#InstantDiasporaBurkinabè : « Nous ne rêvons que nous réinstaller à Bobo-Dioulasso », Akim Ouattara, burkinabè résident en France
« Ma femme mange le chitoumou, mais c’est qu’elle aime le plus est le tô et la sauce oseille. Elle comprend le dioula et adore la ville de Bobo-Dioulasso », témoigne Akim Abdel Seydou Ouattara, burkinabè résident en Bretagne en France. Le couple n’a qu’un rêve : revenir s’installer à Bobo-Dioulasso. Mais en attendant, avec l’Association des burkinabè de Bretagne (ABB), Akim espère apporter du soutien en matériel éducatif et sanitaire aux personnes déplacées internes.
- Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je suis Seydou Abdel Akim OUATTARA. Je suis burkinabé – originaire de Bobo-Dioulasso. Je réside en Bretagne depuis 2017– plus précisément à Quimper depuis 2019. De formation comptable-fiscaliste, je suis actuellement en poste dans une entreprise de construction industrielle.
- Depuis combien de temps vivez-vous en France ?
J’ai fait mon premier séjour en France en 2014 pour les vacances afin de rencontrer la famille de ma future femme. Puis j’ai fait de nouveau un séjour en 2015. J’ai ensuite emménagé en France en 2017 à la suite de notre union.
- Qu’est-ce qui vous donc amené à résider en France ?
C’est l’amour qui m’a amené en France (Riiire). En effet, j’ai rencontré mon adorable femme au Burkina où elle faisait une mission bénévole dans un orphelinat. Ma femme a fait deux ans d’allers retours entre le Burkina et la France et suite à la perte de son emploi au Burkina, nous avons décidé de passer quelques années en France car une opportunité de travail s’était présentée à elle.
- Pourquoi le choix de la ville de Bretagne pour y résider ?
Nous nous sommes installés en Bretagne d’où ma femme est originaire. J’ai eu la chance de rencontrer les bretons – aussi intègres que les burkinabè bien que très têtus. (Rires). J’apprécie la culture, la gastronomie et les paysages bretons.
- Employé dans une société française, comment se passe vos quotidiens ?
J’ai été très bien accueilli par mes proches qui ont fait le nécessaire pour me mettre à l’aise et me faire me sentir chez moi. Il m’a fallu appréhender la différence culturelle et m’adapter à cette nouvelle façon de vivre et à la pluie quotidienne – mais comme disent les Bretons « en Bretagne, il ne pleut que sur les cons ». J’ai été surpris au départ que les gens ne se saluent pas systématiquement et de ne pas avoir de lieu de rencontre comme le « grin » au pays. Personnes n’a le temps pour l’autre.
- Comment s’est passé votre intégration ?
Concernant mon travail, l’intégration a été plus compliqué. Étant dans le secteur tertiaire, j’ai pu être confronté au racisme. J’ai réussi à surmonter les remarques et à me faire respecter. C’est un fléau qui ne cesse de gangréner.
- Marié à une française et père de deux enfants, venez-vous régulièrement au pays ?
Depuis mon installation en France, nous essayons de nous rendre chaque année à Bobo-Dioulasso pour voir la famille. Nous trouvons important que nos enfants connaissent leurs deux cultures et qu’elles se sentent à Bobo chez elle. Ainsi, chaque année nous nous rendons presque quotidiennement au pays. Nous sommes en contact réguliers avec les ‘’tontons’’ et les ‘’tatas’’ ainsi que leurs cousins-cousines. Le fait que ma femme connaisse et aime le Burkina facilite la transmission de ma culture à nos enfants.
Lire aussi: #InstantDiasporaBurkinabè : Gaëlle Koala veut contribuer à l’essor industriel du pays – Mousso News
- Sur les réseaux sociaux, on voit que votre épouse se débrouille à écrire en dioula, aime le chitoumou, Bobo-Dioulasso s’invite-t-elle parfois chez vous à la maison ?
En effet, ma femme a voyagé en Afrique à plusieurs reprises et a déjà adopté la culture de chez nous. Elle a été très bien acceptée et intégrée à Bobo-Dioulasso autant auprès de ma famille que de mes amis et du voisinage. Oui en effet, elle adore les chitoumous mais ce dont elle raffole c’est le tô sauce ”daa” (oseille), disons les mets de chez nous. Elle aime quasiment tout (riiirrre). Bobo-Dioulasso ne s’invite pas parfois à la maison, il est là tout le temps.
- Est-ce que Bobo-Dioulasso vous manque parfois ?
Bobo me manque tous les jours. C’est mon pays et c’est là-bas que je me sens le mieux. J’y ai ma famille et ma culture. Comme on dit là-bas « Un morceau de bois a beau séjourner dans l’eau, il ne deviendra jamais un caïman ». Ma femme n’attend qu’une chose c’est l’installation à Bobo-Dioulasso – projet que nous avons depuis le départ du Burkina. Malheureusement avec les événements que connaît le pays depuis quelques années et la médiatisation qui est faite ici nous partons le cœur moins léger mais une fois arrivée sur place nous retrouvons notre chère patrie.
- Qu’est-ce que vous aimez le plus au Burkina et le plus en France ?
Ce que j’aime le plus au Burkina c’est la solidarité, l’entraide, l’esprit communautaire, la positivité et la joie de vivre même si tout semble perdu. Ce que j’aime le plus en France c’est la valeur travail, l’organisation, les valeurs de protection de la planète qui sont transmises aux enfants (ne pas jeter les détritus, faire le tri, respecter la nature…) et bien sûr la gastronomie.
- Quels sont vos projets pour le Burkina Faso ?
A mon échelle, je veux me rendre utile pour mon pays et le développer à la hauteur de ce qu’il mérite. Mes projets s’orientent davantage vers l’autosuffisance alimentaire.
- Vous êtes dans une association qui œuvre pour le social, est-ce que vous pouvez nous la présenter ?
Notre association ABB (Association des Burkinabés de Bretagne) dont je suis le président est le résultat de la rencontre entre moi et d’autres jeunes Burkinabè pour la plupart étudiants. Nous avons eu envie d’œuvrer à notre niveau pour le pays et avons ainsi créer cette association qui s’est depuis fournie en nouveaux membres. Nous sommes très touchées par la situation des déplacés internes et réfléchissons à rassembler et envoyer du matériel médical, du matériel de première nécessité et du matériel d’éducation pour pouvoir apporter notre contribution à la sortie de crise du pays. Cette association est très récente et nous devons encore préciser nos actions concrètes pour participer à l’édifice du pays. Inch Allach.
- Comptez-vous un jour rentrer vous installer au pays ?
Nous comptons rentrer nous installer au pays– nous espérons pouvoir mener à bien notre projet d’ici 3 là. Nous espérons que la situation sera plus apaisée et sereine.
- Quels sont vos souhaits pour le pays qui traverse des moments de défis sécuritaires ?
Mes souhaits pour le pays sont dans un premier temps la paix et la sécurité pour toutes les régions du Burkina. La stabilité politique, la pérennité de notre culture, le développement et la maitrise de nos ressources. Le plus important pour le Burkina est que nous croyons en nous et en notre capacité à réussir. Personne ne le fera pour nous. Soyons fort et patient, tout ira bien j’en suis convaincu et j’y crois fermement.
Interview réalisée en ligne par Julie Jessica /MoussoNews