La graine de coton en poudre : Un trésor culinaire méconnu mais qui ravive les mets
Longtemps utilisée par les femmes dans la préparation des sauces et autres mets traditionnels, la graine de coton en poudre a peu à peu disparu des habitudes culinaires, au point de devenir aujourd’hui une rareté. Principalement destinée à l’alimentation animale ou transformée en huile, cette graine offre pourtant de nombreux atouts gastronomiques et thérapeutiques.
Au grand marché de Ouagadougou, l’ambiance des étals colorés cache des produits surprenants, parfois même oubliés. Parmi eux, la graine de coton en poudre, autrefois courante dans les cuisines, est aujourd’hui difficile à trouver. « Non, moi je n’en ai pas, allez voir plus loin », indique une vendeuse quand quelqu’un s’y intéresse. Après quelques étals plus loin, Constantine Tapsoba, une commerçante propose la poudre de graine de coton rare qu’elle produit et vend. Elle le vend en détail, soigneusement attachés dans de petits sachets en plastique.
Lire aussi: https://www.moussonews.com/le-laurier-une-feuille-prisee-mais-rare-selon-les-revendeurs-de-plants/
« Oui, c’est de la poudre de graines de coton », explique-t-elle. Elle est l’une des rares vendeuses à en proposer. Elle connaît bien les qualités de ce produit, qu’elle considère comme un véritable joyau culinaire. «Beaucoup de gens de notre génération ignorent qu’elles peuvent être utilisées en cuisine. Nous maman par contre, les graines de coton se retrouvait beaucoup dans leurs recettes », ajoute-t-elle.
Auparavant, les graines de coton écrasées étaient préparées en sauces pour accompagner avec de la semoule de maïs ou était tout simplement transformer en boulettes savoureuses communément appelés « Gnonkon ». Mais aujourd’hui, elles sont principalement utilisées pour nourrir les animaux ou extraites pour produire de l’huile.
Sa sous-utilisation culinaire s’explique en partie par leur rareté sur les marchés et souvent son prix trouvé exorbitant. Vendue à 500 FCFA le sachet, la poudre de graines de coton semble coûteuse pour certains, ce qui se comprend aussi par sa faible présence dans les habitudes culinaires modernes.
Pourtant, certains Burkinabè n’ont pas oublié la graine de coton en poudre. Ablassé Ouédraogo se rappelle avec nostalgie les plats que sa mère préparait avec cette poudre. « Ma mère nous en cuisinait souvent quand j’étais petit. Elle disait que c’était bon pour le ventre et que cela aidait à soigner plusieurs maux », confie-t-il.
Cette poudre possède-t-elle des pouvoirs sanitaires ?
Ablassé Ouédraogo n’a pas cessé d’évoquer les vertus sanitaires que cache ce produit, dont sa richesse en fibres et en nutriments qui soulage les maux d’estomac et aide à la régulation de certaines fonctions corporelles. « Cette poudre est miraculeuse. Sa consommation facilitait la digestion tout en soulageant les maux gastrique. Mais bien sûr, il faut en consommer avec modération, comme tout aliment », prévient-t-il.
En plus d’être utilisée dans les sauces, et sa capacité curative, la graine de coton en poudre pourrait servir de base pour des créations originales, comme pâte à tartiner. « Le potentiel est là. Il suffit d’une touche d’audace pour redonner vie à cet ingrédient dans nos assiettes », confie Souleymane (nom d’emprunt), un amateur de la cuisine. Selon lui, la graine est exploitable pour en faire de nouveaux mets qui pourraient ravir les consommateurs.
Si la graine de coton en poudre reste encore un trésor méconnu pour beaucoup, ceux qui osent l’essayer redécouvrent une saveur authentique et un héritage culinaire presque oublié. Avec espoir, cette poudre rare retrouvera sa place dans les cuisines africaines. En attendant, quelques poignées de graines, soigneusement préparées et vendues par Constantine Tapsoba continuent de redorer les plats de celles qui en connaissent le secret.
Diane SAWADOGO (Stagiaire)/ MoussoNews