Excision: des Burkinabè, toujours hostiles à l’abandon
L’arrestation d’une exciseuse à Ouagadougou a provoqué une vague d’indignation des internautes burkinabè. Apres plus de deux décennies de lutte pour l’abandon des mutilations génitales féminines au Burkina Faso, le constat de la perception populaire sur la pratique est inquiétant.
« On va exciser ; si tu ne le veux pas, tu peux partir en Europe, ici c’est mon pays » ; « Laissez la vieille tranquille on copie les lois des occidentaux pour appliquer dans nos pays », ; « Des conneries seulement l’excision avait pour but de nous débarrasser de la prostitution que l’on voit à l’heure-là » ; ce sont là quelques réactions d’internautes à propos de l’arrestation d’une vieille femme de 69 ans qui « s’est rendue coupable de l’excision de sa nièce de 3 ans ».
Ces internautes, pour la plupart des hommes, louent un supposé bienfait de l’excision dans la régulation de la vie sexuelle des femmes. Pour ces citoyens, interdire l’excision est une aberration de la part des gouvernants et un suivisme aveuglé de la volonté des occidentaux.
Colère et indignation
« Quand j’ai lu les commentaires, j’ai coulé des larmes », s’attriste la lycéenne Samira Koné. « J’ai pensé à toutes les éventuelles nouvelles victimes », poursuit Samira qui vit avec les séquelles de l’excision.
La bloggeuse féministe Djénéba Naon a eu, quant à elle, du mal à contenir sa colère et s’interroge sur l’état d’esprit de ces pro-excisions. « J’ai été sidérée par ces commentaires en faveur de cette pratique. J’ai eu profondément mal. Je me demande s’ils ignorent tous les méfaits de cette pratique néfaste ou font-ils semblant. Plusieurs femmes vivent dans le silence car la lame de l’exciseuse leur a arraché et leur féminité et la parole. Intimité dans la douleur, accoucher dans la terreur, elles vivent avec ces séquelles à vie ».
Cet état des faits démontre la nécessité pour l’Etat et ses partenaires de redoubler d’efforts dans la sensibilisation des populations. Dans le milieu des organisations de défense des droits de la femme, des voix s’élèvent pour réclamer l’application ferme de la loi sur l’interdiction de l’excision.
Selon le code pénal, ces auteurs encourent une peine d’emprisonnement allant d’un an à dix ans et d’une amende de cinq cent mille (500 000) à trois millions de (3 000 000) de francs CFA.
HSD