« L’agriculture reste une voie stratégique pour l’autonomisation économique des femmes rurales », Balguissa Sawadogo

Plus de 500 femmes ont été accompagné par Oxfam Burkina dans le domaine agricole. Parmi elles, 3 ont un success story très impacants. A l’occasion du 8 mars 2025 dont le thème est évocateur en matière de promotion de l’entreprenariat agricole, Balguissa Sawadogo, responsable communication et média revient sur l’ensemble des projets de l’ONG qui font le bonheur des femmes.

Présentez-vous à nos lecteurs

Je suis Balguissa SAWADOGO, Responsable communication et média chez Oxfam au Burkina Faso.

  • « Crise sécuritaire et humanitaire au Burkina Faso : quelles stratégies pour promouvoir l’entrepreneuriat agricole des femmes ? », thème du 8 mars 2025, quelle appréciation faites-vous dudit thème ?

Ce thème est très pertinent car il soulève la question de la double vulnérabilité des femmes face à la crise sécuritaire et humanitaire tout en soulignant leur potentiel économique. Il appelle à la réflexion vers l’urgence de renforcer les initiatives permettant aux femmes d’accéder à des activités agricoles résilientes, sources de revenus et de sécurité alimentaire. Toute chose qui s’aligne parfaitement avec la mission de Oxfam, qui vise à réduire les inégalités à travers entre autres l’autonomisation économique des femmes et la sécurité alimentaire. L’accès des femmes aux ressources productives et aux marchés est une condition essentielle pour leur permettre de renforcer leur résilience et d’assurer une production agricole durable.

  • Oxfam est une organisation très engagée pour l’autonomisation de la femme dans divers domaines notamment celui agricole, quel a été le projet phare qui a accompagné les femmes dans ce sens ?

Oxfam, à travers ses différents programmes Citoyenneté Active et Réduction des Inégalités (CARI), Construction de la Résilience et Action Humanitaire ( CRAH), Moyens d’Existence et promotion des Chaînes de Valeurs (MECV) et l’Unité Incidences Politiques (UIP), a mis en œuvre plusieurs initiatives pour l’autonomisation des femmes et filles. Il faut préciser que dans la mise en œuvre de l’ensemble de nos projets, Oxfam inclue l’approche genre dès la conception de ses projets car nous sommes convaincu.es que la promotion de l’égalité entre les femmes, les hommes, les filles et les garçons demeure importante pour réduire les inégalités et renforcer la résilience des communautés. Donc il sera difficile de se limiter à un seul projet.  Par exemple le projet Norad a permis de doter 300 petit-e-s productrices de petits matériels pour la maraîcher-culture (groupements féminins), d’appuyer financièrement 300 femmes et jeunes (PDI et hôtes) pour la production, la conservation, la transformation et la commercialisation des produits agropastoraux et produits forestiers non ligneux (PFNL). Le projet Voix et leadership des Femmes (VLF) transversal,  a appuyé des organisations féminines burkinabè comme L’Union Nationale des Étuveuses de Riz du Burkina Faso (UNERIZ) pour leur autonomisation. Ce projet a permis de toucher 193 083 bénéficiaires directes et 663 674 bénéficiaires indirectes. Le projet Danida a soutenu 130 femmes et filles à travers les activités de réinsertion socioéconomique. Le projet DGD Jeunesse et Résilience a accompagné 232 jeunes femmes dans des activités génératrices de revenus agricoles. Le programme PS2 a appuyé des mini-laiteries et des femmes transformatrices. Le projet PACAJeF a permis l’accompagnement à la certification d’entreprises de féminines évoluant dans la production et la distribution de produits agricoles.

  • De façon estimative, combien de femmes ont bénéficié de l’accompagnement de Oxfam Burkina dans le domaine agricole ?

Plus de 500 femmes ont été directement accompagnées cette année dans l’agriculture, que ce soit par des formations, des dotations en matériels, des facilitations d’accès à la terre ou des appuis financiers. A cela s’ajoute les femmes touchées par les activités de nos partenaires tels que L’Union Nationale des Étuveuses de Riz du Burkina Faso (UNERIZ) et l’Union Nationale des Mini Laiteries et Producteurs de Lait Local du Burkina (UMPL/B).

« L’agriculture reste une voie stratégique pour l’autonomisation économique des femmes rurales », Balguissa Sawadogo 2

Dans le domaine du plaidoyer nous accompagnons par exemple  la Confédération Paysanne du Faso (CFP) ainsi que le collège des femmes de la CPF à travers plusieurs actions de plaidoyers sur les thème liés à l’implication des femmes dans les instances de décision au niveau communal, régional et national dont celle sur l’entreprenariat agricole, le renforcement du plaidoyer pour la mise en place de produits financiers spécifiques aux femmes, le renforcement à l’accès des femmes à la terre surtout sécurisée, le renforcement de  l’accès au financement et au crédit adaptés, etc.

  • Y’a-t-il un success story d’une bénéficiaire qui évolue aujourd’hui dans l’entreprenariat agricole ?

