đź”´ [ L’Edito du mois d’AoĂ»t ] | la nouvelle donne de ces femmes radicalisĂ©es
Les faits sont passés presqu’inaperçus chez de nombreux Burkinabè ! A tout le moins, ils n’ont pas ému grand monde. Pourtant, ils marquent un tournant décisif dans la situation sécuritaire que nous vivons, tant ils prouvent que la lutte armée à laquelle le Burkina Faso fait face est asymétrique et donc difficilement saisissables. Dans les faits, c’est le mercredi 13 juillet dernier qu’un groupe d’environ 150 individus armés, « AVEC A LEUR TETE DES FEMMES », ont enlevé six hommes au marché de Baléré, hameau de culture situé entre Fada N’Gourma et Diabo, dans la région de l’Est.
Selon un témoin de l’AIB, ce sont les figures féminines du groupe qui ont joué les premiers rôles dans cette opération d’enlèvement, se montrant particulièrement impitoyables dans la visites des lieux de culte, avec une fouille minutieuse des mosquées et de l’église.
Comment en est-on arriver à là  ? Pourquoi la femme, première et grande victime des barbaries des terroristes en est-elle devenue elle-même un acteur majeur ? C’est à se demander si la victime d’hier n’est pas en train de se muer en bourreau aujourd’hui. Il est connu de tous que le cas burkinabè n’est pas une première. Parce que de par le passé et dans l’histoire des guerres, plusieurs femmes se sont illustrées comme des guerrières aguerries, des combattantes rompues, des amazones redoutées et redoutables.
Des exemples, on en trouve Ă la pelle comme la Princesse Yennega et Djimbi Ouattara (Burkina Faso), les Mino du Dahomey (Benin), Anne Zingha, la reine du Ndongo et du Matamba (Angola), Taytu Betul, cheffe de guerre et « Lumière » (Ethiopie) et Kimpa Vita, l’Ă©toile rĂ©volutionnaire du Kongo. Sauf que ces amazones se sont illustrĂ©es de la bonne des manières, dĂ©fendant une cause commune et noble, gĂ©nĂ©ralement contre l’oppresseur, l’envahisseur, le colon … Elles sont donc Ă l’antipode de ces femmes terroristes qui mènent le mauvais combat contre leur pays, se battent contre leur armĂ©e et tuent sans pitiĂ© leurs fils et frères. C’est dĂ©jĂ le cas au Niger et au NigĂ©ria avec Boko Haram et au Mali avec Ansar Dine ou les femmes combattent, mais de façon gĂ©nĂ©rale, leur rĂ´le se limite au ravitaillement des groupes armĂ©s et Ă la facilitation de leur installation dans certaines localitĂ©s.
A tous points de vue, cette nouvelle donne ne peut que donner froid dans le dos. En effet, pour qui connait la femme, mère de l’humanité, sa sensibilité et son humanisme, il faut admettre qu’un pas a été franchi, un déclic déclenché, pour arriver à conduire une horde de tueurs qui volent, pillent, violent, enlèvent des hommes et massacres des paisibles populations. Ce déclic est certainement l’effet d’un lavage de cerveau, d’une radicalisation et d’un endoctrinement, mais il peut aussi avoir des racines sociales, en lien avec une volonté d’affirmation de leur appartenance à tel groupe ou à telle autre ethnie ou communauté.
Il urge donc pour les autorités militaires d’intégrer cette facette de la chose dans la lutte armée contre le terrorisme qu’elles mènent. Autant, les autorités nationales doivent en tenir compte dans les politiques publiques de déradicalisation et de prise en charge psycho-sociale. En même temps, des vastes opérations de sensibilisation doivent être engagées afin d’éviter que d’autres femmes ne rejoignent les rangs des combattants. La place de la femme n’est pas dans les rangs des terroristes !
La rédaction