Feuilles d’arachides séchées : Des aliments pour animaux qui nourrissent des familles
Les feuilles d’arachides séchées sont des aliments qui permettent de nourrir des animaux notamment des moutons, des bœufs, des chèvres…A Ouagadougou de nombreuses femmes les commercialisent et en font une activité de subsistance.
Agée de 70 ans, Sabine Kaboré vend des feuilles d’arachides séchées depuis plus de 10 ans. Assise devant sa cabine de stock dans le quartier Nagrin, elle explique qu’elle se ravitaille auprès des grossistes dans un des marchés de Ouagadougou.
Elle achète le sac à 3000 FCFA qu’elle revend en détail à partir de 500 FCFA. Sabine Kaboré n’a pas eu d’autres choix que de vendre ces aliments pour animaux. Après le décès de son mari, elle a quitté la Côte d’Ivoire pour se reconstruire au Burkina Faso. Elle a essayé tous types de petits commerces mais aucun succès. Elle s’est alors essayée dans la vente de feuilles d’arachides séchées. Grâce à cette activité, Sabine arrive à subvenir aux besoins de ses 6 enfants. « C’est avec elle que j’achète aliments pour mes chèvres. Elles adorent les feuilles d’arachides. Grace à notre mère Sabine, je n’ai plus besoin de quitter Nagrin pour aller en chercher ailleurs. Souvent même je lui demande de me réserver une petite commande que je passe récupérer après le boulot », indique Sébastien, un des clients fidèles de Sabine Kaboré.
Très fatiguée par l’âge, elle dit n’avoir pas d’autres choix que de mener ce petit commerce afin d’occuper ses vieux jours. « Je sais que je suis vielle et fatiguée, mais si je reste à la maison, je vais tomber malade vue que j’étais dynamique des années antérieures », essaie-t-elle de convainque avec un sourire triste et tenace.
Solange Ouédraogo de son coté est mère de 2 enfants et vit de la vente de feuilles séchées d’arachides depuis 20 ans à Gounghin. Elle a été vendeuse d’igname et cultivatrice avant de se reconvertir dans les feuilles d’arachides sèches. « Je cultivais dans un camp militaire pour survivre, je semais les arachides et autres semences. Je n’arrivais pas à tenir, alors j’ai eu l’idée de collecter mes feuilles d’arachides, de les sécher et de les vendre. C’est ainsi que je suis arrivée dans la vente de feuilles d’arachides séchées», détaille-t-elle. Veuve depuis 1 an et âgée de 60 ans, Solange déplore la situation de ses enfants qui sont en chômage depuis des années.
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Selon les témoignages de certains clients, les feuilles doivent être sèches pour le bien être des animaux. « J’achète couramment des feuilles sèches d’arachides pour nourrir mes moutons. Elles doivent absolument être sèches. Celles qui sont fraiches leur donnent de la diarrhée. Souvent aussi, j’achète beaucoup que je vais conserver. Mais le jour que je ne trouve pas de feuilles, j’achète autres aliments », témoigne Tahirou, un client de Solange qui lui a acheté des feuilles de 2500 FCFA.
La saison pluvieuse freine les activités de ces femmes. Le plus souvent et par manque d’espace au sein de leur cour dominicale, ces femmes étalent leur feuille aux abords du goudron afin de profiter du peu de soleil pour les sécher. Par contre, elles se font recadrées par les acteurs qui régulent la circulation dans ces zones. « Quand la police nous voit étaler nos feuilles à l’angle non loin du panneau de stop, elles nous ordonnent de les ramasser. Elle a raison, seulement nous nous cachons pour le faire par moment », expliquer souriante.
Restreint que son espace soit, cela empêche le plus souvent des clients véhiculer de stationner pour faire l’achat. Alors pour éviter toutes ces acrobaties, la plupart préfèrent faire leur achat au près du voisin de Solange. « Avant nous étions les seules à vendre ces feuilles dans ces parages. Mais depuis plusieurs mois, un monsieur a quitté le village et s’est installé non loin de nos maisons. Et depuis, ils nous prennent nos clients », explique-t-elle en indexant l’espace de son voisin.
Suzelle Kaboré quant à elle n’a aucun souci d’espace pour sécher et vendre ses feuilles sèches. Elle est également installée devant son domicile mais avec plus d’espace que Solange Ouédraogo.
Elle se ravitaille aux près des grossistes de Zabré qui viennent les leur livrer dans une des gares routières de Ouagadougou.
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Suzelle Kaboré a 70 ans. Elle a débuté cette vente avec son mari. Au début, elle a été cultivatrice. Puis ne trouvant pas d’autres activités, elle se reconvertit dans le commerce des feuilles d’arachides pour les animaux. Depuis plus de 10 ans, Suzelle aide son mari à subvenir aux besoins de leur famille garce à cette activité. Elle n’a qu’un seul défi : la période de la vache maigre. « Souvent, je n’ai même pas un client. Je peux faire 2, 3 jours savoir 1000 FCFA », souligne-t-elle.
Sous d’autres cieux, les feuilles sèches d’arachides sont également utilisées comme substance fertilisant le sol pour préparer la saison suivante.
Annick HIEN/MoussoNews