« L’apport concret de SWEDD au Niger est l’initiative des écoles des maris » Saidou Kaboré, Représentant Résidant de UNFPA au Niger

Saidou Kaboré est le Représentant Résidant de UNFPA au Niger avec une expérience de plus de 30 ans dans les programmes de développement et la réponse humanitaire. Economiste spécialisé dans la planification du développement de nationalité burkinabè, il a été au Ministère de l’Economie et des Finances du Burkina Faso de 1998 à 2000. Interview

-Présentez vous à nos lecteurs

Je suis Saidou Kaboré, Représentant Résident de UNFPA au Niger.

Quels sont les défis de l’autonomisation des femmes et de la jeune fille au Niger ?

Il faut dire que la problématique de l’autonomisation des filles au Niger s’intègre dans un ensemble vaste en ce sens que la finalité est l’élément à prendre en compte pour convaincre de l’intérêt de travailler sur l’autonomisation des filles. Premièrement, la contribution des filles et des femmes à l’accélération de l’atteinte des outils de développement durable est indéniable dans toutes les études. L’accroissement de l’espérance de vie de l’Homme en général et de l’homme masculin en particulier est influencé directement par le bien-être des filles et des femmes. Et enfin, le potentiel des enfants est accru et garanti lorsque la femme et la fille ont une capacité d’abord éducationnelle élevée, professionnelle, avancée et qu’elles ont la capacité d’avoir des revenus, qui vont leur permettent de contribuer au bien-être de la famille et à garantir le potentiel des enfants dans le futur.

De tout cela, ce qu’il faut retenir aussi, c’est que, en termes d’études sociodémographiques, lorsque pour le cas de figure non souhaité, la mère ne survit pas, le potentiel des enfants est généralement réduit à une situation extrêmement difficile à réaliser. Par contre, l’inverse ne l’est pas, c’est pour dire la position importante de la femme dans le développement genre, dans la croissance économique et dans le bien-être des populations. C’est pourquoi au Niger, nous avons le défi de la scolarisation et de l’alphabétisation. Le défi des mariages d’enfants, c’est-à-dire avant 18 ans, qui influent seulement la santé mais empêche de continuer l’école. Mais aujourd’hui, nous avons des chefs religieux, nous avons des chefs traditionnels qui s’investissent à travers plusieurs programmes depuis des années pour inverser les tendances en ligne avec les priorités du gouvernement en matière d’autonomisation des femmes et des filles. Et je crois que le Niger est aussi l’un des pays pionniers pour le projet SWEDD en ce sens que la plupart des initiatives développées dans ce programme sont des initiatives qui sont essentiellement tirées de l’expérience du Niger notamment l’école des maris, d’espaces sûrs, il y a également tout ce qui est relatif à l’implication des chefs traditionnels et religieux dans la lutte contre le mariage des enfants et dans l’éducation des filles.

Lire aussi:Autonomisation de la femme et de la jeune fille : 6 pays d’Afrique échangent autour du SWEDD – Mousso News

–        Quels sont les inégalités les plus fréquentes au Niger en matière d’autonomisation des femmes ?

Alors parler d’inégalité, je crois qu’il vaut mieux parler des situations que vivent les filles comme le mariage des enfants, le mariage des filles avant l’âge de 18 ans qui influe sur leur santé. Mais cela est dû aussi au fait que l’accès à l’école n’est pas assuré et cela va créer une inégalité entre les 2 sexes.

 Mais cela ne concerne pas seulement les filles parce qu’il y a aussi des garçons dans les régions où l’accès à l’éducation est difficile. Mais les plus frappés restent les filles en grande majorité. Donc, il y a un problème d’inégalité économique, l’accès à l’école, à ses droits, parce qu’on ne les connait pas. Et c’est en cela que la mobilisation sociale, la sensibilisation, l’implication des communautés et des leaders traditionnels est très importante pour véhiculer le message qu’il faut dans les différentes communautés.

–        Qu’est-ce que le projet SWEDD a apporté comme changement ?

Le projet SWEDD est un partenariat unique en ce sens qu’il met à contribution une entité financière qui apporte les fonds, une entité technique qui apporte l’expérience dans le domaine et une entité gouvernementale qui, en tant que chargée de développer le pays constitue un peu le trio que je dirais, le partenariat.  Le deuxième élément à mettre en avant, c’est la durabilité induite par cette dimension qui a mis en face plusieurs acteurs qui travaillent ensemble pour un objectif commun parce que l’autonomisation des filles et femmes ne relèvent pas seulement de l’aspect santé, social, de l’aspect éducationnel. Il relève de plusieurs secteurs y compris par exemple du secteur du transport. Quand une fille doit se faire soigner et n’a pas accès à de route pour aller au centre de santé, c’est l’ensemble de ces acteurs que le projet SWEDD a mis ensemble.

Ce qu’il a apporté concrètement, c’est l’initiative de l’école des maris qui a renforcé l’amélioration et la fréquentation des centres de santé, accrue les accouchements assistés dans ces centres, parce que c’est une initiative qui est combiné au centre de santé par exemple au Niger, à la communauté, aux chefs traditionnels. C’est ensemble qu’il faut définir les critères de choix, des politiques de centre de santé, les actions qu’ils vont entreprendre pour que la communauté fasse sienne le programme de centre de santé. C’est donc un élément qui crée une dynamique interne, une synergie qui améliore l’accès aux services des centres de santé pour les filles, les mères, les nouveaux nés, et contribuent à ce que les maris modèles contribuent à ce que les femmes avec l’appui des chefs traditionnels à venir au centre de santé. Ils facilitent l’offre, la création de la demande, l’amélioration des qualités de l’offre, le plateau technique, tout cela facilite l’amélioration.

Mais c’est un travail de long allène, qui ne change pas du jour au lendemain, il reste encore beaucoup à faire car cela couvre seulement certaines parties des différents pays et il faut aller à l’échelle.

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–        Quels est le retour des bénéficiaires ?

Je prends le retour des bénéficiaires dans la région des Illéla, région de Tahoua au Niger, où nous avons récemment effectué notre dernière mission.

Lorsque nous avons rencontré les membres de l’école des maris et en présence du médecin chef du centre de district et d’autres acteurs, ce qui revient c’est la prise en compte des réalités sociales, des dimensions culturelles et religieuses dans le développement du programme. L’écoute fait que les communautés comprennent l’intérêt d’aller accoucher aux centres de santé où les communautés posent aussi le problème pour celles qui sont éloignées sur comment accéder au centre de santé même si on veut y aller. Il y’a les problèmes d’accès économique que ces groupes travaillent à mettre en place… c’est un dialogue continu qui permet de prendre en compte les défis des populations. Il ne s’agit pas d’offrir des services de centre de qualité mais il faut aussi faciliter l‘accès à ces services.

C’est un retour positif mais qui demande bien sûr des améliorations. Le groupe de l’école des maris a demandé de faciliter le transport, etc…

–        Quelles sont les perspectives ?

 Les perspectives relèvent d’abord de chaque Etat à définir les programmes. La plupart sont dans la préparation des phases 3 ou plus. L’idée c’est de tirer des leçons sur des expériences passées comme la question des Observatoires Nationaux pour les Dividendes Démographiques (ONDD) qui connaissent des difficultés d’appropriation qu’il va falloir améliorer pour définir ce qui relève de l’appui technique qu’il faut améliorer, ce qui relève du gouvernement et des acteurs dans chacune des identités à améliorer. C’est donc une dimension d’amélioration.

Annick HIEN/MoussoNews

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