Oui. Trois femmes entrepreneures agricoles inspirantes se démarquent par leurs réussites. Deux d’entre elles sont installées à Banfora, dans la région des Cascades. Il s’agit de Madame Kadidiatou Koné, fondatrice de l’entreprise Balokoyouma, spécialisée dans la production de farines infantiles, qui a obtenu la certification pour trois de ses produits. Toujours à Banfora, Madame Alimatou Tall, à la tête de l’entreprise Aïcha Lait, a quant à elle certifié deux de ses produits. La troisième entrepreneure, Madame Fatoumata Saba, dirige l’entreprise SAFAS à Dori, dans la région du Sahel. Son entreprise, spécialisée dans la production d’infusions, a obtenu la certification pour 37 produits.

Ces trois femmes ont bénéficié de l’accompagnement de Oxfam dans le cadre du projet PACAJeF, qui leur a apporté un appui technique et financier. Grâce à cet accompagnement, elles ont pu obtenir la certification NBF de leurs produits agricoles, facilitant ainsi leur accès à un marché plus vaste, incluant des institutions publiques et privées.

  • La nouvelle dynamique au Burkina est de promouvoir l’entreprenariat agricole, en particulier celle des femmes, quelles sont les perspectives de Oxfam Burkina Faso ?

Oxfam compte s’inscrire aux côtés de ses partenaires opérationnels dans le plaidoyer et des activités pour un renforcement de l’accèsdes femmes à la terre, la promotion des produits financiers adaptés, la facilitation de l’accès aux marchés institutionnels et le soutien aux formations techniques et entrepreneuriales pour assurer la compétitivité des femmes agricultrices.

C’est le cas du projet « Renforcer la résilience des populations vulnérables aux chocs climatiques et aux conflits au Burkina Faso »_DANIDA Climat qui vise à renforcer la résilience à long terme des populations vulnérables du Burkina Faso, en particulier dans les régions du Centre-Nord (Kaya et Boussouma) et du Nord (Ouahigouya et Gomponsom), face au changement climatique, aux conflits et aux déplacements de population, en renforçant les capacités des communautés où les femmes et les jeunes dirigent des approches intégrées et sensibles aux conflits en matière de moyens de subsistance durables, de gestion des ressources naturelles, d’alerte précoce et d’action anticipative. Bien sûre tout en veillant à la prise en compte des femmes déplacées internes ainsi que les retournées.

  1. L’avenir des femmes rurales est-il vraiment dans l’agriculture ?

L’agriculture reste une voie stratégique pour l’autonomisation économique des femmes rurales. Toutefois, pour qu’elle soit une alternative viable, il faut un accompagnement adapté en termes de formation, accès aux ressources et marchés, et innovations technologiques.

Ces innovations technologiques et pratiques agricoles résilientes permettront de renforcer la productivité et la rentabilité des activités agricoles menées par les femmes.

  • Quelles peuvent être les opportunités dans un tel domaine au Burkina Faso ?

Nous sommes en période de transition. C’est une occasion favorable pour l’adoption et la mise en œuvre d’outils législatifs performants au profit des femmes et des filles. Et à ce niveau, les opportunités incluent nécessairement la transformation des produits agricoles qui ajoute de la valeur aux productions locales, les marchés institutionnels qui offrent des débouchés aux productrices, l’agroécologie (agriculture durable et bio), qui répond à une demande croissante, l’agriculture connectée, avec l’usage des TIC pour optimiser les chaînes de production et de commercialisation pour n’en citer que celles-ci. A titre illustratif, les interventions du Projet DANIDA Climat, comprennent la mise en place de systèmes d’alerte précoce et de cadres d’action anticipée, l’élaboration de plans de préparation aux conflits sensibles au climat, la gestion durable des ressources naturelles et la promotion de l’entrepreneuriat vert. Le projet va mettre particulièrement l’accent sur l’autonomisation socio-économique et politique des femmes par le biais d’activités économiques qui résistent au changement climatique, telles que l’entrepreneuriat vert, l’agroécologie et la gestion durable des ressources naturelles. Il va aussi créer des opportunités pour les femmes en leur fournissant des formations, des financements et un accès aux ressources, y compris l’accès à la terre et/ou aux droits fonciers, ainsi qu’une participation active aux processus de prise de décision. Ce projet est basé sur une approche féministe et décoloniale, et est en accord avec les politiques nationales et internationales.

  • Avez-vous un message à l’endroit des femmes ?

J’invite les femmes burkinabè à se dire qu’elles sont les piliers du développement économique et social. Toutes nos actions individuelles ou en organisations doivent inclure cela. Nous constituons 52 % de la population burkinabè si l’on s’en tient aux statistiques démographiques. C’est très significatif et nous devons travailler ensemble à construire des mouvements féminins forts, dynamiques et engagés pour participer pleinement à la marche du pays. Nous ne pourrons le faire individuellement mais ensemble. Car ensemble on va plus loin.  L’entrepreneuriat agricole est une opportunité de transformation durable.

  • Avez-vous un message à l’endroit des autorités ?

Nous appelons les autorités à renforcer l’accès des femmes à la terre, à adapter les produits financiers à leurs réalités et à favoriser la consommation locale afin d’assurer une autonomisation durable des femmes dans le secteur agricole. Nous plaidons également pour une forte implication des organisations féminines dans les vastes programmes agricoles et entrepreneuriaux en cours. Il existe un potentiel à valoriser, avec de formidables initiatives à mettre à contribution en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire de façon globale.

Interview réalisée en ligne par Bassératou KINDO

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