Entreprenariat : le ‘’bon fumet de Djeni’’, un art culinaire burkinabè aux quatre coins du monde

Djeni Farima Lingani est la promotrice du ‘’bon fumet de Djeni’’, une entreprise spécialisée dans le fumage de volaille, de carcasses de mouton et de bœufs, de lapin et de poissons. Avec un savoir-faire remarquable, elle propose des produits fumés au goût naturel à ses clients d’ici et d’ailleurs. #Interview

Entreprenariat : le ‘’bon fumet de Djeni’’, un art culinaire burkinabè aux quatre coins du monde 2

  • Présentez-vous à nos lecteurs ?

Je suis Djeni Farima Lingani, promotrice du ‘’bon fumet de Djeni’’, une entreprise spécialisée dans le domaine du fumage de volaille, mouton, bœuf, lapin, poisson…

  • Comment est née l’idée du fumage de la volaille et tout ce que vous faites ?

Je peux dire que cette idée est née après avoir tâtonner dans plusieurs choses à la fois. J’ai fait un peu du tout, j’ai vendu du soumbala, des pagnes tissés et même des fleurs. Pour le fumage, une tante est venue du Mali en vacances à Ouagadougou en 2019 qui recherchait de la volaille fumée, ma sœur lui a donc proposé de voir avec moi que je pouvais lui en faire. C’est ainsi qu’elle a commandé 20 vingt pintades et j’ai donc décidé d’en faire un secteur d’activité.

  • Depuis combien de temps exercez-vous dans le fumage ?

Je me suis lancée dans le fumage depuis 2019. Cela fait aujourd’hui 4ans que j’exerce dans ce domaine.

 

  • Est-ce uniquement de la volaille que vous fumez ?

Non ! je fais un peu du tout, volaille, mouton, bœuf fumé (queue de bœuf, patte de bœuf, langue de bœuf, peau de bœuf), tête de mouton fumé, je fais du lapin, je fais du poisson thon, macaron, silure et je fais du chinchard fumé. Tout ce qui est fumable, je le fume.

 

  • Les clients peuvent-ils vous apporter leurs produits à fumer ou faut-il forcement s’en procurer avec vous ?

Les clients peuvent m’envoyer leur volaille, ce n’est pas spécifiquement chez moi qu’ils peuvent s’en procurer.  Ils peuvent m’amener leur volaille, leur mouton, leur carcasse de mouton. Quel que soit ce qu’on m’amène je fume ce n’est pas obligé qu’ils prennent avec moi. La plupart du temps, je leurs fournis le nécessaire dont ils ont besoins mais il y a des clients quand même qui préfèrent venir avec leurs produits.

  • Combien de temps peut-on conserver la volaille fumée ?

La volaille fumée s’il y’a un congélateur qui marche tout le temps est conservable pour un long temp mais s’il n’y a pas de congélateur ou de frigo il faut bien le sécher au fumage et le conserver à l’air libre dans un panier.

  • Quels sont les types de fumage que vous faites ?

Nous faisons le fumage traditionnel, c’est-à-dire que nous le faisons avec du feu de bois, au charbon, à l’ancienne comme nos grand-mères pour que ça puisse conserver le goût d’origine comme avant. Le type de fumage dépend du lieu de la destination. Quand il s’agit d’une consommation personnelle quelques heures suffisent, quand c’est pour envoyer dans la sous-région ou hors du continent africain, il faut bien le faire. Pour cela il faut que la volaille sèche bien à feu doux pendant quelques jours. C’est au client de me préciser la destination de la volaille.

  • Utilisez-vous des additifs chimiques pour la conservation de la volaille ?

Non, je n’utilise pas d’additifs chimiques pour la conservation de mes produits. J’utilise du sel et cela dépend du goût du client. Il y a des clients qui ont la tension ou qui sont malades donc je demande toujours s’il faut saler ou pas pour ne pas les mettre mal à l’aise côté cuisine. Si un client ne peut pas profiter de son achat, ce n’est pas intéressant alors je prends toutes les précautions nécessaires.

