Gestion des menstrues : un casse-tête pour les personnes vivant avec un handicap visuel

Avoir ses menstrues quand on a un handicap visuel peut particulièrement être difficile sur les plans physique et émotionnel. Le manque d’accès aux produits hygiéniques adaptés est une difficulté majeure pour les jeunes filles qui vivent avec cet handicap.

Gestion des menstrues : un casse-tête pour les personnes vivant avec un handicap visuel 2

Nadège Kima âgée de 20 ans, est élève en classe de 1re A au lycée Songtaaba de Ouagadougou. Vivant avec handicap visuel, la jeune fille traverse des moments difficiles pendant ses périodes de menstrues. Malgré les connaissances acquises à l’école sur ce sujet, Nadège ne se sent toujours pas bien psychologiquement.

« La première fois que j’ai eu mes règles, j’ai eu un sentiment de peur. J’ai pleuré vu que je suis une handicapée visuelle, je ne pouvais pas voir la tache de sang sur mon habit. C’est un garçon de la classe qui m’a dit que ma jupe est tachetée de sang tout en se moquant de moi », confie Nadège Kima.

Carelle Zoungrana, handicapée visuelle également est élève en classe de second C au lycée mixte de Gounghin. Elle explique avoir déjà échangé depuis l’âge de 11 ans sur les menstrues avec sa génitrice. C’est finalement à ses 13 ans qu’elle a eu ses premières règles.

« Cela m’a surpris au centre des aveugles ABPAM (Ndlr. Association burkinabè pour la Promotion des Aveugles et Malvoyants). Je ne savais pas que c’était mes règles. Une tutrice du centre m’a interpellée et m’a demandée de la rejoindre dans son bureau. Elle m’a fait savoir que j’étais tachée et m’a donc donné une serviette hygiénique pour que me protéger. Je ressenti une grande honte » dit-elle

Impossible de suivre les cours….

S’absenter à certains cours pendant 3 à 4 jours. C’est ce qu’elles sont obligées de faire chaque mois à cause de leurs menstrues.  Pour éviter sa jupe ne soit tachetée de sang, ce qui pourrait susciter des moqueries de la part de ses camarades, Nadège préfère rester à la maison tout le long de sa période menstruelle.

« A plusieurs reprises, ma jupe s’est tachée de sang à l’école. Les garçons ne comprennent pas souvent et passent leur temps à se moquer. J’ai des règles irrégulières donc il est difficile de prendre mes précautions à temps et d’anticiper » laisse entendre la jeune fille avec un soupire qui trahit son malaise.

Les règles douloureuses, l’autre peine

Pour Carelle Zoungrana, vivre avec un handicap et devoir supporter les règles surtout celles douloureuses est une peine de plus. Les douleurs qui provoquent des malaises, les odeurs qui se dégagent, et le risque de se salir la jupe sont autant de raisons avancées par la jeune fille pour s’absenter des cours. « J’ai des règles abondantes. Cela nécessite un changement de serviette hygiénique chaque trois heures. J’ai aussi énormément mal au bas-ventre. Je deviens très nerveuse sans aucune explication. Mais concernant le volet protection j’arrive à me protéger convenablement mais j’ai très peur d’aller en classe et me salir », admet-elle.

Contrairement à Nadège et Carelle, Safiatou Zongo traverse ses périodes de menstrues sans inquiétude. Elève en classe de 3e, la jeune fille de 18 ans qui a vu ses menstrues à 15 ans avait déjà eu des échanges sur la question avec ses parents et camarades de classe. Dès que ses menstrues ont donc apparu, la jeune fille n’a pas eu de frayeur et s’est confiée immédiatement à sa maman.

« J’ai senti un liquide au niveau de mon sexe, mais comme je suis aveugle, je ne pouvais pas savoir s’il s’agissait de sang ou autre chose. Je me suis dirigée vers maman. Elle a vu que c’était du sang et m’a dit que ce sont mes menstrues. Elle m’a fait comprendre que je suis devenue femme comme on le dit le plus souvent dans le jargon africain », explique-t-elle.

Lire aussi: A Koudougou, le parcours scolaire inspirant de Wendyam Zoundi, 14 ans, handicapée visuelle

Une chance pour la jeune fille est de ne pas souffrir des règles douloureuses et aussi avoir bénéficié de culottes de protection conçues pour les handicapées visuelles pour faciliter leur protection.

Malheureusement, à cause de la cherté des culottes, de nombreuses filles n’arrivent pas à s’en procurer.

Ces filles en situation de handicap visuel affirment qu’il est très important pour les parents d’échanger avec leurs filles sur le sujet.

Studio Yafa avec Mousso News

Partagez

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *