Fléaux invisibles : Une soirée de mobilisation contre les maladies tropicales négligées

À l’occasion de la Journée mondiale d’élimination des maladies tropicales négligées qui a lieu chaque année le 30 janvier, l’Association Vision Nouvelle (AVN) a organisé à Ouagadougou une soirée de levée de fonds.

Lors de cette soirée placée sous le thème “S’UNIR – AGIR – ÉLIMINER”, l’association a réuni des personnalités issues du secteur privé et des organisations de développement reconnues pour leur engagement en faveur du bien-être des populations. L’objectif était de mobiliser des ressources endogènes pour soutenir la prise en charge des patients et sensibiliser le public à ce fléau de santé publique.

Un problème majeur de santé publique

Au Burkina Faso, 19 de ces 20 maladies recensées par l’OMS sont présentes, avec des milliers de cas répertoriés en 2023. Les fonds récoltés grâce aux dons du secteur privé mobilisé serviront à la prise en charge de patients souffrant entre autres de filariose lymphatique, de trachome ou de lèpre. Ces maladies tropicales négligées constituent un véritable problème de santé publique dans le pays. Leurs symptômes entraînent handicaps et déformations permanentes qui stigmatisent et appauvrissent les patients.   

La directrice de l’Association Vision Nouvelle, Irène Zoungrana, explique avoir pris conscience de la détresse quotidienne des victimes. «  Ces patients sont pour la plupart dans l’ombre, souffrant en silence de leurs maux. Ces maladies impactent fortement la vie des personnes autour de nous. Aujourd’hui c’est une fierté pour nous d’être les portes paroles de ces sans voix. Et nous devons agir » témoigne-t-elle.

Objectif élimination en 2030

L’initiative de l’association s’inscrit dans le cadre du plan d’action de la Coalition Non aux MTN qui regroupe au Burkina Faso l’Association Vision Nouvelle, le Réseau d’Accès aux Médicaments Essentiels et le Secrétariat Permanent des Organisations Non Gouvernementales. Soutenue par Speak Up Africa, la coalition entend soutenir les efforts du Programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées mis en place par le gouvernement burkinabè.

« Lutter contre les maladies tropicales négligées, c’est sauver des vies et préserver la dignité humaine. C’est œuvrer concrètement pour le bien-être et l’avenir de nos populations. À l’horizon 2030, éliminer ces fléaux qui frappent les plus démunis sera une fierté et un soulagement. » a déclaré Roukiattou Ouedraogo, coordinatrice pays de Speak Up Africa.

L’objectif est d’atteindre l’élimination de ces pathologies d’ici 2030, comme le recommande l’Organisation mondiale de la santé. Pour cela, la mobilisation de fonds supplémentaires et le renforcement de la sensibilisation sont essentiels. 

Clarisse Bougouma, coordinatrice du programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées, a exprimé son soutien à cette mobilisation : « L’engagement des organisations de la société civile à nos côtés est essentiel. Je salue cette initiative de l’Association Vision Nouvelle qui exhorte le secteur privé à accompagner le ministère de la santé ».

Des chiffres alarmants

Les statistiques compilées par les autorités sanitaires sont alarmantes. On dénombre par exemple 8794 cas de lymphœdème, 9498 cas d’hydrocèle, 33 000 personnes touchées par le trachome ou encore 5019 cas suspects de dengue pour l’année 2023. 

Rien que pour la lèpre, 237 nouveaux cas ont été enregistrés durant cette même année, dont 69 présentant déjà des handicaps avancés. Et ce ne sont là que quelques exemples parmi toutes les maladies tropicales qui affligent les populations.

La mobilisation de tous les acteurs de la société est nécessaire, aussi bien l’État que les ONG, les entreprises et les citoyens. L’élimination de ce fardeau sanitaire et social passera par un effort collectif soutenu. La soirée organisée par l’Association Vision Nouvelle marque un premier jalon important dans cette lutte de longue haleine.

Harouna Drabo