« Il faut les attacher un pagne ou couvrir avec un habit » : Le message des hommes aux mannequins féminins
Les mannequins sont un outil essentiel dans le commerce des habits. Qu’il soit de la friperie, de la couture ou du prêt à porter, des commerçants les utilisent pour exposer ou présenter clairement le modèle, la forme et la taille de l’habit. Nu ou habillé, le regard ne sont pas les mêmes quand il s’agit de mannequin femme ou homme. Constat à Ouagadougou.
« Ehhhhh, les gens parlent beaucoup. Ils crient toujours de ne pas laisser les mannequins femmes toutes nues », lance Mohamed Sanfo vendeur de friperie au centre-ville de Ouagadougou. Le sujet ou la question de savoir pourquoi il ne faut pas laisser les mannequins femmes nues le fait pouffer de rire. L’air amusé, il sort de sa boutique pour bien observer ses mannequins. Au nombre de six (6), deux (2) ne portaient pas de tenues. « On vient juste d’acheter les tenues qui étaient exposées sur elles », s’explique-t-il, toujours souriant.
Mohamed Sanfo témoigne qu’il est fréquemment interpellé par des passants, essentiellement des hommes qui lui ordonne de cacher la nudité des mannequins. Une fois, se rappelle-t-il, un monsieur a fait tout le tour de la chaussée pour juste venir lui dire de porter l’habit à la mannequin. « Parfois, même quand je soulève pour lui porter les pantalons, il y a des gens qui crient disant qu’il ne faut pas que je soulève ses pieds de la sorte », dit-il.
A Wemtenga, chez Sakira Création, des pagnes sont attachés aux mannequins. Pas de nudité. Les couvrir ainsi, répond à deux buts selon la gérante : ne pas exposer la nudité, mais surtout présenter les pagnes disponibles et en vente à la boutique. « En attendant d’avoir des tenues prêtes à porter, nous attachons des pagnes à nos mannequins. C’est vrai qu’on n’a jamais eu de remarques, mais on se dit qu’il faut toujours couvrir la femme », explique la gérante.
Près de la boutique de chez Sakira, une autre propose aussi des habits de femmes et d’homme. Sur les cinq mannequins arrêtés, une n’est pas couverte. « On va l’habiller tout de suite », promet Sali Nassirou, commerçante, étonnée de voir un intérêt sur le sujet, car pour elle, personne ne fait attention à la nudité des mannequins.
Aux 1200 logements, c’est tout le contraire. « Au début, j’ai failli ferme la boutique, tant le regard portait sur les mannequins. Pire, la boutique est située près d’un groupe de commerçants attachés la religion musulmane », explique Farida Sanou, vendeuse de lingerie.
Sur les mannequins sont effectivement exposées des nuisettes sexy : certains en slip simple, d’autres en robe. « Lorsqu’elles sont nues, on nous interpelle toujours à les couvrir », indique la vendeuse souriante.
Julie Jessica/MoussoNews