Koudougou : Nadège espère reprendre le chemin de l’école avec la vente de jus
Nadège Yaméogo, 18 ans, a dû abandonner temporairement les études après l’obtention de son Brevet d’étude de premier cycle (BEPC) en 2022. La raison : manque de moyen financier. La jeune fille, ainée de la famille orpheline de père doit aider sa mère dans les charges familiales. Elle vend du jus pour assurer les besoins vitaux et économiser pour reprendre le chemin de l’école à la rentrée prochaine.
Abandonner l’école pour des raisons de finances, Nadège ne perd pas l’espoir de poursuivre ses études l’année prochaine. Elle a donc consacré 2022 pour travailler et aider sa mère mais aussi économiser pour pouvoir payer sa scolarité.
Quoi faire ?
Quoi faire pour aider maman et payer ma scolarité ? La question a tant taraudé l’esprit de la jeune Nadège. Elle dit avoir longuement réfléchi sur ce qu’elle pouvait faire pour épauler sa génitrice et pouvoir s’inscrire en classe de 2nd à la rentrée prochaine. « Lorsque j’ai eu mon BEPC, je savais immédiatement qu’il fallait me trouver un boulot pendant les vacances pour pouvoir payer ma scolarité. Mais malheureusement je n’ai pas pu être à l’école cette année. J’ai d’abord travailler durant trois mois comme fille de ménage mais vu les charges de ma mère j’ai pas pu économiser pour la rentrée. Actuellement avec la vente des jus j’arrive à épargner quelques francs pour retourner en classe à la rentré », confie-t-elle. Elle opte pour la vente de jus. Une activité rentable mais épuisante. Mais 7 mois qu’elle vend les jus à travers les rues de Koudougou toutes la journée. Poussant sa charrue, la glacière remplie de jus de tout de type de saveur : lait, mangue, orange, etc…, elle est payée en fonction de la quantité vendue.
« Il n’y a pas de salaire fixe »
« Sur chaque paquet de 100 jus vendus, je suis payé à 1 500 F. Des fois, j’arrive à vendre 2 à 3 paquets mais par contre il y a des jours je fini pas un seul lot », informe-t-elle. Il n’y a donc pas de salaires fixes. Chacun est payé selon sa vente journalière effectuée. Et pour vite écouler les stocks, elle se rend devant les lycées entre 10h et 12h. Non sans fatigue. « Chaque soir quand je rentre j’ai toujours mal au pied et dos. Marcher pendant des heures est très épuisant. Mais je n’ai pas le choix que de me mettre à la tâche car mes frères et sœurs comptent sur moi pour se nourrir », dit-elle visiblement épuisée.
Assane Ilboudo, un patron satisfait
Assane travaille avec une vingtaine de jeune et Nadège est la seule femme figurante de son dépôt de jus. Ne voulant pas collaborer avec des femmes pour des raisons précises, il a automatiquement refusé quand Nadège est venu pour chercher du boulot chez lui. « Au début quand elle est venue me voir qu’elle cherchait du boulot j’ai rejeté sa demande. Je lui aie fait comprendre que c’est un métier d’homme. Marcher des heures en poussant une charrue serait très épuisant pour une fille », témoigne-t-il. Avant d’ajouter qu‘’Avec les hommes ce n’est pas facile. Comment une femme pourrait l’exercer ? ’’.
Mais Nadège les larmes aux yeux ce jour-là a tellement insisté que Assane Ilboudo fini par lui donner un essai d’une semaine et depuis lors elle fait partie de mes meilleurs employés. « Depuis lors j’ai compris qu’il y a des filles qui veulent travailler pour gagner dignement leur vie », dit-il fièrement.
Mariam LINGANE / MoussoNews