
L’adoption au Burkina : Un processus long et pénible malgré l’urgence des besoins

Près de 5 000 enfants privés de famille vivent dans des centres et familles d’accueil au Burkina. Lors d’un colloque international sur la parentalité, Dr Guilga François de Paule Yambressinga a présenté une étude sur le processus d’adoption au Burkina, mettant en lumière ses défis et ses lenteurs administratives.
Du 5 au 7 mars 2025, un colloque international sur la parentalité s’est tenu à Ouagadougou, réunissant des chercheurs de l’Université Laval Québec, de l’Université Joseph-Ki-Zerbo et du Pôle d’excellence africain/ Africa Multiple. Parmi les interventions, celle du Dr Guilga François de Paule Yambressinga a retenu l’attention. Il a présenté une analyse du processus d’adoption au Burkina Faso, un sujet encore peu abordé.

Selon son étude, le Burkina Faso compte actuellement près de 5 000 enfants privés de famille, répartis entre 84 Centres d’accueil des enfants en détresse (CAED) et 372 familles d’accueil. Malgré l’existence d’un cadre légal pour l’adoption, la procédure reste longue et complexe, avec une durée moyenne de plus de douze mois pour constituer les dossiers des enfants.
L’étude a révélé que les principales contraintes sont administratives et financières. Les CAED, souvent en manque de ressources, peinent à réunir les documents nécessaires pour l’adoption, tandis que les services sociaux souffrent d’un manque de moyens pour mener les enquêtes requises. De plus, le comité technique d’apparentement, censé faciliter le processus, se réunit rarement en raison d’un manque de financement.
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Par ailleurs, l’adoption est encore peu valorisée dans la société burkinabè. De nombreux couples sans enfants privilégient le confiage ou l’adoption traditionnelle au sein de leur famille élargie, évitant ainsi les démarches administratives. De plus, les candidats à l’adoption sélectionnent souvent les enfants selon des critères spécifiques, notamment en fonction de leur âge, de leur sexe ou de leurs antécédents familiaux.
Sur le plan juridique, l’adoption est soumise à des conditions strictes : les couples doivent être mariés depuis au moins cinq ans et l’un des conjoints doit avoir entre 30 et 50 ans. Les célibataires de sexe féminin peuvent également adopter, mais sous certaines conditions.
Enfin, les crises récentes, notamment la pandémie de COVID-19 et l’instabilité sécuritaire, ont freiné les adoptions internationales, réduisant encore les opportunités pour les enfants sans famille.
Face à ces difficultés, Dr Yambressinga plaide pour une réforme du processus d’adoption afin de le rendre plus rapide et plus accessible. Il souligne l’importance de sensibiliser la population burkinabè à l’adoption légale pour offrir à ces enfants un cadre familial stable et protecteur.
Source: Faso.net
Résumé de Diane SAWADOGO/ MoussoNews