  • Combien coûte vos produits ?

La volaille fumée chez moi coûte présentement 4500 F CFA. C’est du local et pour s’en procurer c’est un peu difficile, on n’arrive pas à voyager et à aller loin pour chercher la volaille à cause de l’insécurité. La pintade fumée fait 6000 FCFA présentement, nous vendons aussi la volaille fraîche pour les cérémonies, nous fessons aussi la grillade pour les cérémonies tout dépend donc tout ce que le client souhaite.

 

  • Est-ce un milieu rentable ?

Oui. On peut dire que c’est rentable ; ce qu’on n’y gagne met à l’abri du besoin et permet d’avoir ses propres ressources et de ne pas dépendre de quelqu’un donc c’est une grâce.

  • Combien vendez-vous le mois ?

Par mois je ne peux pas définir exactement mais il y a des périodes froides et des périodes assez bonnes pas trop lucratives aussi, tout dépend des saisons. Par exemple, actuellement c’est la période des vacances il y a beaucoup de vacanciers qui repartent à l’extérieur pour les études en partant ils ramènent du bio donc c’est surtout pendant les vacances que nous vendons beaucoup. Sinon si c’est pour les consommations personnelles d’ici on ne vend pas assez, juste quelques commandes de deux, trois, cinq, dix poulets ou pintades le mois pour leurs propres consommations. Donc je fume de la volaille au jour le jour, personnellement je le fais tous les jours dans la mesure du possible pour que ça ne manque pas.

  • Exportez-vous votre volaille à l’extérieur ? Si oui, quels sont les pays dans lesquels vous les exporter ?

Oui j’exporte à l’extérieur. Le bon fumet de Djeni va un peu partout dans le monde. Je reçois des commandes de la France, de la Belgique, de la Russie, de l’Allemagne, en Californie, au Texas aux Etats-Unis. Mes produits ont découvert ces pays grâce aux bouches à oreille ainsi qu’avec les recommandations. Quand une personne vivante dans ces pays est intéressée, on lui envoie sa commande dans un carton bien emballé par la poste à la Sonapost.

  • Y a-t-il de la concurrence sur le marché ?

Il y a de la concurrence sur le marché. Certaines de mes des anciennes clientes sont devenues des fumeuses donc il y a la concurrence. J’ai l’habitude de dire que tout ce que Dieu fait est bon, il y a de la place pour tout le monde dans ce domaine et c’est à chacune de nous de faire son maximum côté hygiène, côté accueil côté respect et côté boulot pour marquer la différence.

  • Etes-vous beaucoup solliciter sur le plan national ?

Oui je suis beaucoup sollicité sur le plan national car il y’a beaucoup de gens qui me font appel pour leur réserve personnelle ou pour en offrir à leur proche. J’aime dire sur ma page « faites plaisir à vos proches d’ici et d’ailleurs » pour dire que tu peux ne pas manger ou consommer de la volaille mais tu en offre aux gens que tu aimes, c’est un peu ma devise.

  • Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Les difficultés se trouvent au niveau de l’approvisionnement. Je fais des voyages pour me procurer moi-même mes volailles dans les provinces, souvent aussi je commissionne et la marchandise tarde à arriver, pourtant des commandes ont déjà été prises et c’est par moment difficile à gérer.

  • Et quels sont vos projets ?

Mes projets pour le futur sont de booster mon travail à l’international, me faire des partenaires et avoir des partenariats gagnant-gagnant un peu partout dans le monde.

  • Qu’entendez-vous par partenariat gagnant-gagnant ?

On peut avoir des partenaires qui sont à l’extérieur qui peuvent prendre mes produits pour vendre et représenter ainsi l’entreprise à l’international. La vision derrière cela est de permettre à certaines femmes à l’extérieur de pouvoir s’en sortir en menant une activité génératrice de revenus. C’est ça le partenariat gagnant-gagnant, je gagne en tant que fournisseur et la personne gagne aussi de l’autre côté en tant que représentante.

Interview réalisée par Mireille Sandrine Bado/MoussoNews

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