterrer le placenta à la maison. Bien avant de le mettre sous terre l’occasion m’a été de prononcer des paroles de bénédiction sur le placenta. Une fois fait, avec mon oncle et mon cousin, nous l’avons recouvert de terre comme il faut ».
L’enterrement du placenta au Burkina Faso représente bien plus qu’une simple coutume : c’est un acte de respect, de connexion spirituelle et de préservation culturelle.
Mireille Sandrine Bado/Moussonews