« Le FIDO est le tout premier reportage que j’ai couvert au Burkina », Fanny Naoro/Kabré, marraine

Le Festival international de danse de Ouagadougou (FIDO) est une initiative de Irène Tassembedo, danseur chorégraphe. La 11e édition – 21 au 28 janvier 2023- est coparrainée par Fanny Naoro/Kabré journaliste correspondante de TV5 Monde et Radio France. Le Fido est le tout premier reportage qu’elle a couvert à son arrivée au Burkina Faso et Irène l’une des premières personnes qu’elle a connues. |🔴Interview

« Le FIDO est le tout premier reportage que j’ai couvert au Burkina », Fanny Naoro/Kabré, marraine 2

Est-ce votre première fois d’être sollicité par le FIDO ? De quand date votre rencontre avec Irène Tassembédo ?

Irène est l’une des premières personnes que j’ai connues quand je suis arrivée au Burkina Faso il y a huit (08) ans en tant que journaliste. Je venais m’installer pour être correspondante pour divers médias. Le Festival International de Danse de Ouagadougou a été le tout premier reportage que j’ai effectué au Burkina. Je travaillais pour la chaîne panafricaine UbizNews qui avait été fondé par Amobé MEVEGUE. Il connaissait aussi Irène alors quand je lui ai dit que j’allais écrire sur le FIDO, il m’a encouragé à le faire. Irène est une très belle personne que j’ai appris à connaitre. Je me souviens avoir dit après le festival à l’époque que si tous les sujets ressemblaient à ça et tous les burkinabè ressemblent à Irène je vais beaucoup me plaire ici.

Vous êtes marraine de cette édition, en quoi va consister concrètement votre parrainage ?

C’est avec beaucoup d’honneur que j’ai accepté de coparrainer le festival.  Il faut dire que dans le contexte sécuritaire actuel, la culture est le secteur qui en pâtie beaucoup et je crois qu’il ne faut rien lâcher, il faut tout donner pour la préserver. C’est pourquoi lorsqu’ Irène m’a faite la proposition de coparrainer la 11e édition du FIDO je me suis dit que si je peux aider quelqu’un comme elle, c’est avec plaisir et si je peux aider un tant soit peu à mon petit niveau je le ferai. Pour ma part je vais essayer d’être une marraine à la hauteur de ses espérances.

Avez-vous un imaginaire commun avec sa compagnie ? Vous épousez sa vision de la danse ?

J’épouse beaucoup la vision qu’elle a du Burkina. Je suis persuadée de la vision de la culture comme outil de construction massive. C’est ce que j’essaye de faire en tant que correspondante internationale même si malheureusement l’actualité fait que je traite beaucoup plus de sujets sécuritaires j’essaye de montrer qu’il n’y a pas que cela. J’essaye toujours de proposer les ‘’à-côtés’’ de Ouagadougou pour montrer qu’il n’y a pas que la guerre au pays même si elle fait beaucoup de mal. Il y a d’autres choses qui se passent et la culture en fait partie. La culture est riche au Burkina Faso que ce soit en danse ou en musique, en théâtre et dès que je peux montrer cette particularité évidemment moi je fonce.

Quelle est votre regard sur la danse au Burkina Faso ?

La culture s’exporte énormément.  Pourquoi je dis cela ? Parce que souvent je vois des danseurs avec des noms burkinabé à l’international : des chorégraphes, des metteurs en scène, des comédiens etc. Si nous pouvons montrer que cette richesse est importante je suis toute ouïe. Ce que j’aime, c’est de voir ces gens qui se battent pour maintenir la danse à l’international mais surtout au pays parce que c’est avant tout sur le plan local qu’il faut pouvoir la maintenir de part le contexte. La danse est accessible à tous. Ce festival pour Irène et moi c’est faire passer des messages, donner de l’émotion avant tout et même si les spectacles ne plaisent pas à tout le monde. Je m’émerveille devant la multiplicité et la diversité, le mélange qu’on en fait ici au festival. La danse contemporaine n’a rien à envier à la danse traditionnelle, elles sont toutes au même niveau.

Le thème de cette année est « HERITAGES » quelle lecture faites-vous de la thèse héritage pour cette édition ?

L’héritage. Il est important pour moi parce que je suis « maman » d’un petit garçon de quatre (04) ans et je veux pouvoir lui montrer la richesse de ce pays qu’il ne peut pas découvrir malheureusement pour des raisons essentiellement sécuritaires. J’aimerais pouvoir l’amener à Tiébélé, à Tin-Akoff, au pic de Sindou… mais c’est compliqué je crois que c’est important de pouvoir montrer cet héritage à nos enfants à ceux qui vont suivre. Il y a beaucoup de potentialités au Burkina et il faut se battre pour les garder. La culture est vraiment un outil de paix, d’unité dans ces temps où on est un peu tenté d’être centré sur nous-mêmes. Je pense au contraire qu’il faut se tendre la main et ne pas se diviser peu importe d’où on vient pour sauver notre pays.  Le Burkina Faso c’est mon pays par mon mariage j’en suis fière et je le défends. Je suis encore plus patriote dans cette thèse d’héritage de qu’est-ce que nous allons laisser à nos enfants. Est-ce que nous allons nous battre, montrer notre intégrité ? Parce que ce sont ces valeurs là que j’ai apprise et que j’ai envie d’enseigner à mon enfant et aux autres générations qui suivront.

Est-il possible qu’il y ait une forme d’interpellation à festival panafricain de danse ?

Oui bien sûr il y a des compagnies du continent qui viennent au festival et c’est très important. La culture permet de traverser les frontières, de parler du Burkina Faso à l’international, montrer qu’il y a des choses magnifiques ici. J’en suis convaincue c’est le pont, la main tendue peu importe la couleur de peau. Du zouglou au dombolo, au coupé-décalé, sur la piste de danse moi je vais te montrer que le warba c’est tellement riche et c’est pourquoi il faut le défendre.

Comment arrivez-vous à vous projeter au-delà des médias pour vous retrouver dans les arts vivants et précisément dans la danse ?

C’est de pouvoir les montrer dans mes reportages parce que c’est aussi au travers des médias que ces évènements vont vivre, que nous allons montrer qu’ils existent. Ce qui va permettre de décompresser un peu. Il y a cette tendance à dire qu’il existe d’autres priorités et la culture se retrouve reléguée au second plan. Certes, nous avons des situations plus graves mais, il ne faut pas négliger la culture non plus parce que je vois le sourire des gens quand un spectacle est mené au grand marché de Ouagadougou où dans un camp de déplacés. Il n’y a pas de prix pour des gens qui ont vécu des horreurs. Ils n’ont peut-être pas la nourriture ni le vêtement avec ce spectacle mais humainement c’est un sourire que vous allez leur arracher et vous contribuez à leur épanouissement à donner un petit bonheur. C’est personnel à chacun et la valeur est inestimable.

Quels peuvent être selon vous les défis de la jeune génération de danseurs montante ?

Au Burkina c’est clairement la situation sécuritaire qui est le plus gros défi. Avec cette situation il y a des compagnies qui ne veulent pas venir, on leur déconseille même de venir parce qu’on leur dit que c’est dangereux le Burkina. Que ce soit la danse ou les autres disciplines, pour les artistes ce sont les mêmes difficultés qui limitent énormément. Tout se referme et c’est la culture qui en pâtie.

Halia R. Zouré

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